Plaine des déchets : l’État met 800 000 euros, pas de nettoyage en vue pour l’instant

Le président de la communauté urbaine a annoncé leur déblocage par l’État, pour accompagner la création d’une structure d’aménagement de la plaine. Mais son nettoiement n’est pas pour demain.

Elle apparaît comme un premier engagement, mais semble pourtant encore bien insuffisante au regard de l’opération colossale à mener. Lors du conseil du 26 septembre, le président de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), Philippe Tautou (LR), a annoncé aux élus, avec une délibération posée sur table, l’octroi par l’État d’une somme de 800 000 euros. Elle est délivrée par l’intermédiaire du préfet de Région, afin d’accompagner la création d’un groupement d’intérêt public (GIP), annoncée avant l’été.

Le GIP aura pour mission l’aménagement de l’ex-plaine maraîchère de la boucle de Chanteloup, dont le nettoyage de la très médiatisée « mer de déchets ». Les décharges sauvages, constituées ces dernières années, nécessiteront pour leur nettoyage trois à quatre millions d’euros, selon les estimations les plus récentes. Chez les citoyens lanceurs d’alertes, présents dans la salle du conseil ce 26 septembre, la demande porte toujours sur un retrait rapide des déchets. Mais d’après GPSEO, celui-ci devra encore attendre qu’un projet global soit défini, et donc patienter plusieurs mois.

« L’idée, aujourd’hui, c’est de redonner vie à ce vaste territoire, c’est pour ça qu’en début d’année, on a cherché des solutions », rappelle au conseil communautaire le président de GPSEO des enjeux de cette plaine située à cheval sur Carrières-sous-Poissy, Chanteloup-les-Vignes et Triel-sur-Seine, devenue une décharge illégale à ciel ouvert. Les 8 et 9 juin derniers, un colloque avait présenté différentes pistes possibles, comme une centrale photovoltaïque, une filière agricole en circuit court, et surtout l’usage du miscanthus par l’industrie et le BTP.

La culture du miscanthus, ensuite utilisé par l’industrie et le BTP, est considérée comme une « solution un peu palliative d’un certain nombre de problèmes » par Philippe Tautou. Lors de ce colloque, la création du GIP avait également été annoncée. La structure rassemblera les collectivités mais également les services de l’État. « Cela préfigure un projet extrêmement important en matière agricole, il y a des opportunités très fortes », commente au soir du conseil la sénatrice aubergenvilloise Sophie Primas (LR).

Ces 800 000 euros ne seraient qu’un premier engagement financier de l’Etat. « Nous pourrons passer à un projet de plus grande nature et, naturellement, l’Etat pourra être amené à nous aider », détaille des étapes, plus lointaines, de ce réaménagement, Philippe Tautou. Les sommes avancées sont toutefois très importantes. Outre le nettoiement, le rachat des différentes parcelles par GPSEO a été estimé entre huit et 30 millions d’euros. L’investissement du projet en lui-même pourra coûter « entre dix et 50 millions », avait-il été expliqué lors du colloque de juin.

Dans le public de la salle gargenvilloise accueillant le conseil communautaire, les deux lanceurs d’alertes carriérois fondateurs du collectif citoyen Déchargeons la plaine, Alban ernard et Bruno Piva, espèrent que le déblocage de cette somme sera rapidement suivi d’actes concrets. Ils ne cachent pas leur impatience. « Il faut savoir où on va aller chercher le reste, et surtout quand est-ce qu’on va commencer ? », interroge Alban Bernard.

«  Les premiers coups de pioche ont été annoncés il y a quelques mois début septembre, rappelle-t-il des assurances données au colloque de juin dernier. On attend. » Il estime que cette somme sonne comme « une prise de conscience » de la part de l’État mais demande de premières actions pour « montrer quelque chose […] peut-être mettre des barrières, des clôtures de chantier ». Il témoigne en effet de l’impatience des habitants de Carrières-sous-Poissy, qui l’interpellent régulièrement maintenant qu’il est lui-même devenu une figure connue et respectée de cet épineux sujet.

Leurs espoirs risquent d’être refroidis, les délais désormais estimés se comptant plus en mois qu’en semaines. « Si on fait le nettoiement, on s’assure qu’on met quelque chose à la place, précise ce soir-là Jean-Luc Gris (SE), vice-président de GPSEO en charge de la gestion des déchets, des conditions nécessaires au début de l’opération de retrait des milliers de tonnes d’ordures présentes. Ca ne sert à rien de faire un nettoiement si on n’a rien qui vient juste derrière. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES