Des échauffements chez Lidl pour prévenir les accidents

À la plateforme logistique de Lidl, les préparateurs pratiquent désormais des échauffements avant de prendre leur poste, afin, notamment, de réduire les risques d’accidents du travail.

Les préparateurs de commande de la plateforme logistique régionale chantelouvaise de Lidl commencent désormais leur journée de travail par un réveil musculaire. Ils ont quasiment tous adhéré à ce programme volontaire nommé Préparateur en pleine santé (Pep’s), lancé ici depuis un mois.

Pendant une dizaine de minutes, comprises dans leur temps de travail, les salariés pratiquent des échauffements. Alors que ce métier est souvent décrit comme difficile en raison de son caractère répétitif, l’objectif affiché par Lidl dans un communiqué est de « prévenir les douleurs musculaires et articulaires, limiter les risques de blessures, être moins fatigué en fin de journée ».

Ce mercredi 13 mars sur le site chantelouvais de Lidl, qui approvisionne 52 magasins de l’Ouest francilien, la scène est inhabituelle pour un entrepôt logistique français (mais ce type de mesures est commun au Japon, par exemple, Ndlr). Avant de prendre leur poste à 12 h 30, une trentaine de préparateurs de commande se rassemblent dans une partie dédiée de l’entreprôt pour pratiquer un échauffement en musique, animé par l’un de leurs collègues. Ce réveil musculaire est constitué d’une dizaine d’échauffements, calqués sur des gestes que les salariés répètent au quotidien.

Parmi les 120 préparateurs de cette plateforme d’approvisionnement, presque tous ont décidé de prendre part au programme Pep’s, basé sur le volontariat, officiellement lancé par Lidl en septembre 2018, et appliqué à Chanteloup-les-Vignes depuis un mois. « On s’est rendu compte que les accidents du travail ont principalement lieu au début de la prise de poste, au démarrage à froid, souligne Mohamed Remaoun, responsable logistique régional chez Lidl, lors de la présentation du dispositif. Donc la réponse Pep’s est importante. »

Avec ce dispositif, « on essaye de leur donner les bons gestes et postures », complète Sébastien Le Mat, responsable immobilier de Lidl. « L’objectif est que les salariés aient les bonnes pratiques, de réduire les blessures au travail et l’absentéisme, poursuit-il. Ça leur permet aussi de se détendre, de se mettre dans le bain et de créer du lien entre les équipes. »

Du côté des préparateurs, dont le quotidien consiste à empiler différents lots de produits sur des palettes avant qu’elles ne soient expédiées vers les différents magasins Lidl, le programme Pep’s semble apprécié. « Je le fais tous les matins, avant, j’avais des problèmes de dos, là j’ai moins mal, constate l’un des salariés à l’issue de sa séance quotidienne. C’est bien, surtout que notre métier n’est pas évident : on fait tout le temps les mêmes mouvements, on porte des charges, etc. »

« On s’est rendu compte que les accidents du travail ont principalement lieu au début de la prise de poste, au démarrage à froid », souligne le responsable logistique régional de Lidl.

Les responsables de l’enseigne expliquent qu’il est « difficile d’évaluer » le poids porté par jour par les préparateurs, mais l’évaluent en effet de six tonnes à un maximum de huit tonnes. En 2017, la pénibilité du métier de préparateur chez Lidl avait justement été pointée du doigt par l’émission Cash investigation diffusée sur France 2. Selon Mohamed Remaoun, le responsable logistique régional, Lidl avait déjà initié des mesures pour améliorer les conditions de travail des préparateurs avant ce reportage, même s’il confirme que sa diffusion a encouragé l’enseigne à se pencher sur des problématiques pas encore soulevées.

« Certaines choses qu’on voyait [dans Cash investigation] n’étaient pas le reflet du travail au quotidien, défend-il cependant en listant les mesures prises avant comme depuis pour limiter les risques d’accidents. La prise de conscience, elle a été faite depuis des années par rapport au taux d’accidentologie qu’on avait au niveau des préparateurs. » Il atteste que l’accidentologie ait ainsi été « divisée par trois » en trois à quatre ans. « On n’a pas attendu le reportage, mais il a quand même mis le point sur certaines choses qu’il fallait aussi modifier et travailler », reconnaît-il.

Il fait alors référence à la question du « poids porté » quotidiennement par les salariés des plateformes logistique, « qui n’était pas abordée chez nous » et « n’était ni la demande des syndicats, ni des préparateurs ». Des mesures ont donc été prises pour « diminuer ce poids porté », comme la réduction du nombre de produits par colis. Concernant la pénibilité, il met en avant des mesures d’automatisation et dans le stockage des produits, que le programme Pep’s semble venir aujourd’hui compléter.