La capoeira, un art martial qui se danse

Difficile de trouver un sport plus atypique que la capoeira. Contrairement à ce que beaucoup de personnes peuvent penser, ce n’est pas une danse mais un art martial rythmé à l’histoire très forte.

« Avec la capoeira, il n’y a pas de juste milieu. C’est soit on adore, soit on n’y reste pas. » Valérie Barois n’y va pas par quatre chemins au moment de présenter sa passion. Selon elle, la capoeira est bien plus qu’un simple sport. Au-delà d’un art martial, la capoeira serait aussi et surtout un art de vivre, une culture voire une philosophie. « Et cela est dû à son histoire qui est très consistante et qui rappelle les valeurs qu’elle défend aujourd’hui encore », estime celle qui prodigue des cours de capoeira à Mantes-la-Jolie.

La capoeira tient ses origines du Brésil, au temps de l’esclavage. Les colonisateurs européens y privaient les esclaves, venus d’Afrique, de tout entraînement au combat qui aurait pu les aider à se rebeller et à s’échapper. Il leur a donc fallu trouver un subterfuge. Simulant une danse, avec leurs rites, leurs chants et leurs codes, les captifs s’entraînaient à la lutte, symbole d’espoir et de liberté.

« La danse permettait de camoufler leurs entraînements. C’était pour que les contremaîtres esclavagistes ne découvrent pas qu’ils étaient en train de s’entraîner à la lutte. Ils s’imaginaient que les esclaves se distrayaient », relate Sonho, nom capoeiriste de Valérie Barois. Ainsi est née la capoeira. Ceux qui parvenaient à s’échapper grâce à la capoeira, se réunissaient dans des quilombos, villages organisés dans les forêts, et résistaient aux troupes coloniales.

Après l’abolition de l’esclavage en 1888 et à la suite d’agressions et de pillages répétés de capoéristes, la capoeira a été interdite par le code pénal au Brésil. Elle n’a été réinstaurée qu’en 1937 par le président brésilien de l’époque grâce au travail de Maître Bimba, fondateur de la première école de capoeira à Salvador de Bahia, une année plus tôt.

Avec un tel passif, la capoeira entre bel et bien dans la catégorie des sports à part. Désormais cadrée et rythmée par la musique, la discipline enseigne des valeurs de tolérance, de respect, de travail collectif et de partage. En effet, la capoeira est un jeu de questions-réponses, de feintes et de contre-attaques, entre deux capoeiristes qui se trouvent au milieu de la roda (ronde en français, Ndlr).

Valérie Barois, et Julien sont au cœur de la ronde et suivent le rythme des autres capoeiristes. « On évite les coups dans ce sport, mais il reste un art martial donc ça peut arriver […] », explique-t-elle.

Tout autour d’eux, les autres joueurs donnent le rythme du combat en tapant des mains et en suivant les différentes sonorités instrumentales et notamment celles du berimbau, l’instrument roi de la capoeira (instrument brésilien à une seule corde originaire d’Afrique, Ndlr). « On évite les coups dans ce sport, mais il reste un art martial donc ça peut arriver, au même titre que les KO à la fin des combats. Ce n’est pas uniquement de la danse même si c’est très rythmé et que l’on suit la musique », confirme celle qui pratique la capoeira depuis 15 ans.

« J’ai découvert ce sport avec le film La loi du plus fort […]. Quand j’étais plus jeune, j’ai fait de la danse, du judo et de la gym. Avec la capoeira, je retrouvais les acrobaties de la gym, le rythme de la danse et la lutte du judo, ça m’a tout de suite plu », se souvient Valérie Barois. Depuis deux ans, elle n’est plus seulement une passionnée de capoeira, elle est également entraîneuse pour Senzala, groupe brésilien de capoeira reconnu qui s’étend du Brésil à beaucoup de pays d’Amérique et d’Europe, dont la France et Mantes-la-Jolie. Ce qui lui a valu le droit de porter son nom de capoeiriste, Sonho.

Et dans ses cours, Sonho réussit à rassembler des personnes de tout âge, débutants comme plus expérimentés. « Ça n’attire pas une catégorie de gens en particulier, mais vraiment tout le monde. Ici, c’est un sport très peu connu, mais au Brésil, c’est la deuxième activité après le foot », continue-t-elle. Ce jeudi 18 octobre, les cinq élèves présents au cours adultes, Ronan, Julien, Joab, Emilie et Amr, ont pu continuer à développer tous les bienfaits que peut apporter la capoeira sur le corps.

Endurance, résistance musculaire, souplesse, équilibre, rapidité de réaction et de déplacement, agilité et force explosive sont tout autant d’atouts physiques développés grâce à la capoeira. Ces différents éléments ont séduit Julien, 27 ans, qui a découvert la capoeira en septembre dernier. « Je cherchais à faire un sport de lutte, ou de combat, où il n’y aurait pas trop de coups. Avec la capoeira, j’ai tout ce que je recherchais, je débute mais j’ai envie de continuer », avance-t-il lors de l’entraînement.

En plus des apports physiques, la capoeira permet de révéler des traits de caractère comme la concentration, le contrôle de soi, la polyvalence, la créativité ou encore la confiance en soi. « Il faut rester attentif aux déplacements de son adversaire pour pouvoir y réagir et ensuite improviser des figures en fonction de lui, conclut Sonho, alias Valérie Barois, et puis réussir à faire tout ça en suivant un rythme extérieur imposé par la roda, c’est loin d’être simple et donc très valorisant. » Si vous souhaitez découvrir la capoeira à Mantes-la-Jolie, contactez le 06 26 83 13 45.

PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES