Entre solidarité et pédagogie, les jardins familiaux récoltent les bonnes idées

Aux Mureaux comme à Conflans-Sainte-Honorine, la gestion des jardins familiaux a été confiée à l’association Equalis. Si l’outil est le même, les leviers diffèrent d’une commune à l’autre.

Favoriser l’insertion professionnelle et cultiver « l’autosuffisance ». En vallée de Seine, les jardins familiaux se transforment, au fil des saisons, comme terrain privilégié des missions à vocation sociale. Si aux Mureaux comme à Conflans-Sainte-Honorine, les communes ont fait le choix de déléguer la gestion de leurs parcelles communales à l’association Equalis, toutes deux sèment des projets différents.

L’association Equalis, dont le siège social est basé à Meaux (Seine-et-Marne), use ainsi de la terre yvelinoise pour développer des initiatives « vertueuses ». Aux Mureaux, l’exploitation des potagers par les riverains en difficulté est perçue par la municipalité comme l’opportunité d’offrir une porte de sortie, plus abordable, aux circuits d’alimentation traditionnels. À Conflans-Sainte-Honorine, Equalis accompagne le public vers la transition biologique et la permaculture au travers de diverses formations.

Anciennement confiée à l’association Agir Combattre Réunir (ACR), qui a cessé d’exister, la gestion des jardins familiaux muriautins et conflanais a été transférée vers Equalis le 31 mai dernier. Dans le même temps, cette dernière a absorbé ACR et son agrément du centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), au cœur de son action dans les ­communes.

Pour Rachid Ouarti, le directeur de l’insertion et de la formation de l’association, l’objectif de ce dispositif dans la commune des Mureaux est double. « D’un côté, nous apportons une formation qualifiante dans le domaine de la permaculture à un public en réinsertion professionnelle, dans le but qu’ils puissent retrouver un emploi pérenne par la suite, explique-t-il. Et dans un second temps, nous ­constituons avec eux une équipe de huit personnes, afin qu’ils forment, à leur tour, les habitants aux techniques de ­maraîchage biologique. »

Les jardiniers en devenir sont ainsi embauchés par l’association en contrat aidé pour une durée de cinq à six mois et sont amenés à intervenir sur les quatre sites de la commune, à savoir : les jardins du Rouillard, Molière, Les musiciens et au Parc du Sautour. « On vise aussi plus loin, confie Rachid Ouarti. On réfléchit avec la mairie aux possibilités d’installer des jardins partagés sur d’autres lieux, notamment dans des résidences. »

Les Mureaux compte quatre sites de jardins familiaux : les jardins du Rouillard, Molière, Les musiciens et au Parc du Sautour.

« Les jardins familiaux sont des lieux d’acquisition, à titre gratuit, de productions de première nécessité, souligne Michel Carrière, adjoint aux sujets environnementaux de la commune. Ils ont pour vocation de permettre aux familles muriautines, qui n’ont pas de terrain chez elles, de produire et consommer leurs propres récoltes avec des procédés ­biologiques ».

En signant une convention avec Equalis c’est sur ce dernier point que la Ville a souhaité enfoncer encore un peu plus le clou. « On veut que les jardins soient cultivés et surtout cultivables toute l’année », martèle Michel Carrière, précisant que l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides est ­interdite sur l’ensemble des parcelles communales.

« Ce qui est formidable avec un tel système, c’est qu’avec leurs récoltes, les jardiniers peuvent être autosuffisants et avoir une alimentation saine à moindre coût, fait remarquer l’élu muriautin. C’est d’autant plus important dans la période post crise sanitaire que nous traversons et où le pouvoir d’achat a parfois baissé et les produits alimentaires augmenté. »

De l’autre côté de la Seine, à Conflans-Sainte-Honorine, c’est sur un axe davantage tourné vers le volet solidaire qu’Equalis se positionne. Depuis fin 2018 l’association a ouvert deux boutiques, dans la commune et à Chanteloup-les-Vignes. Elle y vend les récoltes des jardins de Cocagne, situés rue des Hautes Rayes. Il s’agit d’un chantier ­d’insertion qui produit des légumes vendus, sous forme de ­paniers, à des ­adhérents.

Sur les jardins familiaux de la Ville, l’association propose depuis le mois de mai des formations en permaculture. « On remarque une interrogation positive sur la question, se réjouit Rachid Ouarti. L’engouement autour des pratiques biologiques se fait de plus en plus ressentir que ce soit avec les riverains mais aussi avec les communes ».

Pour Laurent Brosse (DVD), le maire conflanais, l’association est « une ressource primordiale » dans la politique sociale : « La Ville ne peut pas toujours avoir une relation de proximité autant que ne peut l’avoir Equalis. Ils ont l’avantage d’être très présents dans les quartiers et d’avoir une expertise qui remonte à des ­décennies sur le territoire. »