Lancement du tunnelier : Eole toujours dans les délais

Le plus grand tunnelier d’Île-de-France a été baptisé mercredi dernier. Pour l’instant, le projet Eole est dans les délais, et donc censé être mis en service jusqu’à Mantes‑la‑Jolie en 2024.

Ce matin du mercredi 28 novembre à Courbevoie (Hauts-de-Seine), dans la tente dressée au sein même du chantier de préparation, personne ne mégote sa satisfaction en ce jour de baptême du tunnelier devant creuser de Courbevoie à la gare Saint-Lazare… y compris le président du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier (LR), cependant inquiet de l’éventuelle annulation de la portion yvelinoise de la future ligne 18 du métro.

A ce stade, le chantier de l’extension du RER E à l’Ouest, ou projet Eole, est toujours dans les délais depuis son lancement. Le RER est donc censé être mis en service à Nanterre (Hauts-de-Seine) en 2022, puis jusqu’à Mantes-la-Jolie en 2024. Il sera alors possible de gagner directement la vallée de Seine yvelinoise depuis et vers la Défense, tandis que la section parisienne viendra doubler un RER A complètement saturé.

Eole représente un investissement de 3,8 milliards d’euros partagé entre l’Etat et les collectivités locales franciliennes, conseil régional en tête, suivi des conseils départementaux des Hauts-de-Seine, des Yvelines, ainsi que de la mairie de Paris. A sa mise en service, la ligne E devrait transporter 650 000 voyageurs par jour (contre 400 000 aujourd’hui, Ndlr), et faire circuler 22 trains par heure à 120 km/h dans chaque sens au niveau de sa portion centrale.

Mais avant de lancer le tunnelier à l’assaut des sous-sols franciliens pour un trajet de 6 km de Courbevoie jusqu’à la future station de la porte Maillot, puis jusqu’à la gare Saint-Lazare, il fallait le baptiser, en l’occurrence en présence de la ministre des transports, Elisabeth Borne. L’engin de 1 800 tonnes pour 11,5 m de diamètre et 90 m de long est arrivé en pièces détachées, il est monté depuis août dernier.

Désormais en cours d’implantation à plus de 30 m sous terre, il commencera à creuser vers Paris d’ici quelques semaines. Il progressera alors d’environ 10 m par jour, jusqu’à 15 m si les conditions sont favorables. La gigantesque machine s’appelle maintenant Virginie, du prénom de l’assistante de Xavier Gruz, le directeur du projet Eole.

L’extension du RER E à l’Ouest est toujours dans les délais depuis son lancement. Le RER est donc censé être mis en service à Nanterre en 2022, puis jusqu’à Mantes-la-Jolie (Yvelines) en 2024.

Côté Yvelines, le président du conseil départemental Pierre Bédier (LR), dont la collectivité investit 250 millions d’euros, n’a pas caché ses espoirs. « Eole justifie cette importante contribution pour faire que les Yvelines duales ne soient plus duales », souhaite l’élu. « Une grande partie des Yvelines ne connaît pas de grands problèmes, mais il y a aussi les Yvelines qui connaissent des problèmes importants », lance-t-il.

Lui compte sur le RER E pour revitaliser « la vallée de Seine en situation post-industrielle », et que ses habitants « rejoignent cette qualité de vie du reste des Yvelines ». Car, explique-t-il à l’assistance très parisienne du jour : « Le val de Seine, c’est en quelque sorte, si je devais résumer, une Seine-Saint-Denis à 50 km de Paris, je vous laisse imaginer les problèmes sociaux… »

« Eole ne fait pas tout » poursuit-il face à la ministre, évoquant le report de la portion yvelinoise de la ligne 18 de plusieurs années, alors qu’elle était souhaitée pour 2024 par les élus du département. « Eole doit se connecter à la ligne 18, sinon, ça ne ferait pas de sens […], s’il n’y a pas des interconnexions, peut-être que nos successeurs auront à considérer que cet investissement aura été insuffisant », lance-t-il, peu perturbé alors que l’assistance bruisse de l’interpellation d’Elisabeth Borne.

« C’était une infrastructure absolument cruciale, il fallait la lancer dès mon arrivée, avant même d’avoir la certitude que ça se ferait dans de bonnes conditions, car je savais que c’était vital pour désaturer le RER », a rappelé pour sa part Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional, dont le financement initial prévu à 800 millions d’euros s’élève finalement à 1,3 milliard d’euros. L’élue avertit par ailleurs que « la période des travaux va être très difficile » pour les usagers des transports en commun.

PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES