Inna Modja fait partie de ces chanteuses activistes qui se battent pour les droits des femmes. Entre sa musique oscillant entre variété française, rap, sonorités maliennes et ses combats féministes contre l’excision, ce sont deux vies qui, comme beaucoup d’artistes avant elle, ont pris du temps à se concilier. La chanteuse d’origine malienne s’inscrit en effet dans une longue lignée de femmes africaines qui entendent bien utiliser leur voix pour faire bouger leur continent.
Avant elle, des artistes comme Angélique Kidjo qui chante contre la polygamie et les mariages forcés, ou Oumou Sangaré ancienne ambassadrice à la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) avaient déjà tracé le sillon du chant féminin engagé de l’Afrique. Comme elles, Inna Modja partage désormais son temps entre son art et sa lutte pour la femme. Un équilibre qu’elle a d’ailleurs eu du mal à trouver. « Au début j’ai essayé de séparer les deux, parce que je ne suis pas activiste juste en donnant de mon image, je vais sur le terrain, je me retrousse les manches », explique-t-elle au micro de Vanessa Meflah.
Son premier combat, c’est à la lutte contre l’excision qu’elle l’a dédié. « J’avais 19 ans quand j’ai décidé de me lancer dans l’activisme pour le droit des femmes et des jeunes filles. Je venais de réaliser que j’avais été excisée pendant mon enfance. J’ai eu envie de faire quelque chose pour aider les femmes qui avaient vécu la même chose », raconte la jeune artiste. C’est à l’âge de quatre ans, contre l’avis de ses parents, que l’artiste franco-malienne a fait face à la mutilation génitale féminine.
Le combat que mène Inna Modja est particulièrement actuel, puisqu’aujourd’hui encore, cette pratique consistant en une ablation partielle ou totale du clitoris, touche près de 200 millions de femmes à travers le monde (Source OMS, Unicef, 2017). Inna Modja est d’ailleurs déjà allée porter son combat jusqu’aux plus hautes instances, en devenant ambassadrice des femmes mutilées auprès de l’Organisation des nations unies.
CREDIT PHOTO : Vanessa Meflah ©