À une semaine du déconfinement prévu le 11 mai, suite à l’épidémie du nouveau coronavirus Covid-19, l’effervescence règne dans les équipes municipales de vallée de Seine. Un temps jugé inapproprié par le gouvernement, le port du masque « grand public » ou chirurgical est désormais amené à se généraliser dans l’espace public. Depuis le milieu du mois d’avril, chaque mairie s’organise bon gré mal gré pour pouvoir fournir des masques à ses habitants, la plupart des mairies ayant fait appel à des entreprises privées, locales parfois, dont la production est parfois complétée par les dotations de collectivités à l’image de la Région ou du Département.
D’autres, à l’image de Vernouillet et Médan, ont choisi de monter une « manufacture » au gymnase de l’Amandier, dédiée à la confection de ces masques. Mais bien que là aussi, les méthodes diffèrent, les élus ont reconnu des difficultés à passer commande, à avoir un prix raisonnable ou à l’acheminement pour proposer au moins un masque par habitant, à partir de 11 ans.
« On a trois types de masques, deux commandes Ville et une dotation du Département », précise ce jeudi 7 mai la maire de Chanteloup-les-Vignes, Catherine Arenou (DVD). Cet après-midi là se réalise la mise sous plis des masques destinés aux Chantelouvais. « Ce qu’ils vous promettent hier vous l’avez aujourd’hui voire demain, c’est la folie, malgré des commandes […] validées le 14 avril, ajoute-t-elle de l’approvisionnement. On a eu un problème pour ceux qui venaient d’Espagne.[…] Si tout arrive dans les temps, on décide de faire quatre masques par foyer […] On en fera une deuxième dans un mois et dans un second temps on apprend aux gens à faire des masques eux-mêmes. »
La veille, à Andrésy, une soixantaine de personnes se rendaient à l’espace Julien Green, pour pouvoir distribuer les masques par secteur, après s’être lavés les mains. « C’est le point centralisateur », détaille Nicolle Gendron, adjointe aux solidarités. Quinze équipes se répartissent ainsi la ville, laissant un mot en cas d’absence, pour une distribution les 18 et 19 mai prochains.
« On a commandé 26 000 masques adultes et 4 000 enfants, auprès d’une entreprise andrésienne, Unimark, précise le maire Hugues Ribault. Nous avons une certaine fierté d’avoir organisé la remise personnelle, c’est important d’aller au contact des gens, globalement les gens respectent le confinement, […] il y a beaucoup de stress. » Si cette commande a un coût de « 90 000 euros », indique le premier adjoint Denis Faist (divers centre), le budget total lié aux équipements, comme les visières et le gel-hydroalcoolique « approchera des 300 000 euros, il y a encore des commandes en cours », poursuit-il.
La Ville a également pu compter sur des dotations de la Région, qui a distribué au total « 3,2 millions » de masques « aux maires et aux Départements pour les services à domicile, les structures médicales, médico-sociales, sociales et les fonctions essentielles des villes », indique-t-elle dans un communiqué de presse. Environ 40 000 masques ont également été distribués par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise à 700 TPE présentes en vallée de Seine, permettant d’équiper 2 345 salariés pour « une période de quinze jours », indique-t-on à GPSEO.
Le Département des Yvelines n’est pas en reste, puisqu’un million de masques ont été distribués dans les communes de moins de 15 000 habitants entre le 5 et le 10 mai pour un coût de 2,5 millions d’euros. « Les grosses communes yvelinoises ont des budgets de fonctionnement plus importants, aussi, il est de notre rôle de mobiliser les moyens humains, matériels et financiers à notre disposition, pour soutenir et accompagner les communes plus rurales de notre territoire ne disposant pas des mêmes moyens », souligne Pierre Bédier (LR), président du conseil départemental des Yvelines dans un communiqué de presse.
« Entre le début du confinement et il y a quinze jours, on a vu les prix [des masques] flamber », confirme Henriette Larribau-Gaufrès, première adjointe vernolitaine. À l’entrée du gymnase de l’Amandier, est inscrit le nombre de masques produits quotidiennement par des bénévoles, plus de 2 000 par jour. L’objectif est de créer 12 000 masques, afin de pouvoir en donner un à chaque habitant de Vernouillet et Médan. La manufacture accueille un chantier d’insertion de 16 personnes et sera ainsi ouverte jusqu’à fin août. « L’idée c’est de continuer et de faire une deuxième voire une troisième tournée », s’enthousiasme Henriette Larribau-Gauffrès.
« Il y a une logique d’économie, une logique de rendre acteurs les gens, ajoute des buts de cette manufacture l’adjointe. C’est aussi un moyen de se déconfiner et quelque part ça marche bien. On joint l’utile à l’agréable. » La maire de Médan, Karine Kauffman (SE), rappelle : « Il y avait un besoin, le point de départ ça a été qu’on en trouvait pas. » Prudente, la maire médanaise a également passé commande auprès d’Unimark et d’une autre de l’Est de la France. Elle est également en attente d’une livraison du Département. « d’ici mi-juin j’aurai distribué quatre masques par personne », analyse-t-elle.
À Poissy, la municipalité a elle choisi de se tourner vers l’entreprise val-d’oisienne Prestma, pour la commande de 40 000 masques. Distribués dans un premier temps par la Poste, une distribution était organisée la semaine dernière. « Le succès de cette opération a reposé sur l’investissement des élus, des agents et des bénévoles de la ville de Poissy, mobilisés pour la mise sous pli des masques à envoyer par La Poste et pour leur distribution cette semaine », explique Karl Olive (DVD), maire, dans un communiqué de presse.
Son homologue carriérois a également choisi la société Prestma pour confectionner une partie des 50 000 masques adultes distribués récemment. La commune a également pu compter sur les bénévoles de l’association franco-turque carriéroise pour coudre des « couvres-visage » ayant ensuite été distribués. « Une énergie et une solidarité remarquables ont été déployées pour produire entre 1 000 et 1 500 masques par jour », se réjouit l’édile.