Le maire dépose quand même le permis de son projet refusé

Son espace commercial, souhaité le long de RD191, a été rejeté par la communauté urbaine. Le maire a déposé un permis de construire et compte sur une approbation de l’État.

Lors du conseil communautaire du 11 décembre dernier (voir page 2), le maire d’Aulnay-sur-Mauldre n’a pu qu’esquisser ses critiques et conséquences du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) pour sa propre commune : en particulier la création de commerces voulue le long de la RD191, zone classée en espace naturel par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO). Malgré le refus de GPSEO, l’élu n’abdique pas, a déposé un permis de construire et compte bien sur l’État pour déjuger l’intercommunalité.

« Le dossier est au ministère (de la cohésion des territoires, Ndlr) », détaille Jean-Christophe Charbit (SE) d’une réponse reçue par le Premier ministre le 29 octobre. Il confirme également avoir déposé un permis de construire, malgré les réticences de la communauté urbaine. Il en a le droit, car la parcelle considérée est placée urbanistiquement parlant sous la responsabilité de l’État. « Notre commune est régie par le Règlement national d’urbanisme (RNU), explique-t-il. L’Etat peut donc délivrer un avis conforme qui permettrait d’envisager la réalisation de ce projet. »

Manifestement combatif, l’édile n’en reste pas moins furieux, lui qui a espéré jusqu’au bout que GPSEO valide son projet au sein du futur PLUI. Alors, au conseil communautaire, il a orienté son discours, rapidement interrompu, sur la perte de pouvoir des maires en termes de décisions face à la structure intercommunale, sujet sensible depuis sa création en 2016. S’il n’y a pas eu de réponses directes de la part de l’exécutif de GPSEO, quelques allusions laissent transparaître la volonté de la communauté urbaine de ne pas céder quant au refus de cet espace commercial.

Il a déposé un permis de construire malgré les réticences de la communauté urbaine. Il en a le droit, car la parcelle considérée est placée urbanistiquement parlant sous la responsabilité de l’État.

« Je sais que quelques maires sont un peu frustrés car on leur a refusé de laisser se développer sur des zones naturelles ou agricoles un commerce de flux, lance Suzanne Jaunet (LR), vice-présidente en charge de l’urbanisme de GPSEO, lorsqu’est évoquée la volonté de « protéger les entrées et les sorties de ville ». Difficile de ne pas y voir une référence à Aulnay-sur-Mauldre. La zone que convoitait son maire pour l’implantation d’une boulangerie et d’une halle destinée aux producteurs locaux a été classée en zone naturelle dans le futur PLUI voté au conseil, rendant de fait sa réalisation impossible.

Mardi 11 décembre, l’édile a interpellé l’assemblée communautaire lors du débat entourant le vote : « La commune doit rester le socle de notre démocratie républicaine. Elle représente le lien de proximité indispensable à l’équilibre territorial. » Puis, s’adressant directement à Philippe Tautou (LR), le président de la communauté urbaine : « L’organisme de coopération que vous dirigez, Monsieur le président, impose sans concertation, sans discussions réelles des décisions. Vous ne faites rien d’illégal, bien sûr, mais l’esprit de la loi n’est pas respecté. »

La réplique de Philippe Tautou fuse : « Est-ce que vous pouvez conclure ? » L’édile aulnaysien n’en démord pas. Nouvelle intervention de Philippe Tautou : « Monsieur le maire, j’ai demandé à ce que chacun ait un temps de parole raisonnable … » Une partie de l’assemblée presse alors Jean-Christophe Charbit de s’interrompre. « Je pense qu’un maire concerné a le droit de pouvoir représenter sa population, c’est légitime, je trouve cela dommage », conclut-il avant de dénoncer « mépris et humiliation ».

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES