Mur de la prison : la pénitentiaire rejette le retard sur les Bâtiments de France

L’administration pénitentiaire voulait construire un mur pour démolir l’existant, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) souhaitait une reprise, plus coûteuse mais aussi plus longue.

« Il n’y a pas eu de négligence. » Suite à l’article publié dans notre édition du 3 avril, rapportant l’existence d’un diagnostic alertant dès septembre 2017 de l’effondrement probable, rue des Ursulines, du mur de la maison centrale pisciacaise, la Direction inter-régionale des services pénitentiaires (DISP) de Paris a tenu à apporter des précisions non communiquées la semaine précédente, notamment sur la cause du délai entre l’alerte donnée par les différents bureaux d’études et le lancement des ­travaux.

Elle indique qu’elle souhaitait ériger rapidement un nouveau mur en retrait du mur existant de la rue des Ursulines. Mais l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), souhaitant la conservation du mur d’enceinte, aurait refusé cette solution technique, moins coûteuse et plus rapide à mettre en œuvre selon l’administration. L’appel d’offres n’a donc été lancé que fin 2018. Sollicitée ce vendredi, l’Unité départementale d’architecture et du patrimoine n’a pas répondu à l’appel de La Gazette, qui a sonné dans le vide pendant quasiment une heure.

« L’Architecte des Bâtiments de France nous a contraint à conserver le mur et le renforcer », souligne l’administration pénitentiaire. Elle aurait préféré pouvoir construire un second mur d’enceinte en léger retrait, avant de démolir l’existant. Les deux solutions avaient d’ailleurs été évoquées dans le diagnostic d’Epsylon architecture en septembre 2017, comme au sein de celui des cabinets KCA et Buca structures en juillet 2018 : « Nous prenons bonne note que le principe de renforcement du mur existant a été préconisé par l’Architecte des Bâtiments de France. »

Le mur étant compris dans un quartier historique, « nous sommes soumis aux contraintes de l’Architecte des Bâtiments de France », précise l’administration pénitentiaire. Ce choix de renforcement du mur aurait conduit, selon la DISP de Paris, à des allongements de délais. « On a engagé des études complémentaires qui nous ont fait arriver à un budget de 400 000 euros, avec le lancement des marchés, cela a retardé l’exécution des travaux », commente la DISP, qui souhaitait une démolition-reconstruction : « Cela aurait été plus simple. »

Dans l’édition du 4 avril, un échange dévoilé par 20 Minutes était cité entre le directeur de la DISP de l’époque et le maire pisciacais Karl Olive (LR), sur la raison de ce délai : « Le surcoût induit ne pouvant être financé en 2018, mes services ont donc été contraints de retirer la demande préalable de travaux et de reporter cette opération sur l’exercice budgétaire 2019. » Selon la DISP, cet échange concernerait le mur de la rue des Prêcheurs, démentant fermement les informations publiées par le quotidien gratuit.

Lundi 4 avril, un expert s’est rendu auprès du mur de la rue des Ursulines ayant cédé le 27 mars dernier lors des ultimes travaux de renforcement. « Il n’y a pas de risque d’effondrement imminent des parties qui ont subi l’effondrement », rassure la DISP, évoquant le lancement « d’études complémentaires pour conforter les parties du mur ne s’étant pas effondrées ». Une procédure qui devrait prendre plusieurs mois.

La municipalité pisciacaise se montre nettement moins rassurée, et une semaine après les faits, le maire ne décolère pas : « Je me suis déplacé au centre de supervision urbain. On est passé à deux doigts d’un drame, parce qu’il y a un ouvrier à l’endroit où s’est écroulé le mur. On le voit courir et on voit aussi le mur se plier. » Dans un communiqué de presse daté du mercredi 3 avril, la Ville considère que le mur des Ursulines « reste dangereux dans la partie basse de l’avenue des Ursulines » et continue d’appliquer des restrictions de circulation (voir encadré). « Nous ne prendrons aucun risque », affirme l’élu dans son ­communiqué. 

Des restrictions de circulation toujours en place

Si la circulation des voitures avait pu être rétablie dans les deux sens de circulation dès mardi 2 avril, les véhicules de plus de 3,5 tonnes ne pouvaient pas emprunter l’avenue des Ursulines. Cette interdiction de circulation devrait durer « au moins une dizaine de jours pour permettre l’intervention des Charpentiers de Paris sur le site », détaille la mairie dans un communiqué de presse daté du mercredi 3 avril. Côté rue des Prêcheurs, « dont l’effritement se poursuit » pour le mur ancien, la circulation piétonne est désormais interdite le long de la prison jusqu’à nouvel ordre.