Mantois : rive droite, la supérette inquiète les deux autres commerces

L’ouverture d’une supérette à Follainville-Dennemont bouleverse le marché des petits commerces de proximité de la rive droite, qui compte désormais trois magasins alimentaires.

Mardi 8 janvier, le gérant de la supérette Rapid’market, à Guernes, fait grise mine. « J’observe une baisse de chiffre d’affaire de l’ordre de 20 à 30 % », admet le responsable de l’enseigne alimentaire, située à deux pas de la mairie. En deux ans, le magasin guernois a vu arriver deux nouveaux concurrents. L’épicerie d’Eliane s’est implantée sur la commune de Saint-Martin-la-Garenne en juin 2017. Et puis, en novembre dernier, un magasin Cocci market a pris ses quartiers à Follainville-Dennemont.

Depuis l’arrivée de cette supérette, les commerces alimentaires de proximité de la rive droite se livrent une bataille féroce dans le Mantois. Sur le marché des petites boutiques, ces trois enseignes se partagent désormais la clientèle sur un rayon de 10 km, sans compter la concurrence traditionnelle des grandes surfaces… Y a t-il la place pour trois magasins sur la rive droite ?

A Guernes, la dégradation de la santé financière de Rapid’market inquiète la municipalité. Elle voit en effet d’un mauvais œil la perte possible de ce commerce de proximité indispensable à la population du village, notamment des personnes à faible mobilité. Alors, dans sa dernière newsletter, la mairie encourage les habitants de la commune à venir y faire régulièrement quelques achats. « Face à la concurrence des environs, il serait sage de venir faire des emplettes, quelques euros suffisent, de façon régulière », encourage le courriel d’informations communales.

Une initiative qui a vu le jour à la demande du gérant : « Ce serait dommage que les habitants soient obligés d’aller faire leurs courses plus loin », confirme le responsable. Pascal Brusseaux, le premier magistrat du village (SE), souligne le fait « qu’avant, les gens qui venaient de Mantes-la-Jolie pour rejoindre Saint-Martin-la-Garenneas’arrêtaient à Guernes, ce n’est plus le cas ».

A quelques kilomètres de là, à Follainville-Dennemont, la supérette Cocci market a ouvert ses portes au public le 9 novembre dernier dans des locaux flambant neufs sur une surface de 162 m², en plein cœur de la place Jean Jaurès. « Pour ma part, je ne m’occupe pas des autres, je mène mon bateau comme je l’entends mais je n’ai pas d’animosité particulière », indique Itto Baloche, la gérante de l’enseigne.

Elle accueille une centaine de clients en moyenne par jour dans son nouveau magasin. « On a des habitants de Guernes qui viennent faire leurs courses chez nous car le magasin est plus grand et que les prix pratiqués sont inférieurs, nous disent-ils, rapporte la gérante. Et il y a une boulangerie à proximité (il n’y en a pas à Guernes, Ndlr). »

L’implantation récente de ce Cocci market aurait également eu un impact sur le chiffre d’affaire de l’épicerie d’Eliane, à Saint-Martin-la-Garenne. « La fin de l’année a été difficile, affirme Mustapha Ayad, son responsable, qui a ouvert son magasin il y a un an et demi. J’ai fait de petites journées niveau recette. A Dennemont, il s’agit d’une supérette, nous, en temps qu’épicerie, on ne peut pas s’aligner sur leurs prix. »

Au sein du village de Guernes, ils sont pourtant plusieurs à rester fidèle à leur magasin, témoignent quelques clients croisés mardi 8 janvier. « J’ai l’habitude de venir lorsqu’il me manque quelque chose », sourit Margaux, Guernoise depuis huit ans, venue acheter quelques bières et des gâteaux pour l’apéritif du soir.

Un ancien habitant de la commune arrive, il a roulé 10 km depuis Drocourt pour retirer son paquet et repartir avec un chou-fleur dans son sac : « Ces commerces de proximité sont indispensables, cela fait vivre nos villages. » Le gérant de la supérette peut aussi s’appuyer sur sa fonction de point relais colis pour attirer les clients, comme son homologue de Saint-Martin-la-Garenne.

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES