Des six listes présentes au premier tour, quatre seront encore soumises aux urnes dimanche 28 juin. Se disputent ainsi le siège de maire : Patrice Jégouic (DVD), Fabien Aufrechter (LREM) rejoint par Olivier Melsens (SE), Fabienne Huard (SE) et Fabien Lemoine (PS). Malgré ses trois mois de retard, ce second tour est un événement pour la commune puisque le dernier en date remonte à 2008 et à plusieurs décennies si l’on y cherche la concurrence de quatre candidats.
Pour le scrutin à venir, chacun se veut être la figure de « l’alternative » à la majorité en place, y compris les listes ayant dans leurs rangs des élus de la majorité actuelle. Si les thèmes de l’écologie et de l’urbanisme traversent la campagne d’un programme à l’autre, tous les candidats ne portent pas les mêmes arguments.
Bien qu’il soit arrivé en tête des suffrages avec 30,01 % des voix, Patrice Jégouic, tête de liste de Verneuil l’avenir ensemble et maire-adjoint sortant, n’a pas réussi à réitérer la performance de la majorité en place avec l’élection, en 2014, dès le premier tour de Philippe Tautou (LR).
« Nous n’avions aucun espoir de passer dès le premier tour, relate Patrice Jégouic, de nouveau en campagne après que son poste d’adjoint à la communication l’ait mobilisé dans la gestion de la crise sanitaire. On a eu un taux d’abstention record avec 7 000 abstentionnistes sur 11 000 votants, même avec une prime aux sortants chez les [électeurs de] 55-80 ans, avec six listes plus le contexte, c’était vraiment particulier. »
Pour rattraper son retard sur l’élu de la majorité, Fabien Aufrechter, tête de la liste Naturellement Verneuil, créditée de 21,9 %, a annoncé une fusion de listes avec celle d’Olivier Melsens, Agir ensemble pour Verneuil, qui avait perçu 12,05 % des voix. Un rassemblement avec l’actuel élu d’opposition officialisé « dès le lendemain du premier tour, rappelle Fabien Aufrechter. Nous avions adressé une main tendue, sous forme d’une lettre ouverte à Fabienne Huard (liste Alternative citoyenne pour Verneuil créditée de 19,19 %, Ndlr) mais elle a refusé. »
Car pour les deux candidats, l’objectif de cette fusion est clair :« S’opposer à la politique de la majorité conduite par Philippe Tautou et Patrice Jégouic. » Olivier Melsens rejoint la liste rebaptisée Naturellement Verneuil ensemble avec 15 de ses colistiers.
Une perspective qui n’a visiblement pas séduit Fabienne Huard : « Quand on a fait 19 %, on parle avec tous les candidats, confie-t-elle. On ne voulait pas que les électeurs se retrouvent encore une fois dans un choix binaire où il faut éliminer un candidat plutôt que de voter pour un projet. En interne, nous avons rapidement acté le choix de ne faire aucune alliance ni avec Jégouic ni avec Aufrechter. »
Arrivé en quatrième position, le candidat socialiste Fabien Lemoine note « un effet opportuniste et girouette » chez certaines listes. « Quand nos adversaires sont Patrice Jégouic, le successeur de Philippe Tautou, la République en marche, qui porte dans son équipe d’anciens adjoints et d’anciens conseillers municipaux, on peut se dire qu’ils vont tous faire la même politique, suggère la tête de liste de Vivre Verneuil autrement, la liste de gauche. De même, quand Olivier Melsens tire sur la majorité alors qu’il a souvent voté pour leurs projets, c’est risible. À gauche, nous avons toujours été une opposition qui travaille et qui vote contre les projets auxquels elle s’oppose. »
Dans les programmes des trois poursuivants de Patrice Jégouic, c’est notamment sur les terrains de l’écologie et de l’urbanisme que se traduit le mieux ce rejet de la majorité en place.
Un point important lorsque Fabien Aufrechter et Olivier Melsens ont dû constituer, ensemble, leur nouveau programme commun. Les différences portaient essentiellement sur les deux sujets très controversés que sont la déviation de la RD 154 et la marina (voir page 4). « Concernant la RD 154, si je suis élu, il y aura une consultation mais je laisserai Olivier Melsens faire campagne contre ce projet », explique la tête de liste. Au sujet de la marina, Olivier Melsens indique qu’il s’est « rallié » à la proposition de Fabien Aufrechter : la création « d’un pôle de compétitivité ».
« Comme par hasard, le bulletin de la liste LREM est devenu vert, s’étonne de son côté Fabien Lemoine. Pour moi l’écologie c’est de gauche, associée à la droite elle est cosmétique ! Est-ce qu’avoir fait trois photos sur une piste cyclable c’est être écolo ? » Il poursuit : « Nous on voit l’écologie comme un problème systémique. Dans notre projet, le premier adjoint est l’adjoint à l’écologie pour qu’il puisse directement valider ou poser son véto sur chaque projet ».
Au-delà de son opposition contre le projet de la RD 154, martelée durant toute sa campagne, Fabienne Huard regrette « que la ville ait été privatisée et vendue à des promoteurs privés. Ce n’est pas notre ambition de développement pour Verneuil. On a choisi de rester fidèle à notre projet pour ne pas être contraint de voter des choses qui ne nous conviennent pas ».
Sur ce bilan d’urbanisation dressé par ses adversaires, Patrice Jégouic rappelle que « sur le territoire communal, huit projets sur dix sont conformes au plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), ce qui signifie que le pouvoir du maire sur les constructions est très restreint ». Souvent qualifié de « dauphin » de Philippe Tautou par ses détracteurs, il souligne : « Sur les 35 membres de ma liste il y a 20 nouveaux candidats. On m’a fait passer pour un écolo bidon mais mon programme comporte 50 mesures pour le développement durable. » Parmi elles, le candidat souhaite notamment mettre en place un conseil communal de la transition écologique.