La Petite arche : les logements se vendent bien, les bureaux nettement moins

Contrairement aux logements qui se commercialisent avec succès, les bureaux peinent encore à trouver preneur, le secteur tertiaire restant quelque peu frileux.

Les différents bâtiments pointent désormais le bout de leur nez. En arrivant de Conflans-Sainte-Honorine, la friche déserte, située à l’entrée de la ville, laisse maintenant sa place à un chantier plein de vie. Impossible de ne pas voir les cinq étages sur 11 000 m² de la clinique, difficile également de ne pas remarquer les différents bâtiments qui sortent de terre et qui accueilleront bientôt quelques 250 logements. Le quartier de la Petite arche devrait apporter ce qui manquait de ce côté d’Achères : renouveau, animation et dynamisme.

C’est en tout cas le souhait affiché par les différents protagonistes. En premier lieu Marc Honoré, le maire DVD, qui voit en ce nouveau quartier une occasion de développer économiquement sa ville. « Mise à part la Petite arche, on n’a pas beaucoup de développement économique possible compte tenu de la zone en PPRI rouge (Plan de prévention du risque inondation, Ndlr) », a constaté l’édile lors d’une conférence de presse donnée en septembre.

Destiné à être exclusivement tertiaire, le quartier peinait à trouver des clients potentiels pour les 120 000 m² programmés de bureaux. Le projet s’est finalement tourné vers un aménagement d’activités plus variées, comme la santé avec le déménagement de la clinique de Chapet, ou de l’hôtellerie. Des logements sont également venus s’y ajouter, permettant de répondre « aux contraintes du Sdrif (Schéma directeur de la région Île-de-France, document d’urbanisme et d’aménagement de la région, Ndlr), qui prévoit de reconstruire la ville sur la ville », détaille Marc Honoré sur le site internet de sa commune.

Concernant les logements, tout s’est accéléré dans la dernière semaine de septembre. Les deux promoteurs immobiliers, Bouygues et Kaufman and Broad, ont tous deux posé officiellement les premières pierres de leurs projets respectifs (Horizon et le Domaine de l’arche, Ndlr). Officiellement seulement, puisqu’officieusement, les travaux avaient commencé depuis bien plus longtemps : 250 habitations du studio à la maison de ville, accompagnés de parkings souterrains. Ces biens immobiliers ne resteraient pas longtemps sur le marché.

« 75 % des appartements ont été vendus avant le démarrage des travaux, se souvient l’édile d’Achères, ce qui ne m’étonne pas puisque les promoteurs étaient déjà très nombreux à vouloir les parcelles mises en vente. » Christian Delapierre, le directeur général de Kaufman and Broad Île-de-France, suit ce raisonnement et confirme de son côté que la ville gagne en attractivité.

Côte tertiaire, force est de constater que les 60 000 m² restants, prévus pour la création de bureaux, ne trouvent pas encore preneurs.

« Achères est située à proximité de Paris et très bien desservie car il y a deux gares RER dans la commune avec liaison directe vers les facultés de Nanterre, observe le responsable, c’est une ville en pleine mutation et à des prix beaucoup plus abordables que Poissy ou Saint-Germain-en-Laye, voilà ce qui attire Kaufman and Broad ici. »

Ces possibilités attireraient différents publics, selon lui, et feraient de la commune, « un marché en devenir », même si en centre-ville, la pression des promoteurs, très forte ces dernières années, subirait un net ralentissement. « Il y a un peu de tensions sur les ventes vu le nombre de programmes dans le secteur, note en effet le maire de son centre-ville. Ils veulent se calmer un peu pour écouler les stocks, un promoteur nous a avoué que ça avait bien ralenti. »

Dans le futur quartier, les projets sont encore nombreux. La clinique de soin de suite est bien avancée, avec une livraison prévue pour la mi-2019. Un gymnase semi-enterré, dans un complexe sportif accompagné de logements sociaux, est également au programme. « Ce serait pour les personnes âgées, les étudiants et les autistes. Mais rien n’est abouti encore, on y travaille », souligne Marc Honoré. Le renforcement du parc urbain en lisière de forêt, un restaurant, une crèche et un hôtel font également l’objet d’études pour dynamiser la zone.

Pourtant, force est de constater que les 60 000 m² restants, toujours prévus pour la création de bureaux, ne trouvent pas encore preneur. « On a deux ou trois propositions, en ce moment, pour des bureaux, mais des projets, on en voit passer beaucoup et tant que ce n’est pas signé en bas à droite sur la feuille, rien n’est fait », remarque l’édile. Les nouveaux locaux du centre technique municipal s’installeront par ailleurs dans ce quartier proche de la gare.

Ces difficultés éveillent, aux yeux de tous, les limites que peut rencontrer Achères dans la quête de rayonnement de son secteur tertiaire. « L’investissement de bureaux a toujours été difficile pour la ville, conclut Marc Honoré. Le plus dur et le plus important était de commencer le développement de la Petite arche. Maintenant, tous les travaux et projets sont bien en route, ça va amener les investisseurs. »

La Petite arche aura‑t‑elle une subvention de la Région ?

La commune a déposé un dossier auprès de la Région afin d’obtenir des subventions. « La région ne subventionne plus systématiquement mais se base maintenant sur des projets. Dès le début de la mandature de Madame Pécresse, a été lancé celui des quartiers innovants, explique Suzanne Jaunet, adjointe à l’urbanisme. Pour être retenu il faut être extrêmement innovant, mais aussi être très pointu en matière d’environnement. »

Les résultats de ce « concours » ne sont pas encore connus. Une commission s’est réunie au mois de septembre dernier pour déterminer les deux quartiers retenus. « Ce n’est pas pour avoir une belle affiche de quartier innovant, c’est surtout pour avoir les subventions qui vont avec », tient à ajouter le maire Marc Honoré. Des subventions qui devraient s’élever à quatre millions d’euros : « Deux millions pour le gymnase et deux millions pour les espaces publics, ce n’est donc vraiment pas inintéressant d’être retenu. »

PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES