L’usine Renault contrainte de s’adapter aux normes sanitaires

Pour garantir la sécurité des employés en période épidémique de Covid-19, le site Renault Flins a instauré des mesures sanitaires spécifiques. Les syndicats sont mitigés concernant leur efficacité.

Le quotidien des salariés de l’usine Renault-Flins a changé. Depuis la réouverture de l’entreprise les 28 et 29 avril selon les secteurs d’activités, des dispositifs particuliers ont été instaurés pour limiter les risques de transmission du coronavirus dans l’usine.

Contrôle de la température des employés à l’entrée du site, distribution de masques et de gels hydroalcooliques, réduction des effectifs et ajout de lavabos portables sont quelques exemples. Bien que les ouvriers, interrogés le 6 mai durant une visite de presse, semblaient confiants de leur utilité, les syndicats contactés par la suite ne partageaient pas tous cet avis, notamment pour le respect de la distanciation sociale.

« On s’est rapidement mis au travail pour repenser toutes les activités et garantir la sécurité des employés à leur poste de travail », affirme le directeur du site, Jean-Luc Mabire. En ce qui concerne le coût des mesures instaurées, il ajoute : « On n’a pas encore fait l’addition mais j’ai peur qu’on soit à plusieurs centaines de milliers d’euros […]. Ce sont les ordres de grandeur. » En raison de la réduction des effectifs à une équipe sur deux dans le secteur du montage, la production quotidienne estimée à environ 700 véhicules est, quant à elle, réduite de « moitié ».

Le directeur du site confie ne pas savoir quand la production repartira à la hausse. Il affirme en tout cas que les mesures sanitaires ont été élaborées en partenariat avec la médecine du travail et les partenaires sociaux. La CGT et Force Ouvrière (FO) étaient pourtant opposés à une ­réouverture avant le lundi 11 mai.

Pour le délégué syndical de la CGT, Philippe Gommard, beaucoup d’employés seraient inquiets à l’idée de venir travailler. De plus, la distanciation sociale ne serait pas suffisamment respectée. « On dénonce la proximité des postes […], déclare-t-il. La production a globalement repris sa cadence [pour l’équipe venant travailler]. Or, il faut que la cadence soit réduite pour espacer les postes. »

« On s’est rapidement mis au travail pour repenser toutes les activités et garantir la sécurité des employés à leurs postes de travail », affirme le directeur du site, Jean-Luc Mabire.

Ces déclarations ne sont en revanche pas similaires à celles obtenues auprès d’un membre du syndicat de FO, qui souhaite rester anonyme, et qui affirme que les demandes de son syndicat ont « été relativement écoutées » par la direction. En déclarant que les cadences sont diminuées et que des « pauses supplémentaires de dix minutes » ont été créées, il souligne que « les salariés sont contents de retravailler dans ces conditions. »

Cet avis est partagé par des ouvriers travaillant dans le secteur du montage interrogés durant la visite de presse. L’un d’entre eux précise toutefois que cela est notamment lié au fait de percevoir à nouveau ­l’intégralité de son salaire. Les intérimaires, eux, n’ont pas encore repris le chemin de l’usine.

Malgré les différences d’opinion entre les syndicats interrogés concernant l’inquiétude éventuelle des salariés en raison notamment du respect ou non de la distanciation sociale, ils affirment que le port du masque est difficile pour les salariés et notamment dans le secteur de la tôlerie. Pour limiter les risques d’étincelles, les salariés devraient également se munir de visières.

Alors que Jean-Luc Mabire avoue ne pas savoir si les nouvelles mesures sanitaires instaurées perdureront toutes une fois l’épidémie de Covid-19 maîtrisée, un des employés, durant la visite, considère qu’il serait dommage de voir disparaître certaines installations comme les lavabos portables. « Vu que cela a été mis en place, autant les laisser. C’est ­toujours un plus », déclare-t-il.