Karting, une démocratisation encore difficile

Le karting est le sport automobile par lequel passent les pilotes de Formule 1. Pour percer dans ce milieu, ils se heurtent souvent aux préjugés ou au budget élevé des compétions.

Le parcours des pilotes professionnels est généralement loin de ressembler à une ligne droite. Percer dans le milieu du sport automobile ne semble pas aisé. Si la formation des pilotes débute au volant de karts vers l’âge de sept à huit ans, beaucoup de jeunes talents abandonnent et ne parviennent pas à intégrer les grands prix de Formule 1. Entre les préjugés concernant le karting et le coût élevé des compétitions, les obstacles sont nombreux.

« Le but de l’école de karting est de détecter les enfants, déclare Jean-Pierre Vosnier, le président de la section karting de l’AS Mantaise. Le but c’est de les emmener à la compétition sachant que tous n’iront pas à la compétition. C’est quand même un budget. Ça il ne faut pas l’oublier […] ça fait bien une saison [en compétition] pour un parent à 5 000 euros. Le contexte économique actuel n’est pas favorable. »

Camille Mc Farlane, un pilote morainvillois de 12 ans ayant débuté le karting à sept ans avant de suivre des entraînements aux circuits situés à Cormeilles-en-Parisis et à Trappes, s’est lancé dans la compétition cet hiver à Salbris (Loir-et-Cher) pour le championnat de France dans la catégorie des 12-15 ans et s’entraîne régulièrement à Angervilles (Essonne). Malgré son jeune âge, il est parfaitement conscient du coût des compétitions : « C’est un sport où il faut énormément de moyens, où il faut chercher des petits partenaires ou directement des gros partenaires. »

Sa mère, Emmanuelle, ne dit pas le contraire. Quand on l’interroge sur les 5 000 euros que coûterait une saison en compétition, elle sourit et objecte : « 5 000 euros ? Ils ont été gentils. Ça coûte beaucoup plus cher […]. Entre le championnat de France plus les courses qu’il a fait, plus là je compte les hébergements, les trajets, le matériel, les consommables, on en est autour de 35 000 euros […]. »

« Le but de l’école de karting est de détecter les enfants », déclare Jean-Pierre Vosnier, le président de la section karting de l’AS Mantaise.

De la recherche des partenaires, elle détaille : « Ça nous a aidé […] On a trouvé trois partenaires [yvelinois] qui ont aidé à hauteur de 12 000 euros. » Parmi ces trois partenaires se trouvent une entreprise vendant de la colle et des solvants à d’autres professionnels, une autre est spécialisée dans l’événementiel et la troisième est un concessionnaire automobile dont le siège est à Montigny-le-Bretonneux. « Il a fallu faire un dossier, ajoute-t-elle. En contre-partie, ils ont le logo mis en avant sur le kart et sur la combinaison […] et après on leur fait un compte-rendu de chaque course. »

Si un tel budget peut dissuader plus d’un parent à inscrire son enfant dans des compétitions officielles de karting afin qu’il puisse un jour espérer devenir pilote de Formule 1, le karting souffre également de la réputation d’être un divertissement. Par conséquent, il est difficile pour certains parents de comprendre la nécessité d’investir autant d’argent pour réussir dans une carrière de pilote professionnel.

« Il y a certains [de mes amis] qui disent que c’est tourner un volant et appuyer sur la pédale », affirme Camille. Pourtant, comme l’explique Emmanuelle, « il y a une vraie préparation physique basée [notamment] sur le gainage. Quand on est en pilotage, toute la partie du buste est très importante dans la musculation, les bras aussi […] Avant chaque course, le matin, ils ont une préparation physique. C’est un vrai sport comme les autres ».

Malgré ces préjugés et le coût important des compétitions, Camille n’imagine cependant pas renoncer au milieu du sport automobile. Pour preuve, il n’a qu’une idée en tête : « Devenir pilote de Formule 1. » Dans le cas où il n’y parviendrait pas, il voit dans le métier « d’ingénieur automobile » une véritable roue de secours pour vivre professionnellement de sa passion pour le sport automobile.

De son côté, Jean-Pierre Vosnier garde espoir et espère que le karting se démocratisera encore davantage durant les prochaines années : « Grâce aux grands prix de Formule 1, il y a une recherche qui est faite par les journalistes ou les gens qui suivent les carrières des pilotes et on revient aux bases, au démarrage : le karting et après l’évolution [de la carrière des ­pilotes]. »

Crédit photo : Emmanuelle Mc Farlane