Parc Saint-Martin : l’étude de l’ONF met le feu aux poudres

Une trentaine d’arbres ont bel et bien été abattus dans le cadre du projet d'aménagement du parc Saint-Martin, et ce, malgré les recommandations de l’Office national des forêts.

Vent de colère à Verneuil-sur-Seine. Lundi 18 novembre en fin de séance du conseil municipal, des feuilles passent de mains en mains dans l’assistance. Il s’agit de la synthèse de l’étude de l’Office national des forêts (ONF) réalisée sur les arbres du parc Saint-Martin, le long du boulevard André Malraux, dont le maire a commencé l’élagage le matin même et envisage d’abattre.

Dans celle-ci, on découvre que les 35 arbres que le maire, Philippe Tautou (LR), présentait comme étant « malades », sont en réalité, et pour la grande majorité d’entre eux, en bon état. De quoi alerter plusieurs habitants et membres de l’opposition, mais visiblement pas assez pour faire envisager à l’édile un retour en arrière, ce dernier soulignant que le rapport ne remettait pas en cause le projet de réaménagement global du site.

La municipalité souhaite réinvestir pleinement l’espace jugé jusqu’alors « désert ». Elle prévoit d’y dédier une enveloppe de 850 000 euros afin d’installer des aires de jeux, un sentier de promenade, mais aussi de retravailler son accessibilité grâce à la construction de marches et d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite, détaillait-elle ainsi lors d’un conseil municipal en septembre.

Mais si l’optique de revaloriser le parc Saint-Martin semble plutôt faire l’unanimité, en revanche, la mention du projet qui prévoit l’abattage de trente-cinq arbres, elle, ne passe pas. « On se rend bien compte qu’il y a un potentiel à valoriser avec ce parc, cela dit, on s’interroge sur la nécessité d’abattre ces arbres », questionnait, lors de ce même conseil municipal, Tristan Fournet, conseiller municipal d’opposition avec le groupe Vivre Verneuil autrement, de la réalisation à venir, estimée à près de 90 000 euros HT. « Durant nos réflexions sur l’aménagement, les agents d’entretien m’ont recommandé de réaliser des études phytosanitaires puisqu’ils avaient constaté des nœuds et des espèces en fin de vie, qui pourraient, à terme, devenir dangereux », répondait Philippe Tautou.

C’est donc, non pas sur une, mais sur deux études que s’appuyait le maire de la commune afin d’éviter « toute accusation de payer pour un résultat allant dans le sens du projet », expliquait-il devant ses conseillers en guise de conclusion le 9 septembre dernier. Seulement, la première, commandée à une entreprise privée Arbre en ciel, atteste que les arbres pointés du doigt par le maire sont effectivement en mauvaise santé, tandis que la seconde, conduite par l’ONF, elle, juge que « l’état de santé du patrimoine arboré est, au jour du diagnostic (la phase terrain s’est déroulée le 4 septembre 2019 Ndlr), satisfaisant ».

Dans son étude, que s’est procurée La Gazette, l’Office national des forêts indique que « peu d’arbres nécessitent une intervention sécuritaire : seuls trois élagages sécuritaires sont préconisés (suppression de bois mort). Un seul abattage envisageable sur le jeune chêne rouge qui montre un dysfonctionnement physiologique sévère, compromettant son avenir. »

Si Philippe Tautou ne cache pas son étonnement à l’arrivée des résultats de l’ONF, l’édile tient cependant à en préciser l’objectif premier. « Bien sûr, j’ai été surpris mais le rapport n’avait pas pour objet de déterminer la pertinence ou non du projet », affirme le maire. « Si des arbres se trouvent mal positionnés dans le cadre de la réalisation du projet, ils sont retirés. Le rapport de l’ONF, lui, détermine l’état de santé des arbres qui sont conservés pour voir s’ils présentent des risques ou non ».

Fabienne Huard du collectif Alternative citoyenne-Verneuil, qui a interpellé le maire le 18 novembre dernier, dénonce, elle, « une vérité cachée à l’opposition et aux habitants. Le résultat de l’étude n’a été transmis que le 7 novembre aux élus minoritaires », rappelle-t-elle. « Je ne pense pas que le maire n’ait eu connaissance de ces éléments aussi tard, déplore-t-elle. De même, quand on regarde le journal municipal de Verneuil (du mois de juillet Ndlr.), celui-ci informe que les arbres sont malades tout comme les panneaux affichés devant le parc, or ce n’est pas vrai. La population n’est pas informée correctement. »

Interrogé sur cette levée de boucliers, Philippe Tautou, lui, voit en cela « une manœuvre politique de plus », liée aux prochaines échéances électorales. « Lorsque nous avons rénové le Champclos, des arbres ont été retirés pourtant personne ne m’a écrit pour dire que c’était scandaleux car nous avons replanté l’équivalent de ce que nous avions coupé, a-t-il tenu à rappeler. C’est un beau projet, les Vernoliens doivent me faire confiance. »