En ce samedi de fin juin, David Rouault-Pezet et Guillaume Legrand chargent le break de la Protection civile dans leurs locaux situés à Villennes-sur-Seine. Nouilles déshydratées, soupes, boîtes de thons, biscuits et kits d’hygiène, fruits de collectes organisées deux fois par an, sont rangés dans différents compartiments. Les deux bénévoles s’apprêtent à partir en maraude pour la soirée, mais ils ne seront pas seuls.
À leurs côtés, Sébastien, éducateur spécialisé et Gabriel (prénom modifié, Ndlr), 16 ans, l’un des jeunes volontaires dans le cadre d’une convention passée entre l’association et l’établissement de placement éducatif et d’insertion du Nord Yvelines d’Aubergenville (voir La Gazette du 11 décembre 2019). Une sorte de stage d’observation, afin de présenter à l’adolescent les missions sur le terrain de la Protection civile, notamment en ce qui concerne l’aide sociale.
« Avant c’était un vendredi une semaine et on laissait un trou, c’était tous les 15 jours on va dire, souligne François Poirier, coordinateur des actions solidaires et sociales. Quand on a repris l’activité on a eu un peu plus de gens formés en interne, […] et donc on tourne le vendredi et le samedi. » Mais avant de partir en maraude, une formation est nécessaire pour le bénévole. « Il faut savoir faire face à tout type de situation et de comportement, justifie David Roualt-Pezet, cinq ans de bénévolat et 80 maraudes à son actif. Il faut aussi apprendre à gérer notre affect. »
En ce début de soirée, faute de mission assignée par le Samu social, la maraude démarre par les endroits connus des bénéficiaires. Après un rapide coup d’œil sous le pont de l’île de Migneaux, l’équipage s’arrête devant la gare de Poissy. Gabriel reste dans la voiture : « Je ne peux pas descendre, je connais trop de monde ici. » Une position que semble comprendre François Poirier : « Il faut qu’il gère son envie de faire des choses et d’aider et puis l’incompréhension de ses [amis] qu’il pourrait y avoir. »
Gabriel n’en est pourtant pas à sa première expérience caritative, il participe notamment aux distributions alimentaires des Restos du Coeur. « J’aide beaucoup les gens, quand mes parents sont arrivés en France il n’y a personne qui les a aidés, souligne de son engagement Gabriel, par ailleurs en service civique dans une structure de vallée de Seine. J’ai toujours aidé les gens, quand je vois une personne dans la rue qui fait la manche. »
Rue de Pologne, à Saint-Germain-en-Laye, David et Guillaume prennent en charge deux bénéficiaires, à la rue depuis plusieurs années. « Chaque fois qu’on a un nouveau bénéficiaire, on fait une fiche pour instaurer un dialogue et après, quand on nous envoie sur une mission, on prend le classeur, on va voir où il a l’habitude d’être », souligne Guillaume. Gabriel est mis à contribution. « Tu peux nous préparer un café sucré ? » lui demande Guillaume.
Vers 21 h 30, une mission tombe. Un bénéficiaire a composé le 115 et donne rendez-vous à l’équipe sur un parking d’un centre commercial à Coignières. J., à la rue depuis six ans, est accueilli par Gabriel et recevra un kit d’hygiène, des denrées alimentaires et une tablette de chocolat. « Même si je vis dehors, je tiens à être toujours propre sur moi. Je me débrouille pour faire ma toilette », explique ce bénéficiaire.
À la fin de la soirée, François Poirier se montre plutôt satisfait du comportement de Gabriel, prenant de plus en plus d’assurance. Et ne se montre pas fermé à accueillir de nouveaux adolescents : « Si Sébastien arrive à motiver un autre jeune, il viendra découvrir l’environnement. »