Conseil municipal : le maire épluche les signatures de l’opposition

Alors qu’une plainte pour « faux en écriture » a été déposée à son encontre, Christophe Delrieu, émet dorénavant des doutes sur certaines signatures apposées sur des procurations de l’opposition.

« Faux et usage de faux », le dossier transmis le 14 mai par Christophe Delrieu (DVD), le maire sortant de la commune, au procureur de la République s’épaissit de jour en jour. Depuis plusieurs semaines, son équipe et lui épluchent les procurations utilisées par l’opposition lors des derniers conseils municipaux.

L’édile s’est lancé dans ces recherches administratives car il soupçonne certains chefs de file de l’opposition, et en particulier l’ex-première adjointe et candidate Khadija Gamraoui (LREM), d’avoir imité la signature d’une élue de son groupe Les Carriérois d’abord afin d’utiliser leurs voix dans des décisions municipales. L’opposition dénonce, elle, « une manœuvre politique à l’approche des élections », le maire étant candidat à sa succession.

« Quand ils ont déposé plainte contre moi, nous avions regardé les documents des conseils de plus près », explique Christophe Delrieu lundi 22 juin. Pour rappel, un mois auparavant, le jeudi 21 mai, les trois groupes d’opposition emmenés par les candidats Eddie Aït (SE), Khadija Gamraoui et Anthony Effroy (SE) avaient annoncé déposer plainte contre le maire pour « faux en écriture publique ». Ils l’accusent d’avoir utilisé, lors du conseil municipal du 20 mai, le pouvoir de Sylvie Crignon, adjointe en instance de démission depuis son élection dès le premier tour des élections municipales 2020 dans la commune d’Elven (­Morbihan).

« On a repéré d’abord une signature sur l’un des conseils du mois de mai qui ne semblait pas ressembler à celle qu’on avait l’habitude de voir. Et c’est là que j’ai commencé à vérifier l’ensemble des autres procurations », rapporte Christophe Delrieu, qui suspecte une dizaine de documents officiels. Pour tenter d’identifier ce qu’il lui paraît être une fausse signature, l’édile a comparé les traits posés sur les procurations « douteuses » aux feuilles d’émargement « où l’on est sûr que les élus ont signé de leur main ».

De même, le maire relève que sur certains documents, des signatures semblent avoir été photocopiées. « Si l’opposition n’avait pas assez de voix ça remet en cause la bascule de la majorité », lance Christophe Delrieu (DVD).

« Je ne savais pas que monsieur Delrieu était un expert en calligraphie, à même de déceler une fausse signature d’une vraie », souffle Khadija Gamraoui qui voit en cela « une tentative politique grossière » avant le second tour. Elle ajoute, « qu’aucun des membres de son groupe n’a contesté le ou les pouvoirs qui avaient pu lui être ­accordés ».

Sur le sujet de l’utilisation de la photocopie de signature, ­Anthonny Effroy le reconnaît : « C’est parfois plus simple avec la distance. Monsieur le maire lui-même avait une élue qui résidait en outre-mer, je suppose qu’elle ne revenait pas signer en personne à chaque fois. » N’étant pas directement visé par le maire, l’ancien maire Eddie Aït, déplore le timing de cette plainte et indique : « Moi et mon groupe ne souhaitons pas être mêlés à cette histoire. En revanche, j’aurai préféré qu’il s’explique par sur la plainte que nous avons déposé. »