Densification : comment trouver le bon équilibre ?

Le deuxième arrêt du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) a été adopté à la majorité le 9 mai. Des réserves ont porté sur la densification et sur l’équilibre entre zones rurales et urbaines.

Le scénario s’est reproduit lors du dernier conseil communautaire de Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) le 9 mai. Délibération principale de l’ordre du jour, le deuxième arrêt du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) a été adopté à une très grande majorité, à 97 voix pour, 11 contre et 16 abstentions, de quoi satisfaire le président de la communauté urbaine et maire de Verneuil-sur-Seine Philippe Tautou (LR). L’enquête publique se déroulera du 5 juin au 17 juillet.

Comme lors du vote du premier arrêt en décembre 2018, bien des élus ont conditionné leur accord final à la prise en compte de leurs remarques et de certaines conditions. Les inquiétudes ont notamment porté sur les questions de densification et de ­construction de logements. Inquiétudes que l’on retrouve dans certaines communes ayant donné un avis défavorable au PLUI, à l’instar de Villennes-sur-Seine, où une permanence était organisée le 17 mai dernier.

« Pour ce deuxième arrêt, nous sommes rigoureusement sur le même texte […] sauf qu’on a rajouté à ce texte la délibération des 72 communes (une commune n’a pas délibéré, Ndlr) plus l’avis des personnes publiques associées, leur avis compte infiniment », précise du document voté ce soir-là Suzanne Jaunet (LR), vice-présidente en charge de l’urbanisme et adjointe à l’urbanisme à Achères. Des avis rendus par les communes, elle précise : « 54 d’entre eux sont favorables, ou favorables avec réserves », tandis que 18 ont rendu un avis défavorable.

Comme Philippe Tautou, elle s’est aussi félicitée de l’avis favorable rendu par l’État, l’Agence ­régionale de santé, ou de la Région, tout comme des avis « ni favorables, ni défavorables » mais avec réserves rendus par certaines institutions, comme le Parc naturel régional du Vexin (à lire p.7) ou encore la Mission régionale d’autorité ­environnementale (MRAE).

« Elle nous alerte sur le comment expliquer la consommation d’espaces dans ce PLUI, la densification dans l’enveloppe urbaine existante et les nouvelles opérations », détaille Suzanne Jaunet de la critique principale de la MRAE. Cette dernière pointe en effet un manque d’évaluation des impacts des différents projets sur le long terme.

« J’ai envie de dire qu’à un moment donné, si on ne veut pas consommer de terres agricoles et d’espaces naturels, de toute façon, il va bien falloir densifier, poursuit la vice-présidente à l’urbanisme. Et ça semble un peu judicieux d’aller densifier dans des zones urbaines qui vont accueillir, ou accueillent déjà, des transports en commun de qualité. » Avec l’arrivée prochaine du RER E, la cossue commune de Villennes-sur-Seine serait ainsi concernée par ces opérations de densification et de construction de logements, notamment dans le secteur de Fauveau.

« Ce qu’on veut, c’est préserver l’identité de Villennes, insiste auprès des habitants défilant en mairie ce 17 mai Dominique Crinon, adjointe à l’urbanisme. Des bâtiments de quatre étages, on n’est pas habitués. » Lors du conseil municipal du 21 février, la commune a rendu un avis défavorable au projet de PLUI, demandant notamment « que l’Orientation d’aménagement et de programmation (OAP) Breteuil soit classée en zone naturelle […], que l’OAP de Fauveau soit redéfinie […] et une réglementation plus qualitative dans l’ensemble ».

« J’ai envie de dire qu’à un moment donné, si on ne veut pas consommer de terres agricoles et d’espaces naturels, de toute façons il va bien falloir densifier », avance la vice-présidente à l’urbanisme.

Une Villennoise demande si « on ne peut pas faire ça intelligemment », l’adjointe répond : « On veut que les aménagements soient faits avant les constructions. On a déjà des problèmes de circulation, il faut prévoir en amont les infrastructures. » Dominique Crinon ajoute : « Nous sommes en risque inondation, nous avons des carrières, un coteau, des sites assez contraints. On ne peut pas construire partout […] Mais je pense qu’on va réussir à aboutir à une solution positive pour notre ­village. »

La problématique était tout autre pour le conseiller municipal muriautin Albert Bischerour, du groupe de gauche Démocratie et solidarité, membre de l’exécutif. Au conseil communautaire, il met en garde contre « la densification là où c’est déjà très urbanisé ». Il fait remarquer : « Plusieurs projets de bailleurs visent à densifier des quartiers des cités de logements sociaux. Or, ces secteurs connaissent déjà des problèmes de stationnements, de manque d’espaces verts qu’il ne faut pas aggraver. » Il souligne enfin la volonté du groupe de voir « l’étalement urbain » freiné afin de mettre l’environnement au cœur du ­projet.

Pour la maire épiscomontoise Ghislaine Senée (EELV), présidente du groupe d’opposition Citoyens pour un territoire solidaire et écologique (CTSE), l’inquiétude serait également présente au sein des communes rurales. « Un maire d’une commune rurale, en commission, s’inquiétait d’un zonage qui densifiait très lourdement une partie du secteur du village, argumente-t-elle. Et finalement quand on regarde la masse, c’est quoi, dix, 15 logements ? Quand on densifie dans un village rural, c’est plus de soucis. »

En réponse, Suzanne Jaunet indique avoir « rencontré quasiment tous les maires des zones rurales » et estime avoir « fait dans la dentelle avec ces communes ». Pourtant, certains, à l’image de la maire sans étiquette de Vert et membre du groupe d’opposition Indépendants Seine et Oise (Iso), Jocelyne Renaud-Léger (SE) : « Vert, si ce PLUI est adopté, se verra interdire toute extension, il n’y a pas eu de dentelle. » Avant de regretter une décision de la communauté ­urbaine « unilatérale ».

Mantes-la-Jolie : au centre-ville, inquiétude dans le quartier des Martraits

Dans son édition du 1er mai, Le Courrier de Mantes révélait que les habitants du quartier historique des Martraits n’étaient pas franchement satisfaits des projets portés par ce Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO). Le quartier fait en effet l’objet d’une orientation d’aménagement et de programmation prévoyant « de maintenir la qualité de vie du quartier et l’ambiance tout en le densifiant, notamment dans le cadre des divisions parcellaires ». Des bâtiments allant jusqu’à deux étages pourraient ainsi être édifiés.

« Le maire affirme que GPSEO ne votera pas ce projet. Mais quelles garanties avons-nous ? Nous n’y croirons que lorsque le vote sera effectif », expliquait une habitante à l’hebdomadaire local, lors de l’assemblée générale de l’association des habitants. La question a également été évoquée au soir du conseil communautaire le 9 mai dernier. « Ce n’est pas une mince affaire », insiste la maire EELV d’Evecquemont et présidente du groupe d’opposition Citoyens pour un territoire solidaire et écologique (CTSE), Ghislaine Senée.

Une remarque qui a passablement irrité le maire mantais Raphaël Cognet (LR). « Depuis une semaine, il n’y a que des experts des Martraits ici, donc je vais répondre à Madame Senée, avance l’édile. Vous allez parler des Martraits cinq minutes pour faire le buzz, moi, je suis allé à l’AG du quartier, […] quand j’ai une OAP qui me pose problème, je ne fais pas un coup de com’, je n’en parle pas à la presse. »

Il poursuit en indiquant que suite à un échange avec la vice-présidente en charge de l’urbanisme Suzanne Jaunet, la communauté urbaine « était d’accord pour supprimer cette OAP ». Et de conclure : « J’ai confiance en ce que m’a dit Madame Jaunet. J’en ai un petit peu ras-le-bol que les Martraits soient un peu l’otage de ce débat sur le PLUI. »