Le projet de réaménagement de la place de l’hôtel de Ville fait débat

Le projet d’aménagement de la place du Général Leclerc où se situe la mairie a été présenté aux habitants et aux conseillers municipaux lors de délibérations sur les bâtiments existants.

La présentation du projet d’aménagement de la place du Général Leclerc plus communément appelée place de l’hôtel de Ville lors de la réunion publique du jeudi 4 juillet s’inscrit dans le vaste plan de réaménagement du centre-ville mis en œuvre par la mairie. Après plusieurs mois de concertation et de travail, les architectes ont présenté une première ébauche de ce que pourrait devenir cette place et ses environs.

Le parking en surface devrait disparaître pour laisser place à un parking souterrain. Autour des logements prévus dans le programme, le projet prévoit des services de proximité, une brasserie avec une grande terrasse, un nouveau centre médical qui pourrait accueillir une trentaine de professionnels de santé et un ­supermarché bio.

Parmi les habitants présents, le projet ne fait pas l’unanimité. Beaucoup regrettent la disparition de deux bâtiments qu’ils jugent importants dans le patrimoine de la Ville et la disparition avec d’un espace culturel, l’ancien ciné-ville, malgré le refus du maire depuis deux ans de le conserver. Les élus de l’opposition présents lors de la réunion publique ou lors du conseil municipal du 23 septembre se sont eux fermement opposés à ce projet.

« La ville a souhaité engager une démarche globale, pas sur un îlot, pas sur un secteur particulier mais bien sur tout le centre-ville de la Seine à la gare », explique Pierre Vionnet, urbaniste et directeur général adjoint de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) du projet de réaménagement allant pour l’instant de la place Fouillère à l’hôtel de Ville.

De l’aménagement et de l’expérimentation menée depuis plusieurs mois dans la rue Maurice Berteaux qui mène directement à la mairie, l’urbaniste précise : « Le but c’était de tester un certain nombre de choses parce que tout le monde sait que la solution n’est pas simple. » L’ambition présentée, élargir les trottoirs tout en conservant places de stationnement pour accéder aux commerces et voies de circulation pour les bus, les voitures et les vélos. Des aménagements de voiries qui seront organisés et pris en charge par la communauté urbaine et le Département compétents sur ce dossier.

« Tout ceci doit donc préparer le réaménagement complet de la rue Berteaux et de la place de l’hôtel de Ville », insiste Pierre Vionnet. Sur l’actuelle place de l’hôtel de Ville, un parking public, l’ancienne école occupée par les services techniques de la mairie et trois bâtiments inoccupés, l’ancien ciné-ville, les « bains-douches » ainsi que la maison meulière.

Pour Patrick Céleste, architecte urbaniste pour l’agence Paris U, l’idée « c’est de faire en sorte que cette place principale, cette place minérale constitue véritablement le pont autour duquel l’ensemble des éléments les plus importants et municipaux en particulier, se retrouvent ». Le projet a ensuite été présenté dans les détails par les architectes de l’agence parisienne Seyler-Lucan.

« C’est vrai que la maison meulière fait le lien entre les tissus existants de Conflans-Sainte-Honorine et justement le projet », indique Thaddée Seyler-Lucan, architecte du projet.

La première partie du projet, est constituée d‘une quarantaine de logements. « Lors de la dernière réunion […] beaucoup d’entre vous trouvaient qu’il y avait trop de logements, que c’était trop haut, et que ça ne correspondait pas en tout les cas à l’image que vous vous faisiez, raconte Odile Seyler. Donc nous sommes passés de 60 logements dans le projet que nous vous avions présenté précédemment à 38 logements. »

« Il y aura-t-il des appartements sociaux dans votre magnifique ­création puisque la mixité, on sait très bien qu’elle ne marche que comme ça », interroge une habitante de la typologie de logements. « Oui, il y aura des logements sociaux […] on a 20 % de logements sociaux dans ce programme » rassure Laurent Brosse. « Les logements sociaux seront répartis entre les logements, il y en a entre huit et dix », précise finalement Bertrand Laverie, directeur adjoint chez ­Interconstruction, promoteur de l’opération.

Des autres éléments qui constituent le programme, l’architecte Thaddée Seyler-Lucan détaille : « On va commencer par le niveau -1, qui abrite le parking public » dont l’entrée se fera par la rue Maurice Berteaux. Une partie des places seront réservées aux habitants des logements et professionnels de santé de la maison médicale, le reste ouvert aux habitants venant consommer dans le ­centre-ville.

Sur la place du Général Leclerc en elle-même, plusieurs projets s’ajoutent aux logements. Tout d’abord, une brasserie à l’intérieur de la maison meulière qui sera conservée et totalement rénovée avec une terrasse sur la place, un commerce « type supermarché bio » précise l’architecte ainsi que le centre médical de 850 m² pour rejoindre la rue Arnaud Crapotte. Entre la mairie, l’ancienne école et ces nouveaux bâtiments, un espace aéré pour que les piétons puissent circuler.

« C’est vrai que la maison meulière fait le lien entre les tissus existants de Conflans-Sainte-Honorine et justement le projet », indique Thaddée Seyler-Lucan. Une bâtisse conservée à la demande de l’architecte des bâtiments de France contrairement aux deux voisines, l’ancien bains-douches et l’ancien ciné-ville. Une décision qui surprend un grand nombre d’habitants.

« C’est un patrimoine que vous le vouliez ou non. Même si vous n’en faisiez rien maintenant, ne le démolissez pas, peut-être que dans les années à venir, il y aurait des choses à faire », souligne une habitante du bâtiment abritant l’ancien ciné-ville. « Pour l’architecte des bâtiments de France, non le cinéma n’avait pas d’intérêt architectural, répond Thaddée Seyler-Lucan. Pour lui, le bâtiment qui représentait un intérêt, c’était justement cette maison meulière qui articule le lien entre ­l’histoire et le projet. » Des bains-douches, le maire précise « non, ils ne seront pas reconstruits, déjà, ils sont fermés depuis un petit moment donc on ne les reconstruira pas ».

Pour les défenseurs du ciné-ville, l’explication ne suffit pas. Beaucoup craignent la disparition d’un espace culturel en centre-ville. « Dans les prochains projets, il va quand même falloir commencer à travailler sérieusement sur notre offre culturelle » insiste un habitant. « Je crois qu’un cinéma coeur de ville est important, il n’a pas besoin de dimension démesurée mais c’est un lieu où on pourrait avancer socialement et culturellement », enchaîne une autre habitante.

« Nous sommes catégoriquement opposés à ce projet et à la façon dont vous le menez », insiste Jean-Pierre Lacombe, élu d’opposition pour Conflans énergie populaire pointant un défaut d’informations et de travail avec l’équipe municipale.

« Je continue de m’interroger sur le besoin d’un espace culturel fermé, répond l’édile. Je le dis la ville ne le gérera pas. » Le maire invoque des espaces culturels déjà nombreux à Conflans-Sainte-Honorine et pour lesquels, il est dans une « logique de redynamisation ». D’un cinéma de centre-ville, Laurent Brosse poursuit : « Le cinéma ça ne sera pas moi qui le ferai, je ne ferai pas de cinéma de centre-ville parce que le cinéma de centre-ville, je n’y crois pas. Ca été testé pendant trente ans ça ne marche pas. »

Le maire en réunion publique comme en conseil municipal défend par contre le projet de création d’un centre de santé sur la place du Général Leclerc. « Si on ne prend pas la main maintenant avec la maison de santé alors qu’on a des financements potentiels […] on va se retrouver dans une situation de paupérisation médicale », explique l’édile devant les habitants. Certains s’inquiètent pourtant de l’attractivité d’un tel lieu pour les médecins.

« Ce n’est pas parce qu’on va créer des locaux disponibles pour les médecins demain qu’on va avoir plus de médecins, des cabinets, il en existe, mais le problème c’est que l’on n’arrive pas à les remplir », réagit ce soir-là Gaël ­Callonec, conseiller d’opposition pour le groupe Conflans énergie populaire. « Les jeunes médecins aujourd’hui ne veulent pas gérer l’énorme empilement d’obligation administrative […] ils ont besoin d’un espace commun de gestion administrative et c’est comme ça qu’on attire des jeunes médecins qui sortent de l’université », répond ­Bertrand Laverie.

Le projet présenté lors du conseil municipal du 23 septembre à l’occasion du vote des délibérations pour le déclassement de l’immeuble du bain-douche et du pavillon meulière prévu pour la fin de l’année 2012 a de nouveau fait débat entre le maire et les élus de l’opposition. « Vous avancez à marche forcée sur ce projet sans doute à des fins électorales mais il faut cependant rester dans le respect des procédures, ce qui n’est pas le cas, nous voterons donc contre ces trois délibérations », réagit Sylvie Magnoux, élue d’opposition pour le groupe Des socialistes pour Conflans.

« Nous sommes catégoriquement opposés à ce projet et à la façon dont vous le menez », insiste Jean-Pierre Lacombe, élu d’opposition pour Conflans énergie populaire pointant un défaut d’informations et de travail avec l’équipe municipale. Les délibérations ont finalement été adoptées à 28 voix pour, et six voix contre.

De la suite des aménagements sur les îlots proches, le maire Laurent Brosse précise devant les habitants qu’un projet pourrait être étudié par la suite. « On a vraiment souhaité se concentrer sur ce premier îlot, c’était une question de temps, une question de financement, une question de priorité aussi pour dire les choses très concrètement » explique-t-il. La question d’un nouvel espace culturel pour la ville pourrait alors être réétudiée « J’en avais déjà parlé, plutôt sur un îlot 2 ou un îlot 3 » indique-t-il.