RER E : les travaux en gare font grincer des dents

Une réunion publique a permis aux responsables du projet Eole de faire un point sur l’avancement des différents chantiers, notamment en gare de Mantes-la-Jolie. Les usagers ont pu exprimer leurs inquiétudes.

Les chantiers du projet Eole, extension du RER E, divise autant qu’il en agace certains. En tout cas, il a fait grincer des dents parmi les 70 à 80 personnes venues assister à la réunion publique sur le sujet, mardi 13 novembre à l’Agora mantaise. « Dans une volonté de dialogue », la direction du projet avait convié ce soir-là les habitants de la ville.

Objet des discussions : le prolongement du RER E vers l’Ouest francilien, depuis la gare Saint-Lazare, où s’arrête actuellement le réseau en provenance de Tournan-en-Brie et Chelles (Seine-et-Marne), jusqu’à Mantes-la-Jolie, en passant par le quartier d’affaires de La Défense (Hauts-de-Seine), et cela à l’horizon 2024.

« Comme on s’y était engagé, on est venu faire un point complet avec vous sur l’avancement des travaux, annonce en préambule, Xavier Gruz, directeur du projet Eole. Cela nous paraît essentiel de venir vous rendre compte sur ce que l’on fait, de pouvoir vous écouter. » Un tronçon de 55 kilomètres de voie ferrée supplémentaire, dont 8 km en tunnel et 47 km en plein air, doit voir le jour pour un coût de 3,8 milliards d’euros.

La SNCF et les pouvoirs publics visent notamment la désaturation des RER A, B et D, un meilleur maillage du réseau francilien, et une réduction des temps de parcours de et vers la Défense. Ainsi, depuis Mantes-la-Jolie, il ne faudra plus qu’une quarantaine de minutes pour rejoindre le quartier d’affaires contre 52 minutes actuellement.

« Eole, à Mantes, ça va être une révolution dans les transports, avec une bien meilleure desserte de l’Ouest francilien, bien plus de trains qu’aujourd’hui avec la ligne J5 », affirme Xavier Gruz. En 2024, le futur RER E est amené à remplacer la ligne J existante avec « une cadence régulière de un train tous les quarts d’heure entre Mantes-la-Jolie et Paris aux heures creuses, et six trains par heure en heure de pointe, ce qui va créer un effet métro ».

Pour ce qui est des travaux débutés à la gare de Mantes-la-Jolie, le calendrier des différents chantiers s’étend jusqu’en 2021. Ils concernent le nouveau bâtiment voyageurs côté Mantes-la-Ville qui doit être livré d’ici la fin de l’année, le bâtiment voyageur existant côté Mantes-la-Jolie qui sera entièrement réaménagé et agrandi, enfin les bâtiments d’exploitation situés au cœur de la gare et dont les travaux commenceront l’année prochaine pour s’achever en 2021.

« La gare de Mantes-la-Jolie va être entièrement rénovée et dès 2019, les voyageurs pourront bénéficier des premiers effets Eole : vous aurez une gare avec de nouveaux services au plus proche de vos besoins », laisse entendre Sarah Abitbol, directrice d’opérations chez SNCF mobilités.

Toujours est-il que l’aménagement actuel de la gare, où les nuisances s’accumulent, pose question pour des usagers aujourd’hui de plus en plus exaspérés : « C’est une catastrophe », fulmine une femme présente dans la salle. Trous dans les trottoirs, arrêts de bus au milieu des flaques d’eau, fils électriques à enjamber, quai B exposé aux éléments ou panneaux d’affichage déficients : les griefs sont nombreux.

« On comprend vos difficultés. Mais il y a parfois des choses impossibles à éviter et qui sont intrinsèques à la réalisation de travaux sous exploitation, se défend Xavier Gruz, qui fait néanmoins amende honorable. Il y a peut-être des points qu’il faut qu’on travaille à nouveau, il peut être intéressant qu’on fasse une visite sur place pour tenir compte de vos remarques. Il faut notamment qu’on s’interroge sur le maintien d’un bâtiment voyageur provisoire pour que les usagers puissent se mettre à l’abri sur le quai B. »

A une question sur la future organisation du trafic ferroviaire, notamment l’entrée des voyageurs en gare de Mantes-la-Jolie, il apporte l’explication suivante. « Nous allons créer une passerelle pour améliorer la fluidité de circulation des voyageurs, vous prendrez les RER sur les trois voies situées au centre du réseau ferré, détaille-t-il. A terme, tous les trains qui viennent de Normandie, notamment de Rouen, à destination de Paris, s’arrêteront côté Mantes-la-Jolie, sur les quais A et B actuels, ensuite, vous aurez deux nouvelles voies qui seront empruntées par les trains qui iront vers la Normandie, surtout le soir. »

Un participant à la réunion, qui « encourage » la SNCF « à tenir ses engagements et les délais annoncés », interpelle les élus sur la création de places de parking autour de la gare. « Nous avons des réunions en permanence pour penser à l’ensemble des mobilités », répond Pierre-Yves Dumoulin (LR), vice-président délégué aux déplacements à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO).

« On estime à un peu plus de 30 % l’augmentation des usagers qui vont prendre le RER E à Mantes-la-Jolie du fait que la gare se situe en terminus, poursuit celui qui est aussi maire de Rosny-sur-Seine. On a un certain nombre de projets en tête : on imagine notamment des parkings-relais en entrée de ville. »

« Même si j’ai connu Xavier Gruz avec de belles boucles blondes et qu’il s’est beaucoup arraché les cheveux pour tenir les coûts, il n’y a pas de dérapage prévisionnel à attendre aujourd’hui et d’argent à rajouter », assure du budget le président du conseil départemental Pierre Bédier (LR) de l’extension du RER E, discutée depuis le début des années 90 et déclarée d’utilité publique en 2013. « Aujourd’hui, le train Eole est bien parti et ne s’arrêtera pas en chemin », conclut Xavier Gruz.

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES