Noeuds de mobilités : l’expérimentation est lancée

Trois hubs, ou nœuds de mobilités, ont été inaugurés la semaine dernière par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise. Une vingtaine d’entre eux devrait être créée dans les deux ans à venir.

Annoncés à l’été 2018, trois hubs portés par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) ont été inaugurés la semaine dernière, à l’occasion de la semaine européenne de la mobilité pour un coût total de 270 000 euros.

Situés à Gaillon-sur-Montcient, dans la zone d’activités du Petit parc à Ecquevilly et sur le parking de l’île aux Dames à Mantes-la-Jolie, ces hubs multimodaux ont vocation à « lutter contre la pénibilité des trajets nécessaires, en leur redonnant de la valeur ajoutée », indiquait-on à la communauté urbaine lors d’une conférence de presse le jeudi 12 septembre.

Au-delà d’un parking dédié au covoiturage et des emplacements pour stationner son vélo, GPSEO espère également pouvoir développer dans ces hubs plusieurs services, adaptés au milieu dans lequel ils se trouvent que le hub soit rural, économique ou bien encore urbain.

Casiers connectés pour servir de relais-colis ou proposer un service de pressing, tiers-lieu, espace de co-working, camion médical itinérant, sont autant de pistes à explorer par la communauté urbaine dans cette phase expérimentale prévoyant l’implantation d’une vingtaine de hubs d’ici deux ans. À terme, 77 devraient être déployés sur tout le territoire de la communauté urbaine. S’ils sont ravis de ces projets, les maires concernés savent cependant que l’appropriation par l’usager de ces hubs est indispensable à leur bon fonctionnement.

La réflexion autour de ces plateformes a été engagée en parallèle au chantier de prolongement du RER E à l’Ouest, dont l’arrivée à Mantes-la-Jolie est prévue pour 2024. « La réflexion qui a été la nôtre au niveau des services, c’était de dire regardons maintenant une fois qu’Eole sera là, quelle est la problématique que nos concitoyens auront rencontrée pour pouvoir bénéficier d’Eole », fait remarquer le président de GPSEO et maire de Verneuil-sur-Seine, Philippe ­Tautou (LR).

« Quelques communes, dont Gaillon, avaient des parkings non-utilisés en journée, il nous a semblé évident que cet espace devienne utilisé pour limiter l’accès aux routes déjà très encombrées du secteur », souligne Jean-Luc Gris (SE), édile gaillonnais.

De la situation des transports et des trajets au sein de l’intercommunalité, il déclare : « Force est de constater aujourd’hui pour nos concitoyens que les déplacements qu’on propose, sont des déplacements en général très longs, qui sont souvent pénibles, pour la moyenne presque 2 h si vous allez vers Paris. C’est pénible et puis c’est coûteux. »

Le travail sur les hubs a ainsi été enclenché. « Concrètement, c’est une plateforme, généralement un parking, qui rassemble une offre de mobilités et de services, indique-t-on à la communauté urbaine. […] Le socle à chaque fois, c’est du stationnement pour permettre le covoiturage, des places de rabattement vers un autre mode de transport. »

Une pratique notamment observée sur le parking de l’île aux Dames à Mantes-la-Jolie. « On avait constaté des pratiques de gens de Limay qui venaient poser leurs voitures dans un endroit plus ou moins stabilisé qui remontaient sur le pont pour prendre le bus et remonter à la gare, précise-t-on. Tout cela pour un même temps de trajet. »

Pour son premier hub, GPSEO a choisi Gaillon-sur-Montcient, commune d’environ 700 habitants dans le parc naturel régional du Vexin français. « Quelques communes, dont Gaillon, avaient des parkings non-utilisés en journée, il nous a semblé évident que cet espace devienne utilisé pour limiter l’accès aux routes déjà très encombrées du secteur », souligne Jean-Luc Gris (SE), édile gaillonnais et vice-président en charge de la gestion et de la valorisation des déchets, lors de l’inauguration le 18 septembre dernier.

S’il se montre plutôt confiant en la réussite du dispositif, Jean-Luc Gris sait aussi que changer les habitudes de ses administrés pourra aussi prendre du temps : « Aujourd’hui déjà cet endroit-là, les gens pourraient l’utiliser, c’est un parking public, ils pourraient le faire d’eux-mêmes, ils ne le font pas, pourquoi demain ils vont le faire ? » Proposer des services pourrait ainsi être une mesure incitative. « Il faut qu’on donne l’occasion aux gens de leur dire, vous n’avez pas besoin de prendre votre voiture parce que vous aurez les services au pied, résume-t-il. On peut imaginer du repassage, du pain, etc … »

L’actuelle maison des associations pourra aussi être transformée en espace de co-working durant la journée. « Il y a des associations tous les soirs de la semaine, détaille le maire. […] Il va falloir que l’on cherche, qu’on ajuste les choses. » Du côté de GPSEO on assure ainsi vouloir « mettre les usagers au coeur de la démarche, que l’on soit habitant, une entreprise ou un salarié, car les besoins ne sont pas les mêmes ».

Parmi les possibilités, plusieurs d’entre elles ont été présentées lors de l’inauguration de la première passerelle de Mantes-la-Jolie ce vendredi 20 septembre. Aire de covoiturage, café, boulangerie, presse, borne d’information culturelle ont ainsi été simulées.

Parmi les possibilités, plusieurs d’entre elles ont été présentées lors de l’inauguration de la première passerelle de Mantes-la-Jolie ce vendredi 20 septembre. Aire de covoiturage, café, boulangerie, presse, borne d’information culturelle ont ainsi été simulées afin de pouvoir donner un aperçu aux habitants. Du 13 au 15 septembre dernier, la communauté urbaine avait également organisé un hackaton afin de définir modèle économique, services et activités à proposer.

« Il y avait trois défis, explique-t-on à GPSEO. Le premier était de mesurer l’impact économique des hubs, le second de voir si ces hubs peuvent être un levier d’activité. Enfin, le troisième défi est de voir comment cela peut devenir des places de marchés, en lien avec les filières alimentaires locales. » Un outil d’aide à la décision et de localisation des hubs, créé par les quatre data-scientists de Golden scorpions a ainsi été primé. « Cela va du rouge au vert, le rouge étant le moins pertinent », souligne l’un des représentants.

Pour lutter contre la désertification médicale, l’entreprise Médichub a elle proposé de faire circuler dans les différents hubs une camionnette médicalisée, afin de pouvoir effectuer plusieurs actes médicaux, des consultations et de la prévention, en prenant rendez-vous via une application sur son téléphone. Cette initiative a remporté le premier prix soit 5 000 euros et quatre mois d’accompagnement au Liberté living lab à Paris pour développer ce projet.

« Nous n’avons pas voulu figer les choses », assurait-on au sein de la municipalité d’Ecquevilly quelques heures auparavant des différents usages. C’est dans la zone d’activités économiques du Petit parc que s’est implanté le premier hub à vocation économique de Grand Paris Seine et Oise. « C’était un terrain vague de la commune qu’on utilisait pour les dépôts de déchets verts, précise-t-on. On avait proposé à GPSEO qu’on souhaiterait le vendre. »

De la situation, la municipalité la juge idéale : « On est vraiment à la croisée des chemins, et comme on voit comment c’est bouché du côté de l’A13, les gens viennent des Alluets, de Morainvilliers. » Là aussi, prochainement, des casiers connectés « pour pouvoir chercher son ­pressing, son relais-colis, c’est vraiment quelque chose de très très bien ». Comme à Gaillon-sur-Montcient, la municipalité espère que le lieu sera utilisé « pour éviter qu’il y ait une personne par voiture pour se rendre à Paris. […] Si ça ne vient pas des personnes elles-mêmes, cela ne marchera pas, que les gens s’approprient le lieu ».

Une vingtaine d’autres hubs devraient voir le jour dans les deux ans à venir. Au total, 77 seront implantés à travers toute la communauté urbaine. « Le maillage se fera à travers les hubs, assure Philippe Tautou. Là où il y a une vraie révolution, c’est dans la manière de voir le sujet. Jusqu’à maintenant, c’était nous, les autorités, collectivités qui organisions les transports, maintenant c’est en train de s’inverser : ce sont les concitoyens qui nous demandent de nous adapter à leurs besoins. »