Les grévistes s’invitent aux vœux de l’hôpital François-Quesnay

La cérémonie des vœux de l’hôpital François Quesnay devait avoir lieu le 14 janvier. Suite à l’intrusion des membres de l’Assemblée de lutte du Mantois, elle a été annulée et reportée.

Tout était prêt. Des buffets aux médailles du travail soigneusement disposées sur une table près d’un pupitre, tout semblait parfaitement orchestré pour la cérémonie des vœux qui devait avoir lieu le 14 janvier dans une salle réservée au personnel soignant du centre hospitalier François-Quesnay. C’était sans compter sur la manifestation de plusieurs employés de l’hôpital ainsi que l’intrusion des membres de l’Assemblée de lutte du Mantois. La venue de ces derniers a conduit à l’annulation puis au report de l’événement. S’ils justifient leur présence par un soutien à l’hôpital public, leur venue a été ­diversement appréciée par les soignants.

La cérémonie des vœux n’a pas encore débuté que des salariés de l’hôpital entrent dans la salle, vêtus de noir. Silencieux, ils tournent le dos au pupitre pour former le mot « parole » et ont l’intention de rester ainsi tout au long de la cérémonie pour ­dénoncer notamment leurs conditions de travail et leurs inquiétudes concernant l’éventualité d’une diminution des effectifs. Le 26 novembre, dans un communiqué que s’est procuré La Gazette, l’Agence Régionale de Santé (ARS) prévoyait effectivement une indemnisation des départs volontaires « dans le cadre d’opérations de modernisation et de restructuration ».

« C’est un trop plein, il y en a assez ! », s’indigne une manifestante. Si elle reconnaît que la direction « est bâillonnée par les directives gouvernementales », elle déplore le manque de soutien de ses supérieurs. Pour interpeller les élus, un discours à l’attention des politiques locaux a été prononcé par une gréviste de l’hôpital dans lequel il leur est notamment demandé de leur « venir en aide » pour dénoncer la « politique d’austérité ­financière absolument inacceptable dans la fonction publique hospitalière » conduisant à des conditions d’accueil des patients « scandaleuses et dangereuses ».

Ce discours n’a cependant pas été entendu de vive voix par les élus locaux qui n’étaient pas présents en raison probablement de l’irruption des membres de l’Assemblée de lutte du Mantois dans la salle. Alors qu’elle devait assister à la cérémonie, la présidente du conseil de surveillance et candidate aux municipales à Limay, Cécile Dumoulin (LR) aurait ainsi été avertie avant même son arrivée de l’annulation des vœux. Cette conséquence semble diviser l’opinion du personnel hospitalier. Si certains s’en réjouissent en évoquant une « action d’ampleur », d’autres sont plus sceptiques.

La venue des membres de l’Assemblée de lutte du Mantois à la cérémonie des vœux de l’hôpital François Quesnay semble diviser l’opinion du personnel soignant. Si certains s’en réjouissent en évoquant une « action d’ampleur », d’autres sont plus sceptiques.

« Nous regrettons que la cérémonie ait été annulée […], affirme Bernard Landais, le secrétaire adjoint de Force ouvrière. J’invite les grévistes de l’Assemblée de lutte du Mantois à se mobiliser durant les grèves mais pas à ces cérémonies là. Des agents qui avaient fait le déplacement n’ont pas pu recevoir leur médaille du travail. »

Contactée par la suite, Cécile Dumoulin semble partager cet avis. Si elle se dit être prête à « écouter les revendications du personnel hospitalier », elle déplore néanmoins la tournure des événements et notamment la venue de l’Assemblée de lutte du Mantois. « Ils ont pris en otage une cérémonie, déclare-t-elle. Il y a un manque de respect. Qu’ils défendent leur régime particulier c’est leur droit mais ce n’est pas le lieu pour cela. »

Du côté de l’Assemblée de lutte du Mantois, le son de cloche est tout autre. « On vient manifester notre soutien au personnel hospitalier en grève depuis des mois et des mois », justifie le cheminot et syndiqué Sud Rail, Éric Bezou qui souhaitait aussi interpeller les élus et notamment ceux des « Républicains » qu’il juge favorables au ­projet de réforme des retraites.

La directrice générale du centre hospitalier, Isabelle Leclerc, n’a quant à elle, pas souhaité s’exprimer sur cet imprévu. Le lendemain, un communiqué de presse, déclarant que la cérémonie des vœux sera « reprogrammée prochainement » ajoutait qu’une réunion d’échanges avait été organisée le 14 janvier entre les organisations syndicales, la direction, les responsables de l’ARS en présence de médecins et de cadres. Elle aurait abouti à « un plan d’actions » qui « sera communiqué prochainement aux agents, notamment lors d’une réunion avec l’ensemble des personnels qui était déjà prévue fin janvier ». La date du report de la cérémonie des vœux n’a, quant à elle, pas été dévoilée.