La fusion des quatre listes tuée dans l’œuf

Malgré une tentative de regroupement entre Sophie Kérignard, Jonas Maury, Philippe Paillet et Martine Cartier, il y aura finalement deux listes distinctes face à Cédric Aoun au second tour.

À Triel-sur-Seine, le temps d’une soirée, on pensait se diriger vers un second tour à deux listes. D’un côté Cédric Aoun (SE), arrivé en tête du premier scrutin avec 32,02 % des voix, et de l’autre, le résultat d’une fusion opérée entre les poursuivants que sont Sophie Kérignard (SE) et Jonas Maury (LREM, conduit une liste sans étiquette) avec Martine Cartier (SE) et Philippe Paillet (SE). Un regroupement finalement avorté qui voit Sophie Kerignard partir seule à l’assaut de la mairie, tandis que Jonas Maury, lui, s’associe à l’élu d’opposition Philippe Paillet. Martine Cartier, la tête de la liste Triel à venir, a quant à elle annoncé son désistement.

Lundi 1er juin, dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la liste Triel autrement, sa tête de liste, Sophie Kerignard, révélait la tentative de fusion opérée en vue du 28 juin prochain. C’est au domicile de Philippe Paillet, chef de file de la liste Réagir pour Triel et non qualifié pour le second tour avec 8,12 % des voix, qu’un accord aurait été trouvé le mardi 26 mai entre les quatre candidats. C’est en tout cas ce qu’affirment trois d’entre eux.

« Nous avons conclu un pré-accord respectant les résultats du premier tour, et permettant à Sophie Kerignard d’avoir une majorité confortable », rapporte Martine Cartier de ces échanges. « On avait débouché le champagne, confie Jonas Maury, tête de liste de Triel a du talent. Pourtant, alors qu’elle tenait, ce soir-là la décision dans ses mains, Sophie Kerignard a choisi au dernier moment de ne pas revenir à la table des négociations, sans nous prévenir, faisant sauter ce beau projet. »

De cela Sophie Kerignard se défend : « Eux ont toujours entendu un oui, mais j’ai toujours dit que je ne pouvais pas donner de réponse avant de consulter mes colistiers. Nous n’étions pas prêts à tout accepter aveuglément. » La veille, lors d’une autre réunion, les négociations avaient été disputées entre les deux protagonistes au moment d’élire le candidat qui figurerait à la tête de cette union. « Jonas Maury s’est obstiné à revendiquer la place de maire malgré sa troisième place au premier tour (avec 17,02 % des voix, Ndlr) », déplore Sophie Kerignard arrivée en seconde position le 15 mars dernier avec 25,42 % des suffrages.

« Nous lui avons expliqué que notre liste avait sûrement beaucoup plus de réserve qu’elle puisque son électorat est basé sur un réseau de personnes engagées qui sont venues voter en dépit des conditions sanitaires, confirme la tête de liste de Triel a du talent. Ce qu’on proposait, c’était un binôme intelligent où Sophie [Kérignard] puisse gérer Triel dans ses frontières internes, en tant que première adjointe, et que le poste de maire me permette, quant à moi, d’activer des leviers notamment avec la ­communauté urbaine ou le Département. »

Le projet de fusion entre Sophie Kérignard et Jonas Maury « pour faire barrage à Cédric Aoun » (au centre), n’aura finalement pas lieu.

Devant le refus catégorique de Triel autrement, Jonas Maury s’est finalement plié « à ce raisonnement mathématique ». C’est-à-dire que l’importance de chaque groupe dans la composition de la liste unie devait se faire en fonction des scores obtenus au premier tour. Pour autant, dans le clan de Sophie Kérignard on soupçonnait une sous-alliance qui aurait pu la mettre en minorité au moment d’élire le maire, lors de l’installation du conseil municipal.

« Quand moi j’ai rencontré Philippe Paillet et Martine Cartier durant l’entre-deux tours, aucun des deux ne voulait s’allier à nous si Jonas Maury ne figurait pas dans la fusion, comme s’ils étaient déjà tous d’accord, grince la candidate. Quand on a étudié cette liste unie, je ne voyais pas la cohérence en terme de compétences et on m’a fait remarquer le risque de ne même pas être élue maire lors du premier conseil. »

Dès le vendredi 29 mai, soit quatre jours avant le délai de dépôt des listes en préfecture, Triel autrement a donc acté la poursuite de sa campagne sans allié. « Certains diront que nous ne jouons pas collectif. Nous assumons nos convictions et devant les alliances hétéroclites proposées par les autres candidats, nous présentons un projet cohérent », justifie Sophie Kerignard.

Car depuis ce retrait, elle est notamment accusée « de dérouler le tapis rouge à Cédric Aoun, contre qui la fusion devait faire barrage ». De cela, Jonas Maury poursuit : « On ne pouvait pas concevoir ce candidat à la tête de Triel. Il a un positionnement hyper populiste : c’est une vision assez régressive qui ne colle pas avec notre vision de l’ouverture. »

« Je ne me sentirai aucunement responsable de l’élection ou non de Cédric Aoun, assure son opposante. Je sais que partir seule c’est le choix le plus dur en apparence, mais pour moi, c’est le choix le plus facile car je ne trahis ni mes valeurs, ni celles des gens qui se présentent à mes côtés ».

De son côté, Cédric Aoun déplore des « tentatives opportunistes et illogiques. On peut se demander quel avenir aurait Triel avec des personnes qui n’arrivent pas à rassembler alors que c’est justement ce qu’on demande à un maire ». En revanche, lui compte bien de nouveaux visages parmi son équipe puisque trois colistiers de Martine Cartier l’ont rejoint. En début de semaine dernière, la candidate à qui il avait manqué une trentaine de voix au premier tour pour passer le cap des 10 %, a annoncé son retrait définitif de la campagne, précisant « qu’elle ne donnerait aucune consigne de vote ».

Autour de la table ne restaient donc plus que Jonas Maury et Philippe Paillet. Mardi 2 juin, les deux candidats ont officialisé leur fusion sous la bannière Union pour Triel, une liste positionnée en préfecture comme divers-centre. « Le challenge sera plus dur évidemment mais on veut y croire, concède l’actuel élu d’opposition qui emmène avec lui dix de ses colistiers. Suite à nos échanges avec Jonas [Maury] sur les programmes, il n’a pas été très difficile de trouver des points d’entente, sachant que les lignes directrices sont les mêmes. Nous allons remettre le sujet de la sécurité un peu plus au cœur des choses ».