Pas encore installés, les nouveaux maires tentent de prendre leurs marques

Les conseils municipaux d’installation n’ayant pas eu lieu, le pouvoir de décision revient aux maires sortants, qui intègrent leurs successeurs, à des degrés divers, à la vie municipale.

Alors que le premier tour du 15 mars dernier avait vu l’élection de maires dans certaines communes, ces nouvelles équipes n’avaient finalement pu être installées la semaine suivante, suite à ­l’instauration de l’état d’urgence sanitaire.

Le pouvoir décisionnaire a donc été laissé aux anciens maires, n’ayant parfois pas souhaité se représenter ou des maires sortants, battus par leurs opposants. Si aucun des nouveaux élus avec qui La Gazette a pu échanger ne conteste cette situation, légale, les situations peuvent cependant varier d’une commune à l’autre et les tensions entre ancienne et nouvelle équipes pouvant parfois subsister.

« Tout ce qui concerne la gestion du quotidien, je continue à gérer seul les dossiers tout en le tenant informé », souligne Jean-François Fastré (DVD), le maire sortant méziérois, de la relation qu’il entretient avec le nouveau maire et ancien chef de file de l’opposition, Franck Fontaine (LREM). En revanche, Jean-François Fastré a davantage impliqué son successeur pour les décisions impliquant le futur de la commune.

« On doit embaucher un directeur des services techniques, j’ai estimé que c’était plutôt à Monsieur Fontaine de faire ce choix, détaille-t-il. […] Il y a eu une réunion très récemment sur la rentrée scolaire, je l’ai invité à faire valoir son point de vue puisque c’est lui qui aura à gérer ça dans la durée. »

L’expérience est également plutôt positive du côté de Franck Fontaine. « On a pris collégialement la décision de fermer les écoles jusqu’à nouvel ordre, on a pris aussi la décision de porter en porte-à-porte les masques, je travaille pour la commune dans l’intérêt général, complète le nouveau maire. […] On va lancer cet été la restauration de la toiture de l’école, je sais qu’il va me mettre dans la boucle, puisque la décision sur l’appel d’offres va lui revenir. »

Quelques kilomètres plus loin, à Aubergenville, le dialogue semble avoir été retrouvé entre le maire sortant Thierry Montangerand (DVD), battu par son adjoint aux travaux Gilles Lécole (LR), après une période de tensions. « Depuis le 13 mars on n’a pas eu d’échanges », déplore ce dernier de ses relations avec le maire sortant.

Mais cette absence de relations pourrait s’expliquer. Dans une publication sur sa page Facebook, datée du 2 avril, Thierry Montangerand a fait savoir qu’il avait contracté le Covid-19. « Après avoir vécu 15 jours de grandes difficultés, les médecins m’assurent que la période stricte de confinement à mon domicile va pouvoir se terminer, précisait-il. Je pourrai enfin retrouver physiquement mon bureau et mes dossiers. »

S’il regrette l’absence de réunion du bureau municipal « au moins par visioconférence », Gilles Lécole tient toutefois à souligner deux avancées. «  L’adjointe aux affaires scolaires m’a convié à deux réunions, on a réussi à avoir à peu près un consensus [sur la réouverture des écoles] », indique-t-il. La participation de son équipe à la distribution de masques a également été approuvée : « Après réunion, on s’est mis d’accord sur les moyens, je viens avec mon équipe, il vient avec son équipe et les secteurs de distribution seront partagés. Sur ce point on a trouvé un terrain d’entente. »

Rive droite, à Gargenville, les relations semblent moins apaisées entre le maire sortant Jean Lemaire (SE) et Yann Perron (SE), ­conseiller municipal d’opposition, élu dès le premier tour. Jean Lemaire a déposé une question prioritaire de constitutionnalité devant le tribunal administratif de Versailles, pour demander l’annulation du premier tour. « Je l’ai fait pour être solidaire, […] pour montrer que ces élections n’ont pas eu lieu dans des conditions normales », insiste-t-il de sa ­démarche.

Le second déplore, lui, les « trois procédures » lancées par le maire sortant « pour contredire le résultat des urnes. Il n’a pas accepté le résultat des élections », analyse-t-il. En temps de crise sanitaire, « je n’ai assisté en tout et pour tout qu’à deux réunions depuis les élections », se remémore-t-il, pointant un manque de communication. « On se voit quand on doit se voir, du fait du confinement on ne fait pas beaucoup de réunions, reconnaît pour sa part Jean Lemaire. Mais il n’y a aucune décision majeure qui est prise, on gère le courant. »

À Orgeval, le nouveau maire Hervé Charnallet (SE) avait soufflé l’idée d’installer le nouveau conseil par visioconférence, pour simplifier la vie municipale. « Jean-Pierre Juillet (SE, maire sortant ne se représentant pas, Ndlr) doit prendre des décisions d’urgence sanitaire mais aussi garder un œil sur l’avenir de la commune sans (trop) empiéter sur les décisions qui reviennent à la nouvelle équipe » analyse ce dernier, qui cautionne toutefois « à 100 % » les décisions prises autour des « distributions aux seniors, les ateliers de bénévoles, la surveillance accrue des personnes les plus vulnérables » et « certaines décisions patrimoniales indispensables ».