Elles avaient fermé leurs portes à la mi-mars, en même temps qu’était décrété l’état d’urgence sanitaire. Alors qu’une première phase de déconfinement s’opère depuis le 11 mai, les mosquées yvelinoises sont restées fermées pour l’Aïd el-Fitr, célébrant la fin du mois de Ramadan. Si aucune date n’est pour l’heure avancée, elles préparent toutefois leur réouverture, sous l’impulsion du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines (Cimy). Plusieurs conditions sanitaires sont ainsi préconisées et la prière du vendredi pourrait être divisée en deux offices.
Le 24 mars dernier, Mohamed Aït Saghir, trésorier de la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie, confiait au site internet Temps réel que sa fermeture avait « déboussolé pas mal de fidèles » et que beaucoup d’entre eux « appréhend[aient] ce début du Ramadan », le 23 avril.
Deux mois plus tard, le recteur de la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie et secrétaire général du Cimy, Mehdi Berka, relativise cependant cette appréhension : « Le Ramadan, […] c’est quelque chose qui relève de l’intime. Le Ramadan en tant que tel n’est pas une activité sociale, en revanche, la prière du soir effectivement, qui elle est propre au Ramadan, a été vécue avec une forme de frustration. […] Les gens se rendent à la mosquée, notamment pour la prière la nuit, c’est vrai que cette intensité là n’a pas été vécue cette année. »
L’épidémie a, en revanche, mis à jour la problématique du manque de carré musulmans dans les cimetières yvelinois (voir encadré). Désormais, le Cimy travaille avec les mosquées yvelinoises afin de préparer la réouverture, même si aucune date n’est pour l’instant avancée. « Il y a un protocole très fouillé du Conseil français du culte musulman, précise Mehdi Berka. Nous avons repris quatre éléments a minima, qui nous semblent vitaux et nécessaires. »
Dans un communiqué, le Cimy détaille ces quatre points qui sont « le port obligatoire du masque, la désinfection des mains à l’entrée de la mosquée, l’apport d’un tapis de prière personnel, une distanciation physique d’un mètre entre chaque fidèle, assurant ainsi une surface de 4 m² par personne. »
Mehdi Berka reste cependant clair sur un point : « C’est impossible que toutes les mosquées des Yvelines ouvrent le même jour, parce que chacune a ses particularités, chacune a une considération particulière, en revanche on demande aux mosquées qui sont dans le même territoire de se concerter et d’ouvrir avec les mêmes conditions. Par exemple nous dans le Mantois, Mantes-la-Jolie, Limay, et une de Mantes-la-Ville, on s’est vus cette semaine, notre objectif c’est d’ouvrir en même temps avec les mêmes modalités. »
Une chose est sûre, l’ouverture des mosquées se fera en « deux temps » explique Mehdi Berka. « On va commencer par ouvrir pour les cinq offices quotidiens puisqu’en termes d’affluence c’est un peu plus limité, le flux de personnes est plus facile à gérer, poursuit-il. Dans un second temps et en fonction de la situation et de l’évolution de la pandémie, on envisage d’ouvrir pour la prière du vendredi, sans doute en deux services, ce qui divisera par deux l’affluence. »
La crise du Covid-19 met en lumière le manque de carré musulmans
« Ce qu’on a dû gérer avec beaucoup de difficultés, ce sont des défunts qu’il fallait enterrer avec une majorité de villes qui n’avaient pas de carrés musulmans », insiste Mehdi Berka, recteur de la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie et secrétaire général du Cimy, des problèmes soulevés par la crise sanitaire et la fermeture des frontières internationales, empêchant de fait le rapatriement des corps des défunts dans leurs pays d’origine.
Ainsi, le Cimy a encouragé les mosquées locales à solliciter les mairies afin d’évoquer la création de carrés musulmans au sein des cimetières. Dans le Mantois, Mehdi Berka se montre plutôt satisfait des réponses obtenues. « Il y a des carrés qui commencent à ouvrir ici et là […], souligne-t-il. Nous sommes en attente d’une réponse des mairies de Rosny et Magnanville. […] De plus en plus, les maires sont sensibles aux demandes, il y a moins d’approches dogmatiques. » À Mantes-la-Jolie, une quarantaine de places ont été ouvertes dans le cimetière de Gassicourt.
À Mantes-la-Ville, l’association cultuelle El Fethe attend depuis le 15 avril une réponse du maire Cyril Nauth (RN). Selon son président, le projet était évoqué sous les précédentes mandatures, mais « cela n’aboutissait pas, le Covid a tout perturbé, cela nous a réveillé de nouveau », détaille-t-il, de la démarche. « J’en connais qui sont depuis trois semaines en attente de savoir où ils vont être enterrés », témoigne-t-il de la difficulté de certaines familles à trouver une place.
Pour les deux hommes, si ce manque de places a été révélé par la crise sanitaire, la question reste pertinente sur le long-terme. « Les générations sont là, certains ne retournent plus au pays d’origine, ils ont envie de faire leurs visites ici », insiste le président d’El Fethe.