Six-cents voix. Il s’agit de l’écart ayant permis à Sami Damergy (SE), de l’Union pour Mantes-la-Ville de reprendre la mairie des mains du maire sortant Rassemblement national, Cyril Nauth. Lors de la proclamation des résultats aux alentours de 23 h 15, l’ancien président du FC Mantois avait récolté 55,85 % des suffrages, soit 2 755 voix, son adversaire était deuxième avec 44,15 % des suffrages, soit 2 178 voix. Le scrutin a un peu plus mobilisé que le premier tour, puisque 5 226 votants se sont déplacés aux urnes, pour un taux de participation de 44,23 %, soit deux points de plus que lors du premier tour, le 15 mars dernier.
Il n’y a donc plus de mairie Rassemblement national en vallée de Seine et dans l’Île-de-France. « La gauche a voté Damergy », soupire le maire sortant lors de la projection des résultats. Il espérait pourtant bénéficier d’un report de voix des militants et sympathisants indécis et leur avait même adressé une lettre ouverte sur Facebook le vendredi 26 juin : « Je souhaite m’adresser aux sympathisants de gauche ou d’ailleurs. […] Même si vous n’avez pas adhéré à toutes mes idées vous savez que vous pouvez me faire confiance. »
Si un report des voix de gauche pourrait expliquer ces résultats, un regain de mobilisation aussi. « Il y avait des gens que je n’avais jamais vu aller voter, qui se sont déplacés », souligne un Mantevillois habitant depuis 32 ans dans la commune. Une mobilisation qui s’est notamment traduite par un score de 78,62 % au bureau de vote n°7 et de 59,52 % au bureau n°8, l’école maternelle des Merisiers, et au bureau de vote n°11, l’école des Coutures avec 71,46 %.
Sami Damergy arrive en tête dans huit bureaux de votes sur 13. La première centaine dépouillée à l’école Jean-Jaurès, donne 49 bulletins pour Sami Damergy, 48 pour Cyril Nauth et trois bulletins nuls. La deuxième, 53 bulletins pour Cyril Nauth, 35 pour Sami Damergy, cinq nuls et sept blancs. Pas de quoi décourager la colistière de l’Union pour Mantes-la-Ville, Nathalie Pereira. « Le bureau n°1 lui est toujours acquis, ce n’est pas serré dans les autres bureaux de votes », analyse-t-elle.
Les premières estimations semblent d’ailleurs le confirmer, donnant Sami Damergy en tête. La joie se fait entendre chez les soutiens de l’Union pour Mantes-la-Ville. « J’ai essayé de faire ce que j’ai pu, […] il aurait fallu une triangulaire », lâche Cyril Nauth. « Je resterai conseiller municipal d’opposition », rétorque-t-il, alors que les « Ce n’est qu’un au revoir Cyril » fusent au sein de l’école Jaurès. Quelques minutes plus tard, aux alentours de 22 h, Sami Damergy fait son entrée, entouré de ses soutiens.
Une masse entoure les deux hommes, alors que Cyril Nauth refuse de serrer la main de son adversaire. « Nous sommes toujours en contexte sanitaire, justifie Cyril Nauth de son geste avant de se montrer plus tranchant. C’est quelqu’un pour lequel je n’ai absolument aucune estime, c’est pour ça que je ne lui serrerai jamais la main. »
À quelques mètres du maire sortant, le président du Département Pierre Bédier (LR), ne cache pas sa satisfaction. « J’ai toujours pensé que Mantes-la-Ville n’avait pas un bon maire, c’était un maire légal, élu à l’issue d’un scénario invraisemblable, assène-t-il. Il n’est jamais rentré dans l’habit. […] Je suis heureux pour Mantes-la-Ville, pour les habitants de Mantes-la-Ville ils vont enfin connaître un fonctionnement normal. […] Sam Damergy c’est un garçon [à l’esprit] pratique. »
Si ses soutiens laissent éclater leur joie, Sami Damergy se montre lui pragmatique. « Cet objectif est une étape, pour s’occuper de la mairie, pour pouvoir la gérer vu qu’elle a été isolée pendant six ans », explique-t-il. De ses premières actions à venir, il poursuit : « La cohésion sociale a été piétinée, on va pouvoir enfin […] refaire fonctionner les trois CVS […], reprendre cette cohésion sociale, remettre de la médiation, faire en sorte que les enfants puissent enfin avoir des activités. »
Désormais futur conseiller municipal d’opposition, Cyril Nauth se réservait ce dimanche soir de déposer un recours « en fonction de l’écart ». Il entend désormais « incarner la seule et véritable opposition » et se montrer « cruel » envers la nouvelle majorité.