Impôts : mécontents de la hausse, ils obtiennent une réunion

Certains des 130 foyers de ce petit village n’ont pas apprécié la hausse de 56 % de la part communale des taux des taxes d’habitation et foncière, justifiée selon le maire par des investissements à venir.

La colère fiscale gronde dans ce petit village vexinois de moins de 400 habitants. Dans une récente pétition adressée à l’ensemble du conseil municipal, 91 signataires, sur les 130 foyers que compte la commune, dénoncent l’augmentation de 56 % des taux communaux des taxes d’habitation et foncière, ceux-ci passant respectivement, dans les avis d’imposition reçus cette année, de 7,94 % à 12,29 %, et de 11,61 % à 17,97 %.

La pétition demandait également la tenue d’une réunion publique afin que le maire, Michel Hanon, puisse s’expliquer plus longuement sur cette augmentation : elle a été promise à la quinzaine d’habitants venue protester lors du dernier conseil municipal, lundi 5 novembre. Les arguments avancés, travaux pour l’école et baisse de la dotation de fonctionnement,  ne convainquent pas ces Montaleboisiens.
« Depuis 2014, c’est la première fois que je vois autant de monde », détaille avant le début du conseil Philippe Pernette, premier adjoint et président de séance, le maire étant hospitalisé. Il juge que la tenue de cette réunion « est justifiée et nécessaire », pointant « un manque de communication ». La réunion d’information aura donc bien lieu, « mais pas avant fin novembre ou début décembre », détaille le premier adjoint, en raison de l’état de santé du maire.

« Pourquoi attendre ? », demande Jean-Luc Bezeau, conseiller municipal. A la fin de la séance, il conclut : « Je ne sais pas où passe l’argent, mais ça a fait mal. […] Je paie plus cher qu’à Meulan et il n’y a rien. » Car cette hausse a évidemment aussi touché les élus. « On savait qu’il y allait avoir une augmentation mais pas aussi conséquente », souligne Dominique Van Lokhorst. Et quand le premier adjoint lui précise « qu’elle avait les chiffres », elle répond : « De là à voir l’impact sur chaque foyer … »

Dans le public, on fulmine. « Qu’est-ce qui justifie 800 euros de plus ? », questionne une mère de famille. Un autre prend à partie les conseillers municipaux : « Ce qui me perturbe, c’est que vous êtes conseillers municipaux, que vous avez voté cette hausse des taxes. Si vous n’étiez pas d’accord, un peu gênés, pourquoi n’avez-vous pas voté contre, vous être abstenus ou avoir démissionné ? »

Les arguments avancés par le maire dans une lettre envoyée en octobre ne convainquent pas. « Il faut que vous compreniez que la position des habitants tient aussi au fait que suite à l’augmentation de 56 % des taxes, on a demandé, chacun, des explications à la commune, et il nous a été répondu par une lettre que cette augmentation était due principalement aux travaux de l’école, avance une Montaleboisienne. En analysant, on se rend compte que pas du tout. On doit être à un record dans les Yvelines. »

Les habitants s’interrogent notamment sur l’achat d’un bâtiment face à l’école et la création d’une salle de motricité dans cette dernière, ainsi que l’installation d’un ascenseur dans la salle des fêtes. « Pourquoi on fait 536 000 [euros] de travaux et c’est ça le point principal, on veut savoir pourquoi il n’y a pas eu de concertation sur ces travaux », poursuit la riveraine.

Un autre renchérit : « Pour nos anciens, plutôt qu’un ascenseur, je préfère payer pour leur louer un minibus et les emmener au restaurant, ça leur fait une sortie. » L’ascenseur est toutefois un investissement jugé nécessaire dans le cadre de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. « Est-ce que la salle nous rapporte autant que 30 000 euros (le coût de l’ascenseur, Ndlr) , demande cet habitant. Est-ce qu’on ne peut pas se passer d’une salle des Fêtes pendant deux trois ans le temps de rétablir les comptes ? »

Pour le premier adjoint, la question est « de savoir si tout ce qui est prévu est indispensable dans l’immédiat ». Le problème « se trouve dans la section de fonctionnement du budget », rappelle-t-il : « Or, le contrat rural est en section d’investissement. » A l’issue du conseil, l’un des pétitionnaires, Nicolas Bel, était plutôt satisfait : « Sur le fond, on a réussi, il y a eu une vraie prise de conscience. Maintenant, il faudra de solides arguments à la réunion publique pour justifier la hausse. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES