Des initiations géologiques pour mieux comprendre les sols

La ville d’Achères et la bibliothèque multimédia Paul Eluard organisent des initiations géologiques en vallée de Seine pour que les habitants apprennent les particularités des sols alentours.

Claudine et Michel Guillemin se sont donnés une mission originale : celle d’initier les habitants d’Achères et des alentours à la géologie locale. Ainsi, depuis 2014, en concertation avec la ville, ce couple de géologues organise régulièrement des conférences à la bibliothèque multimédia Paul Eluard devant un public diversifié composé d’adhérents de la bibliothèque, de professeurs de sciences naturelles, de passionnés et de simples curieux.

Par le biais de ces réunions qui sont généralement accompagnées de sorties sur le terrain, les habitants de vallée de Seine peuvent donc parfaire leurs connaissances des sols alentours constitués majoritairement de calcaire. Le 12 septembre, une quarantaine de personnes était ainsi venue évoquer les particularités de la boucle de Seine. Une vingtaine d’entre eux a assisté à la sortie qui a suivi deux jours plus tard.

« C’est surtout pour éveiller les jeunes mais il n’y en a pas ­beaucoup qui viennent. C’est dommage, déplore Claudine Guillemin lorsqu’on l’interroge sur l’utilité de cette initiative. Cela leur apprendrait à regarder davantage leur environnement naturel, proche, local, et puis à avoir un regard ouvert sur ce qui les entoure. » Mais, si la géologue regrette le manque d’intérêt des plus jeunes dont très peu étaient présents, elle ajoute toutefois que des professeurs de sciences naturelles qui assistent aux conférences leur demandent parfois « d’intervenir dans les ­lycées ».

Pour Michel Guillemin, la géologie ne se limite pas à la simple observation des pierres. Elle est avant tout un « outil scientifique » car elle permet notamment de suivre les évolutions climatiques sur le temps long. Or, selon lui, « certaines roches visibles à Achères ont jusqu’à 200 millions d’années […] Elles sont un véritable livre ouvert sur notre histoire ».

Pour l’expliquer, Michel Guillemin se penche sur le cas de la boucle de Seine. Après avoir constaté sans surprises durant la conférence que peu de personnes se rendaient en bordure du fleuve, il déclare : « La forme de la boucle de Seine est très intéressante d’un point de vue géologique. Elle n’est pas unique parce que les boucles sont de plus en plus marquées jusqu’à l’estuaire mais pourtant peu d’habitants de vallée de Seine s’interrogent sur cette particularité naturelle […] En fait, les méandres se forment quand on passe en période interglaciaire. À ces endroits, l’étude des roches […] permet de constater ces changements climatiques. »

En longeant les bords de Seine depuis la gare de Conflans fin d’Oise jusqu’à Achères, la sortie géologique a permis par la suite d’illustrer ses propos. Les volontaires semblaient en tout cas particulièrement enthousiastes. « Je n’y avais jamais pensé (aux particularités de la boucle de Seine, Ndlr) avant la conférence, avoue une femme en souriant. C’est vraiment très intéressant d’en parler et encore mieux d’aller sur le terrain. C’est moins abstrait. Je regarderai peut-être la Seine différemment ­maintenant. »