L’ambiance, surréaliste, du conseil d’installation mantevillois ce vendredi 3 juillet à la salle Jacques Brel, a été donnée dès les premières paroles du maire sortant, battu, Cyril Nauth (RN). « Ont recueilli l’Union pour Mantes-la-Jolie 2 755 suffrages », lance-t-il sous les huées du public. Loin de s’arrêter, l’ex-édile dénonce une liste « sponsorisée » par le président du Département, et termine, toujours sous les huées : « Il n’y a que la vérité qui blesse. »
La salle Jacques Brel était remplie pour assister à la clôture de six années de mandat Rassemblement national et voir l’ancien président du FC Mantois, Sami Damergy (SE) accéder au fauteuil de maire. Huées, vivats et Marseillaise ont parsemé ce conseil municipal tendu entre les deux groupes, laissant présager de l’ambiance à venir durant le mandat, Cyril Nauth ayant déposé un recours.
Au bout d’une trentaine de minutes, le dépouillement est terminé. Seul candidat, Sami Damergy a remporté les 28 voix de ses élus, les sept élus du groupe Rassemblement pour Mantes-la-Ville ayant opté pour le nom de sa colistière et ancienne maire Annette Peulvast (DVG). « On va prendre la main pendant six ans », assure dans son discours le nouveau maire. La réponse du public ne se fait pas attendre : « Plus que ça ! »
Face à Cyril Nauth qui s’excusait « d’écorcher les noms » des nouveaux élus, Sami Damergy, lui, se présente comme « binational » et « biculturel », à l’image de l’assemblée présente ce soir-là. Il souligne : « Nous n’oublierons pas non plus ceux qui n’ont pas voté pour nous. Nous devons tourner la page de six ans de divisions, six ans de politique sectaire. […] Nous devons être à la hauteur de la tâche qui nous incombe. »
Cyril Nauth demande alors la parole, qu’il peine à obtenir. « On va laisser au maire sortant le droit à la plaisanterie », lance Sami Damergy pour demander le silence. Le désormais chef de file de l’opposition tient d’abord à expliquer les bulletins Annette Peulvast, glissés dans l’urne. « Nous avons estimé que dans une équipe, quelle qu’elle soit, municipale, politique ou sportive, le chef doit être le meilleur, le plus compétent …, commence Cyril Nauth, sous les huées. […] Pourquoi vous êtes incapable de faire régner l’ordre dans cette salle ? » Sami Damergy répondra sur le même ton : « S’il vous plaît, laissez Monsieur Nauth finir sa plaisanterie. »
Cyril Nauth a ensuite attaqué son successeur. « Vous avez gagné uniquement grâce au désistement des deux listes de gauche, assène-t-il. On avait remis en cause notre légitimité après notre victoire 2014, je vous renvoie la pareille. Vous n’êtes pas plus légitime que nous. » Il a annoncé avoir déposé un recours auprès du tribunal administratif ce vendredi 3 juillet, regrettant une campagne « démagogique », pour faire annuler l’élection.
Et se lâche alors que le public s’agite : « C’est Pierre Bédier qui a gagné cette élection, grâce à ses nombreux satellites et créatures. » Il décrit notamment le directeur de publication de La Gazette, comme « propagandiste de caniveau » et « à ses heures perdues animateur de soirées couscous ». Le public se lève alors pour acclamer l’intéressé. Cyril Nauth conclura son intervention en jetant une casserole : « On ne vous fera aucun cadeau, à l’exception d’un seul ce soir. » Une Marseillaise est alors entonnée dans les gradins, faisant se lever public et élus, majorité comme opposition.
La réponse, sèche, viendra du septième adjoint, Ari Benhacoun. « Vous avez jugé que la meilleure était Annette, mais qui vous êtes pour juger, rétorque-t-il, tandis que les bravos se font entendre. Nous n’avons pas la même vision et vous nous dites on vous attend au tournant […]. Nous aurons le sens des responsabilités et nous n’avons pas de leçons à recevoir. » À propos du recours, l’élu se montre plutôt serein : « Nous irons devant le juge et nous verrons bien. Mais nous aurons aussi l’occasion, maintenant que nous avons les clés de la mairie, d’analyser un certain nombre de dossiers et nous verrons à qui ira cette casserole. »