« Déclarer notre amour à l’hôpital public. » Cette phrase a été prononcée plusieurs fois le 14 février, jour de la Saint-Valentin, par le personnel soignant en grève. Ce jour-là, le collectif inter-hôpitaux, rassemblant des syndicats tels que la CGT et la CFDT par exemple, a organisé une journée d’action pour dénoncer les conditions de travail dans les hôpitaux publics. Que ce soit au centre hospitalier François Quesnay à Mantes-la-Jolie, au centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm) ou encore à celui de Poissy Saint-Germain en Laye (Chips), cette journée a été particulièrement suivie.
Dans ces trois établissements, le manque de moyens matériels a été évoqué. « dans mon service, on manque d’un petit échographe pour vérifier s’il y a des globes urinaires, déplore Rachel Religieux Bien, infirmière à l’hôpital François Quesnay. Est-ce-qu’il faut que je mette une petite boîte aujourd’hui pour réclamer [auprès des patients] ce matériel-là parce que l’hôpital ne me le fournit pas ? Je pose la question. »
Néanmoins, si ces difficultés matérielles et notamment celle de la suppression de lits, ont été soulevées, Catherine Loric-Assous secrétaire CFDT à l’hôpital de Poissy, insiste surtout sur « la diminution de moyens humains » qui conduit à un épuisement du personnel soignant. « Du fait qu’on n’est pas nombreux, cela épuise, déclare-t-elle. On a vu les arrêts maladies augmenter dans tous les hôpitaux de France. »
Cet avis est partagé par l’aide soignante de nuit au Chimm, Sonia Hamdouchy, qui ajoute que ce manque de moyens humains nuit aussi à la prise en charge des patients. « Il y a tellement de demandes que si on rajoutait une personne, on aurait le temps de faire le soin [et] le relationnel […], explique-t-elle. Si [une patiente] pleure, tu peux lui demander pourquoi. Eux (le gouvernement, ndlr) ils voudraient qu’on dise « ah non, désolé, j’ai cinq minutes pour vous ». Sauf que nous, on ne veut pas travailler comme cela. »
Ce manque tant matériel que humain expliquerait la baisse d’attractivité des hôpitaux publics pour le personnel soignant. « Les cliniques peuvent payer trois à quatre fois plus le personnel médical, ajoute Rachel Religieux Bien. Le personnel médical ne va donc pas venir travailler à l’hôpital public à moins d’avoir vraiment l’amour de l’hôpital public. » Elle nuance toutefois son propos en ajoutant que ces derniers peuvent compter sur la présence de personnel « dévoué » permettant aux divers services de fonctionner.