Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, l’école Jean Jaurès des Mureaux accueille la deuxième Unité d’enseignement maternelle autiste (UEMA) du département, une classe accueillant sept enfants dotés de troubles du spectre autistique lourds.
Si cette ouverture représente une avancée dans l’inclusion des enfants handicapés en milieu scolaire et devrait être suivie de nouvelles unités similaires en vallée de Seine, il n’en reste pas moins un long chemin à parcourir avant d’atteindre les 100 % de scolarisation des autistes dans le premier degré espérés par le gouvernement pour la classe d’âge née en 2018.
Pour les enfants en situation de handicap, « il y a des solutions puisqu’il y a des auxiliaires de vie scolaire (AVS), affirme Hubert François-Dainville, président d’Handi Val de Seine (et adjoint à Verneuil-sur-Seine, Ndlr). Mais c’est un perfectionnement dans l’inclusion scolaire. Quand on dépiste la maladie, il y a plusieurs niveaux, certains peuvent s’insérer dans des classes avec AVS. » Ce n’est pas le cas des enfants admis en UEMA, considérés comme des cas trop lourds pour intégrer une maternelle classique.
Un appel à candidatures avait été lancé à l’attention des établissements du secteur dans le cadre du 4ème plan autisme. « Un conseil d’école s’est tenu en juin avec une présentation du cahier des charges national, suivi du lancement de l’appel à candidatures pour trouver un enseignant spécialisé », explique Grégory Wirth, inspecteur académique chargé du parcours scolaire des enfants handicapés dans les Yvelines.
Le choix s’est porté sur l’école des Mureaux, « plus proche géographiquement du syndicat Handi Val de Seine et du Service d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) André Larché », partenaires du projet.
« La première unité du secteur a ouvert en 2016, à l’école Willy Brandt d’Elancourt, détaille Caroline Plesel-Bacri, elle aussi inspectrice académique. Ce sont des enfants qui ont besoin d’une prise en charge éducative particulière. » Derrière ce projet, une volonté commune : celle de créer une « école inclusive », qui « reconnaît à chaque enfant le droit et la capacité d’apprendre ». Actuellement, il existe 12 UEMA en Ile-de-France. « À l’horizon 2022, on aimerait porter le nombre d’unités à sept dans les Yvelines », assure Nicolas Péju, directeur adjoint de l’Agence régionale de santé (ARS) francilienne.
La prochaine ouverture serait d’ailleurs prévue pour la rentrée 2019. « Les résultats d’Elancourt sont déjà là : trois enfants sur sept ont intégré une classe de CP avec AVS », ajoute le représentant de l’ARS, qui rappelle que « seuls 40 % des autistes sont scolarisés dans le premier degré ». Hélène Alfier, enseignante spécialisée en charge de l’UEMA de l’école Jean Jaurès se réjouit déjà de résultats encourageants : « En deux mois, on voit déjà des progrès au niveau des relations et de la communication. Ils arrivent avec le sourire le matin. C’est vraiment une belle récompense. »
Mais le combat n’en est pas moins loin d’être terminé. « Sept enfants, ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas mal, souffle Hubert François-Dainville. Quatorze enfants sur l’ensemble des Yvelines, ça montre qu’on a encore du chemin à faire. Il était temps que des choses soient mises en place, mais ce n’est qu’un début. » C’est également l’avis de Philippe, parent d’élève : « Quand on voit le nombre d’enfants dépistés, on se dit qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire. »
Trois salles de l’école ont été aménagées pour accueillir cette nouvelle classe : l’une plutôt dédiée à l’apprentissage et les deux autres aux soins. Venant de Poissy, Epône, Triel-sur-Seine, Achères ou encore Villennes-sur-Seine, certains élèves doivent faire jusqu’à une heure de taxi pour se rendre en classe.
« Ils arrivent et repartent à des horaires décalés des autres élèves, explique Hélène Alfier. Mais une fois en classe, cela se passe comme dans une maternelle lambda. Ils ont un temps de jeu libre puis de regroupement, et on enchaîne avec l’apprentissage scolaire selon le même programme que les autres classes. »
Le programme s’applique toutefois avec des pratiques différentes. « Seuls deux des sept enfants ont le langage, précise l’enseignante. Cela passe par beaucoup de décodage. On met en place des outils visuels pour communiquer. On est sans arrêt en train de réfléchir et de recréer des choses. »
La jeune femme travaille avec une psychologue, un psychomotricien et trois éducatrices, mais aussi en lien étroit avec les familles, qui sont « parties prenantes du projet ». Une application a d’ailleurs été créée pour permettre à l’institutrice de communiquer avec les parents : « On poste des photos et des vidéos de ce qu’il se passe en classe, ça permet de les rassurer. »