La majorité se rebiffe et veut retirer ses pouvoirs au maire

Des 23 élus de la majorité, 15 contestataires regrettent leur éloignement des prises de décisions, et dénoncent les conditions de travail en mairie. L’entourage de Pascal Collado (DVD) joue l’apaisement.

Quinze des 23 élus de sa propre majorité, dont cinq adjoints, comme la conseillère départementale Hélène Brioix-Feuchet ou la conseillère communautaire Marie Péresse, veulent désormais lui retirer tout pouvoir, faute de pouvoir voter sa démission. Il n’a pas répondu aux appels de La Gazette mais, selon nos informations, Pascal Collado (DVD), le maire de Vernouillet, a semblé abasourdi par ce coup de tonnerre. Lors du dernier conseil municipal, jeudi 24 janvier, la majorité n’a pu réunir le quorum nécessaire d’élus, ce qui en a reporté sa tenue.

Quinze élus de la majorité municipale, plutôt que de venir au conseil, ont envoyé une lettre à l’édile, ainsi qu’au préfet, pour demander la tenue d’un conseil municipal extraordinaire afin de retirer les délégations de Pascal Collado. Ils dénoncent les conditions de travail au sein de la mairie, et regrettent de ne pas être associés aux prises de décisions municipales. Les élus solidaires du maire y voient surtout un refus de la fusion de deux écoles dans le quartier de Marsinval.

Ce conseil municipal, s’il n’était pas extraordinaire, « avait été rajouté car nous arrivions au terme de notre marché de restauration à la fin du mois », précise Henriette Larribau-Gaufrès, première adjointe (et non signataire du courrier, Ndlr). D’autres délibérations ont également été présentées, parmi lesquelles la proposition de la fusion d’une école primaire et d’une école maternelle à Marsinval.

« C’est un sujet sur lequel la Ville s’était mobilisée depuis plusieurs années et à la demande de l’Education nationale au début de 2018, le sujet a été remis sur la table, poursuit la première adjointe. Quand il y a des sujets qui sont assez engageants pour la Ville, on est toujours dans une démarche de concertation, on va voir les différents partenaires […] et on s’est rendus compte qu’il y avait, comme sur beaucoup de projets, des pour et des contre. »

Elle tient cependant à relativiser la situation : « Il y a quasiment toujours eu l’unanimité sur l’ensemble des décisions qu’on a présenté en conseil municipal, pour la première fois, il y en a quelques-uns qui n’étaient pas là […] Je ne vois pas pourquoi politiser l’affaire. » Pourtant, pour les quinze élus contestataires, ce sujet n’a rien à voir avec leurs revendications.

« Il se trouve que le conseil municipal, qui nous a permis de faire un premier acte politique fort, était celui de la semaine dernière, note Jean-Yves Denis, adjoint aux finances et porte-parole de la majorité signataire du courrier. La fusion des écoles de Marsinval, c’est un non-sujet, parmi les signataires, il y a des gens qui sont pour, d’autres contre. »

Porte-parole des signataires, Jean-Yves Denis tient à éclaircir la raison principale de cette révolte : « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ce sont plutôt les risques psychosociaux […] Il y a une ambiance de travail qui s’est dégradée à la mairie. S’il n’y avait pas eu cela, on aurait peut-être pu traverser cette crise, pour l’intérêt général. »

Dans un communiqué de presse, les élus évoquent aussi des « difficultés politiques », ceux-ci ne s’estimant ainsi pas assez associés aux choix qu’ils peuvent être amenés à voter. « Les décisions sont prises de façon unilatérale, fait savoir un autre signataire ayant souhaité rester anonyme. […] Il nous est arrivé d’apprendre les sujets en pré-conseil, lorsque les sujets sont pratiquement bouclés. »

« Le pouvoir a été de plus en plus concentré », résume Jean-Yves Denis. « On est nous-mêmes très tristes de cette situation, poursuit-il. Il n’y a pas d’animosité ni de souci de revanche, on n’est pas animé par une intention de prendre le pouvoir […]. On essaie simplement de préserver de l’humain et de travailler au mieux. »

Un courrier a récemment été envoyé au maire, avec le préfet en copie, afin de demander la tenue d’un conseil municipal extraordinaire pour retirer ses délégations à Pascal Collado, seule demande qu’ils peuvent formuler en tant qu’élus pour écarter le maire du pouvoir. « Le préfet m’a confirmé que le maire avait un délai d’un mois pour réunir ce conseil municipal extraordinaire, il ne peut pas le refuser », précise Jean-Yves Denis.

Mais ils ne peuvent y voter la démission du maire, Pascal Collado restant seul maître de cette décision. « Rester maire sans délégations, je ne crois pas que ce soit une situation très confortable, analyse un signataire. Cela va être difficile pour lui de faire passer des délibérations s’il ne peut pas les faire voter. » « On ne sait pas du tout ce qu’il va faire, détaille Jean-Yves Denis. […] Pour autant, nous on reste ouverts à la discussion. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES