Cahiers de doléances : le courriel domine chez les urbains

Dans les villes ayant ouvert des cahiers de doléances, comme Poissy ou Conflans‑Sainte-Honorine, les habitants ont privilégié les contributions sur internet pour déposer leurs revendications.

Comme le révélait La Gazette dans sa précédente édition, les cahiers de doléances mis à disposition des habitants en vallée de Seine pour recueillir leurs revendications, suite au mouvement des gilets jaunes, n’ont pas forcément suscité un grand enthousiasme en mairie. Au sein des centres urbains, la plupart des doléances ont en effet été recueillies par le biais des outils de communication dématérialisés : courriels et réseaux sociaux. Celles-ci portent principalement sur la fiscalité, le fonctionnement de la démocratie, et les retraites.

Ainsi, à Conflans-Sainte-Honorine, « 104 revendications ont été collectées dont 95 % via le formulaire disponible en ligne », informe le maire de la commune Laurent Brosse (DVD), lors d’un point presse vendredi 11 janvier. Dans les registres ouverts depuis le 11 décembre à l’hôtel de ville, à l’espace Romagné et sur le site internet de la commune, « quatre thèmes reviennent avec insistance », fait savoir le premier magistrat de la commune.

« Il s’agit tout d’abord de la fiscalité avec le rétablissement de l’ISF », poursuit l’édile d’un point pourtant catégoriquement écarté par Emmanuel Macron au sein de sa « lettre aux Français », diffusée dimanche soir dans le cadre du « grand débat national ». La question des retraites est aussi largement abordée par les contributeurs conflanais, tout comme celle du train de vie de l’Etat.

Le volet « démocratie » est également très présent dans les registres dématérialisés. Plusieurs témoignages appellent ainsi « à la mise en place du Référendum d’initiative citoyenne (RIC) et à la prise en compte du vote blanc », explique Laurent Brosse. Les registres seront remis prochainement à l’Elysée.

Pour sa part, l’association Génération terrain, qui rassemble 200 élus avec à sa tête le maire de Poissy Karl Olive (LR) et celui de Saint-Germain-en-Laye Arnaud Péricard (DVD), a déjà transmis les doléances de ses administrés au président Emmanuel Macron lors d’une rencontre le lundi 7 janvier, à l’Elysée. Leur démarche a été rendue publique lors d’une conférence de presse le lendemain matin à l’hôtel de ville pisciacais (à laquelle ne participait pas le maire conflanais, pourtant membre de l’association d’élus, Ndlr).

Cette rencontre fait suite à un entretien des élus de Génération terrain avec le chef de l’Etat le 7 décembre dernier : au total, 2 000 contributions ont été recueillies par le biais des cahiers, de la mise en place d’adresses de courriel dédiées, comme par l’analyse des commentaires publiés sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook. Les communes yvelinoises de Poissy, Saint-Germain-en-Laye, Plaisir, Maule, Morainvilliers, Carrières-sous-Poissy, Crespières ou encore Aigremont faisaient partie des villes participantes.

Les doléances ont ensuite été analysées et classées sous forme d’items. Les préoccupations des habitants de ces communes sont très proches de celles évoquées par le maire conflanais Laurent Brosse. La question de l’expression démocratique revient ainsi dans 31 % des commentaires, celle de la réduction des dépenses publiques dans 21 %, alors que 13 % des contributions concernent les retraites.

Les 2 000 contributions sont depuis quelques jours sur le bureau du président de la République. A la veille du « grand débat national », les élus de Génération terrain jugent que « celui-ci est nécessaire, utile et indispensable », insiste le maire de Poissy Karl Olive : « Nous avons décidé de jouer le jeu pour que la France gagne. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES