L’esprit sportif, c’est aussi aux parents de le partager

La campagne d’actions Esprit sportif partagé 78 réalisent chaque année des opérations pour réduire les incivilités sur tous les terrains. Cette saison, ce sont les parents des joueurs qui sont ciblés.

Un enfant renfermé et submergé par la pression de son père avant un match. Un autre souriant et heureux de rejoindre ses coéquipiers. Sur le terrain, les deux garçons se rencontrent mais ne vivent pas le match de la même façon. Dans les tribunes, les comportements des deux pères diffèrent également, l’un montrant des signes d’énervement, l’autre étant détendu et encourageant à l’égard de son fils. Voici, en quelques lignes, ce que propose ce clip-vidéo préventif devenu viral sur les réseaux, l’une des nombreuses initiatives d’Esprit sportif partagé 78 (ESP 78).

Depuis trois saisons désormais (la quatrième est en cours, Ndlr), la campagne d’actions ESP 78 lutte contre les incivilités sur et en dehors des terrains dans les Yvelines. Ce comité de pilotage réunit les quatre sports collectifs de ballon, à savoir le football, le basket-ball, le rugby et le handball. Cette vidéo, réalisée en partenariat avec l’école audiovisuelle 3iS basée à Elancourt, est l’une des actions menées pour la saison 2018-2019.

« Notre volonté est d’être pragmatique, donc de mener des actions de terrains et non pas de théorie. On s’adresse aux acteurs qui font leur sport : joueurs, dirigeants, arbitres et spectateurs », considèrent Philippe Pham (vice-président du comité de basket-ball) Brigitte Lesecq (membre du conseil d’administration du comité de handball, Ndlr), Guy Beaubiat (vice-président du district de football) et Patrice Deniel (chargé de mission auprès du président du comité de rugby), les quatre représentants présents au siège du district de football, situé à Montigny-le-Bretonneux.

C’est dans ce sens qu’une remise en question générale a eu lieu, suivie de différentes actions. Chaque saison, les membres d’ESP 78 décident d’une opération à mettre en place pour la saison suivante sur un thème bien précis. De cette façon, dans la saison 2015-2016, ils ont intégré des modules comportementaux identiques dans les formations des techniciens, arbitres et dirigeants. Ce qui a permis une harmonisation du langage dans les quatre sports concernés.

La saison 2016-2017 concernait surtout les jeunes joueurs et joueuses de clubs des Yvelines au travers de rencontres multi-sports. Les uns et les autres ont alors pu s’essayer à des sports de ballon différents du leur. La saison dernière, 2017-2018, ESP 78 s’est attaché à faire des groupes de travail sur les commissions de discipline. L’idée était que celles-ci tendent plus vers des sanctions positives plutôt que sur de lourdes peines.

« Ce sont des actions pérennes et récurrentes avec un même discours sur la durée. Au fur et à mesure que les générations vont grandir, ce discours sera entendu, assimilé et donné par tous », ajoute le pilote d’ESP 78, Philippe Pham. Et cette saison, le groupe d’action a décidé de s’axer sur les incivilités qui peuvent avoir lieu en dehors des terrains. Les parents sont les premiers concernés.

Ils sont partis d’un constat qui est facilement vérifiable en se rendant sur le bord des pelouses ou des gymnases. Certains parents auraient la fâcheuse tendance à prendre des rôles qui ne leur sont pas réservés comme celui de l’entraîneur ou de l’arbitre. Un fait qui nuirait au bon déroulement des rencontres de jeunes.

Selon Sylvy Hauff, chargée de communication pour le comité de basket-ball « le terrain de sport est devenu un exutoire, une zone de défoulement où les parents mettent un poing d’honneur à propulser leur enfant. S’ils sont présents, c’est qu’ils ne sont pas indifférents et c’est très bien, mais pas toujours avec la bonne attitude. » Selon les représentants d’ESP 78, des altercations physiques entre parents ont déjà eu lieu sur des rencontres de jeunes. Seulement, aucune intervention n’est possible puisque bien souvent, ils ne sont que spectateurs et pas licenciés.

« Il faut faire prendre conscience aux parents que ce comportement n’est pas bon, qu’il peut avoir des répercussions pour leur enfant sur le terrain mais aussi chez eux. Avec quels yeux voient-ils leur parent quand il vocifère après lui ou l’arbitre depuis les tribunes ? », se questionnent-ils. « Bien sûr, il faut relativiser. Il s’agit d’une minorité, sauf que cette minorité agissante prend le dessus sur la majorité qui, elle, reste à sa place. »

Le clip-vidéo avait atteint les 50 000 vues au bout de 15 jours sur Facebook. Il vise à faire comprendre aux parents que leur comportement peut nuire au bon déroulement des matchs.

C’est pour tenter de remédier à tout cela que des éléments de prévention seront distribués aux plus de 250 clubs des quatre sports dans les Yvelines. Ainsi, 1 250 kakemonos (support d’affichage, Ndlr), rappelant les 11 règles d’or du spectateur et des parents-supporters, ont été créés aux frais de la campagne d’actions. Le but sera de les disposer à l’entrée de chaque terrain de n’importe quel sport. Les clubs auront aussi à disposition des flyers, rappelant les valeurs de l’esprit sportif, et des auto-questionnaires à distribuer aux parents. La vidéo de prévention va dans ce sens.

Diffusé pour la première fois le 1er octobre sur Facebook, le clip-vidéo avait atteint les 50 000 vues au bout de 15 jours et a été relayé plusieurs centaines de fois dans toute la France. Il vient rappeler l’importance de laisser son enfant s’épanouir dans un sport lorsque l’on est parent. « On n’est pas Candide, et on ne vit pas dans le monde des Bisounours. On sait très bien que ça n’éradiquera pas totalement les incivilités dans nos sports, concluent gaiement les différents protagonistes, mais si ça en fait réfléchir quelques-uns, alors on aura visé juste. »

Esprit sportif partagé 78, qu’est-ce que c’est ?

ESP 78 est une action commune menée par les comités départementaux des Yvelines de basket-ball, de rugby, de handball et par le district de football. Ensemble, ils veillent à prévenir, voire réduire, les incivilités dans leur sport respectif. Initialement, les dirigeants de ces quatre institutions de sports collectifs ne se connaissaient pas. Comme dans tous les départements de France, chaque activité a sa problématique propre et ne se mêle pas de celle des autres. Pourtant, ils vivent des situations semblables et s’en sont aperçus lors d’une réunion de coordination du CNDS (Centre national pour le développement du sport, Ndlr). Les quatre comités ont donc décidé d’œuvrer ensemble sur le sujet des incivilités.

PHOTO : CAPTURE D’ECRAN CLIP-VIDEO