L’opposition réfléchit à une liste commune

Les trois groupes d’opposition emmenés par Eric Visintainer, Monique Brochot et Annette Peulvast travaillent déjà ensemble pour préparer les conseils municipaux.

Ils avaient déjà organisé une conférence de presse en commun, tracté sur le marché… les trois têtes de liste des groupes d’opposition mantevillois, Eric Visintainer (LR), et les deux anciennes maires socialistes Annette Peulvast et Monique Brochot envisagent désormais de mener une liste commune face au maire RN Cyril Nauth aux élections municipales de 2020.

L’annonce a été faite lors des vœux du groupe d’Eric Visintainer, Mantes en mouvement, le 15 janvier dernier, en présence des deux anciennes maires. Les trois élus et leurs groupes se donnent « six mois » de réflexion avant de prendre leur décision, et insistent sur la nécessité de remobiliser les citoyens. Le maire Cyril Nauth (RN), lui, raille « une union désespérée des faiblesses ».

Devant environ 70 personnes ce soir-là, Eric Visintainer énumère les reproches, récurrents, faits en conseil municipal à l’édile : difficulté à atteindre le quorum en conseil municipal, disparition de services et d’animations, aucune communication pour l’opposition. « Il ne maîtrise pas son sujet […] Monsieur le maire s’enferme dans sa tour d’ivoire », conclut de sa tirade la tête de liste de Mantes en mouvement.

Face à cette difficulté d’obtenir des informations, les 11 élus de l’opposition ont désormais pris l’habitude de travailler en commun. « Malgré nos courants politiques et nos opinions divergentes, nous avons eu à cœur de parvenir à un consensus cohérent tout en conservant notre liberté de vote et aussi un certain respect entre élus », relève Monique Brochot. Maire de 2008 à 2014, elle évoque la communauté urbaine « où des élus majoritaires issus de la gauche siègent à l’exécutif qui est de droite ».

Edile de 1995 à 2008, Annette Peulvast, elle, embraye sur la nécessité d’élaborer un programme de façon participative. « Cela veut dire des échanges quotidiens avec les habitants, ça veut dire une prise en compte, une écoute, ça veut dire ce que l’on va faire avec ce que les habitants nous renvoient de leurs problèmes, explique-t-elle. […] On participe pour élaborer un programme et ensuite c’est aux élus qui sont engagés, qui sont convaincus, qui ont fait des promesses, de mettre en œuvre ce programme. »

Les trois le savent, la tâche sera difficile. « On se rend compte que c’est très difficile de mobiliser les gens, confirme Martina Guillen, conseillère du groupe d’Annette Peulvast. Il faut sortir des idées partisanes, voir comment l’on peut continuer à travailler. » Monique Brochot poursuit : « On entend des questions, les gens nous demandent si l’on va refaire comme en 2014 ? »

Leurs trois listes s’étaient alors retrouvées face à celle menée par Cyril Nauth au second tour des élections municipales. Les trois élus espèrent aujourd’hui rassembler autour d’eux, « le plus largement possible », même si Eric Visintainer « exclu[t] » les extrêmes, de droite comme de gauche. Pour l’heure, pas question toutefois de parler de tête de liste. « Ce qui est sûr c’est que cela ne sera pas moi, assure Monique Brochot. Cela se fera collégialement. »

S’il ne se dit pas surpris, du fait de la position de ses opposants en conseil municipal, Cyril Nauth, indique hésiter « entre le rire et la pitié ». Si l’alliance entre les deux anciennes maires socialistes lui semble « logique », il ne comprend en revanche pas la position d’Eric Visintainer, membre des Républicains. « Qui a changé de camp ? , interroge-t-il. Est-ce que c’est Monsieur Visintainer qui est devenu de gauche, est-ce que c’est Madame Brochot et Madame Peulvast qui sont passées à droite ? »

Là-dessus, la réponse de Monique Brochot est claire : « On est face au Rassemblement national, pour moi les préjugés tombent. » La situation mantevilloise serait suivie jusque par le président yvelinois du Sénat, Gérard Larcher : « Il m’a dit que Mantes-la-Ville, c’est un problème politique, mais que c’est aussi un problème philosophique, et il faut qu’on prenne le temps de réfléchir à cette ville et à l’avenir de cette ville. Ce qui veut dire que Mantes-la-Ville on la regarde d’une façon très particulière », souligne Annette Peulvast. Elle conclut, des prochaines élections municipales en vue desquelles nombre de candidats fourbissent leur campagne électorale : « Chacun devra prendre ses responsabilités. »

PHOTO : ARCHIVES / LA GAZETTE EN YVELINES