Les candidats s’affrontent sur le terrain de la fiscalité

À quelques jours du premier tour des élections municipales, la campagne bat sont plein avec, en point d’orgue, la fiscalité de la commune, jugée trop pesante par bon nombres d’habitants.

Dimanche 15 mars, cinq candidats seront soumis aux urnes pour prendre les rênes de la commune. So Carrières est conduite par le maire sortant Christophe Delrieu (DVD), Agir pour Carrières a pour tête de liste, son prédécesseur, Eddie Aït (SE). Cette élection voit également la candidature de l’ex-première adjointe Khadija Gamraoui (LREM), avec la liste Faire réussir Carrières. L’élu d’opposition, Anthony Effroy (SE) avec la liste Carrément Carrières, figure également parmi les candidats. Au-delà de ce quatuor très médiatisé par les conseils municipaux, Marc Darsy (LO), ouvrier chez PSA, vient fermer la marche.

Tractage de rue, porte à porte, réunion publique et meeting, tous sont en rang de bataille depuis plusieurs semaines pour présenter leurs idées et séduire. La Gazette a suivi l’ensemble des candidats dans leurs actions et échanges avec les Carrièrois. Dans cette commune atypique tranchée par la départementale 190, où l’on trouve d’un côté des résidents installés depuis de nombreuses années et de l’autre « les nouveaux arrivants », installés dans les immeubles fraîchement construits, une préoccupation prédomine : la pression fiscale. En effet, depuis 2011, la taxe foncière des propriétaires carrièrois a fait plusieurs bonds successifs, atteignant l’un des plus hauts taux du ­département (soit 30,17 % en 2018, Ndlr).

Un sujet sur lequel s’est positionnée Khadija Gamraoui. « On ne peut pas vous promettre de baisser les impôts, ce serait illusoire et irréaliste, en revanche, on s’engage à geler le taux d’imposition communale sur toute la durée du mandat », lance la candidate, lors de son meeting organisé le vendredi 28 février au château Vanderbilt, devant une centaine de partisans. Une déclaration qui a reçu un accueil mitigé dans l’assemblée, provoquant, sous des applaudissements francs, quelques messes basses et regards désappointés.

Pour Marc Darsy, aucune promesse ne sera faite sur ce terrain, ni sur les autres d’ailleurs. Lors d’une réunion publique, ­organisée ­conjointement avec le candidat pisciacais Jean-Pierre Mercier (LO) le 29 février, le candidat a insisté sur ce point : « Contrairement aux autres candidats on ne promet rien, si ce n’est qu’on défendra les intérêts de la population. Notre programme, c’est un programme de lutte pour le bien-être. » Si Marc Darsy confie qu’il n’a « pas de programme pour une ville en tant que telle », il indique toutefois avoir identifié plusieurs problématiques a régler à l’échelle locale, notamment sur la disparition des parkings extérieurs au profit d’immeubles livrés avec des stationnements privatifs payants.

Depuis 2011, la taxe foncière des propriétaires carrièrois a fait plusieurs bonds successifs, atteignant l’un des plus hauts taux du département (soit 30,17 %en 2018, Ndlr).

« Les impôts moi, je les avais augmentés aussi, mais lui [Christophe Delrieu], il les a augmenté plus que moi : 23,9 % d’augmentation en moyenne », tonne l’ancien maire, Eddie Ait, en plein tractage dans le quartier Saint-Exupéry. Au même moment, le candidat reçoit, sur son téléphone, un message d’un habitant : « Bonjour Eddie, que proposes-tu concrètement pour baisser les impôts ? Sur les six dernières années, pour moi, c’est plus [de] 28 % d’augmentation… » En réponse le candidat indique qu’il « a pris l’engagement de les baisser dès la première année : de 2 à 5 %, on va voir ce qu’on peut faire ».

Cette préoccupation financière, Anthony Effroy en a également été témoin lors d’un après-midi dédié à l’exercice du porte-à-porte dans le quartier Saint-Louis. Dans la rue Saint-Honoré, le candidat s’approche d’un pavillon et aperçoit son propriétaire. L’élu d’opposition lui tend alors son tract mais le riverain lui pointe du doigt la pancarte immobilière accolée à la façade indiquant « vendue ». « J’ai vendu la maison, les impôts ce n’est plus possible ! gronde le Carrièrois. Quand on est arrivé on ne payait même pas 1 000 euros maintenant c’est plus de 2 000 euros. » Anthony Effroy lui répond avec l’une de ses mesures phare sur lesquelles il s’appuie depuis le début de sa campagne : « On compte réduire la taxe foncière de 10 % sur la première année suivie d’une diminution supplémentaire de 10 % sur le reste du ­mandat. »

« C’est utopique, juge Christophe Delrieu des promesses de ces deux derniers opposants. On a atteint un seuil, c’est clair, mais c’était impossible de ne pas augmenter sur les dernières années avec la coupe des dotations de l’État. » En 2016, Christophe Delrieu avait décidé de supprimer l’abattement de 15 % sur la base de calcul de la taxe d’habitation, entraînant une importante augmentation des impôts en 2017, de l’ordre de 150 à 200 euros par ménage.

« Aujourd’hui cet effort va payer, souligne l’édile, sur le palier d’un jeune couple installé dans la commune depuis 2016. Car quand l’État va supporter la taxe d’habitation, il va nous rembourser à hauteur de ce qui était en 2017 ». Un discours qui n’a pas totalement convaincu les deux jeunes Carrièrois : « J’espère que, pour nous, cela ne va pas se répercuter ailleurs… » Ainsi, pour les prochaines années, le maire sortant ambitionne de « geler les taux communaux et tous les tarifs périscolaires et extrascolaires sur la durée du ­mandat ».