La Source : un nouveau centre commercial pour faire table rase du passé

Son ouverture est prévue au printemps 2020, face à l’ancien centre commercial incendié. Le devenir de celui-ci est encore inconnu.

Dans la matinée du vendredi 26 novembre, le bruit des engins de chantier résonne à l’approche de l’ancien centre commercial la Source. Les travaux de démolition de la partie incendiée en 2016 ont commencé début novembre. En parallèle,amairie,acommunauté urbaine et Département ont signé le 15 novembre dernier une convention avec l’Etablissement public national d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (Epareca), pour reconstruire un espace commercial sur le parking situé à quelques mètres de l’ancien.

Avec ce nouvel espace, dont la gestion ne sera confiée qu’à un seul opérateur, la municipalité espère ne pas reproduire les erreurs ayant conduit à la situation du centre incendié. La démolition de la partie considérée viable par les experts, où se situent la pharmacie et la boulangerie (voir encadré), ne sera pas démolie lors de ces travaux, les copropriétaires devant prochainement décider de son avenir. Sur 850 m2, quatre commerces seront implantés : une pharmacie, une supérette, un bar-tabac et une boulangerie.

« Si tout se passe bien, nous déposerons le permis de construire d’ici début décembre, les travaux devraient commencer entre les mois de mai et juin prochains, détaille Djamel Nedjar (DVG), adjoint en charge de l’aménagement et de l’urbanisme. Il est prévu d’ouvrir logiquement au printemps 2020. » Plutôt que de parler de centre commercial, l’adjoint préfère évoquer des locaux commerciaux : « Nous allons proposer des commerces de base et essentiels aux services de proximité, nous nous concentrons sur une offre restreinte. »

La structure même de cet espace serait aussi une manière de ne pas reproduire les défauts relevés sur le fonctionnement de l’ancien centre. « Il y avait des recoins, il était ouvert aux quatre vents, ce qui a entraîné des situations de squat, rappelle Djamel Nedjar de la configuration de l’ancien centre incendié. Ici, les commerces seront tournés vers l’extérieur, il n’y aura pas d’espaces intérieurs comme dans l’ancien centre commercial. »

La multiplicité des interlocuteurs, entre propriétaires, commerçants, syndic et assurances, constitue également un mauvais souvenir pour la municipalité. « Il n’y aura qu’un seul opérateur, ce sera l’Epareca dans un premier temps, précise l’adjoint à l’aménagement et à l’urbanisme. Il le revendra après un temps de lancement, on sera regardant là-dessus. »

Concernant les commerces, l’élu indique « avoir pris contact » avec Mourad Gallou, le pharmacien actuel du centre commercial qui assiste désormais quotidiennement à la démolition de la friche. « Je suis allé les voir au début pour leur dire que j’étais ouvert, détaille des travaux celui qui est installé depuis le 1er juin 2015. Ils ont renforcé la dalle, font attention de ne pas venir avec les gros engins dessus. Cela se passe bien. »

Le pharmacien se considère désormais, en souriant, comme le « village gaulois » de l’ancien centre commercial. « Je résiste, je compte tenir et persévérer jusqu’à l’ouverture du nouveau centre, poursuit-il de sa vision. J’ai des clients et des patients compréhensifs. » Sans s’étendre davantage, il considère que ce projet « est une bonne nouvelle pour le quartier ».

Les travaux, d’un coût de 200 000 euros à la charge des copropriétaires, devraient être terminés pour la fin janvier, « s’il n’y a pas d’aléas », indique Stéphane Pecqueur, directeur général de Foncia Boucles de Seine, syndic gérant les espaces communs du centre commercial actuel et pilote des travaux. La dalle de la partie sinistrée sera ainsi mise à nu. Reste désormais à régler l’avenir de la partie non-sinistrée, dont la démolition n’est pas encore actée.

« Il y a encore des recours d’assurances, ce sont des dossiers très complexes », détaille Djamel Nedjar de la situation. Il justifie, du choix de reconstruire un nouveau centre : « On ne pouvait pas attendre, c’est pour cela qu’on a développé notre offre commerciale qui viendra se substituer à l’offre précédente. » Le syndic Foncia précise que la décision « appartient seule aux copropriétaires ». Une assemblée générale extraordinaire aura lieu d’ici aux premiers mois de 2019 pour que ces derniers décident de son destin.

S’il est encore difficile de se projeter, l’élu insiste : « La friche ne doit pas rester telle quelle, elle devra être valorisée. » Selon lui, les possibilités restent cependant limitées. « On ne va pas faire un immeuble pour du tertiaire, il n’y a pas de demande, fait-il remarquer. La seule possibilité reste de faire du logement, il y a assez peu de chances qu’on voie autre chose, mais l’opération devra être harmonieuse pour le quartier et de qualité. » Il conclut : « C’est un site qui a longtemps été stigmatisé, ce n’est peut-être pas plus mal de repartir avec du renouveau. »

Pour la boulangerie, une situation toujours compliquée

L’incendie du 12 septembre 2016 est arrivé au pire moment pour les boulangers, installés depuis 12 ans au centre commercial la Source. « Nous étions en plan de continuation, la boulangerie aurait dû être vendue, détaille Cindy, leur fille, le 10 octobre dernier. Avec l’incendie, la vente a été annulée. »

Depuis le sinistre, le local est régulièrement squatté et vandalisé « On a retrouvé des bouteilles de white spirit à l’intérieur en mai 2017 », fulmine-t-elle. Il a été considéré que le commerce pouvait rouvrir, car ne se trouvant pas sur la partie sinistrée, mais les conditions auraient été plus que compliquées. « On ne pouvait plus se faire livrer, à cause des barrières placées autour, détaille Cindy. Si on avait rouvert, on n’aurait pas eu accès aux compteurs. »

Les boulangers sont toujours en attente d’indemnisation. Une procédure de liquidation judiciaire a été entamée, afin de cesser de payer les charges patronales et salariales toujours exigées par l’Urssaf malgré l’absence de toute activité. « Les comptes sont bloqués, mes parents ont eu recours à des bons alimentaires, s’indigne leur fille de la situation. On attend de mourir à petit feu, on vit depuis deux ans dans un cauchemar. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES