« Pour ou contre l’actuel tracé de la RD 154 ? » Voici la question qui sera posée aux habitants de plus de 18 ans de Chapet, Verneuil-sur-Seine et Vernouillet, par voie électronique tout d’abord, du 1er au 8 octobre, en scannant sa pièce d’identité et un justificatif de domicile, puis dans les bureaux de vote le dimanche 11 octobre. Les maires de ces trois villes ont choisi d’organiser une consultation citoyenne commune sur le projet de contournement des centre-villes de Verneuil-sur-Seine et Vernouillet et porté par le Département des Yvelines depuis plusieurs décennies.
Le projet est expliqué comme suit sur le site internet du Département : « La voie nouvelle prend son origine au Nord de Verneuil-sur-Seine, au niveau du carrefour existant entre la RD 154 et la RD 59 qui dessert la base de loisirs du Val de Seine. Elle se raccorde au Sud en limite des communes de Vernouillet et de Medan. Conformément à la déclaration d’utilité publique du 25 avril 2005, elle est configurée à 2×1 voie sur toute sa longueur et n’est pas conçue pour être élargie. »
Pas question pour les trois édiles respectifs de « politiser » ce débat qui agite le secteur depuis près de 30 ans. Aussi, pour Verneuil-sur-Seine et Vernouillet, les oppositions du conseil municipal n’ont pas été associées à l’organisation de cette consultation, à l’inverse d’associations très impliquées sur le sujet comme l’Adiv-environnement ou Bien vivre à Vernouillet. Une position que déplorent les premiers concernés.
Les trois maires, Benoît de Laurens (SE) pour Chapet, Fabien Aufrechter (LREM) pour Verneuil-sur-Seine et Pascal Collado (SE) pour Vernouillet, souhaitent également que chaque camp puisse faire entendre sa voix. Et veulent que la réunion publique, organisée le vendredi 25 septembre prochain à 20 h 30 au complexe sportif François Pons, soit la plus « sereine et apaisée possible », afin de faire entendre les arguments de chaque camp. Mais dans le camp des contre, campagne et réunions supplémentaires se préparent déjà.
Dans les listes en présence de ces trois villes, la campagne municipale avait déjà été rythmée par cette question, ce qu’avait ressenti le président de l’Adiv-environnement Bernard Destombes, lors d’une manifestation contre le projet, organisée en novembre 2019. « Les candidats se rendent comptent que la population est contre ce projet », expliquait-il alors à La Gazette, soulignant que certains « ne veulent pas se positionner, ils veulent prendre connaissance du dossier […] Dans certaines listes il y a des clivages ».
Parmi les trois maires, seul Benoît de Laurens a affiché sa position lors d’une conférence de presse commune le 3 septembre dernier. « Au cours de la campagne électorale, je me suis officiellement affiché contre cette déviation », assume-t-il, ses deux homologues ayant eux plutôt porté publiquement le projet d’une consultation.
« Le gage de la réussite de cette concertation c’est que nous, en tant que premiers magistrats de nos communes, même si nous avons chacun nos positions, de fait nous nous rangerons derrière la position qui sortira de cette consultation », précise pour sa part Pascal Collado. Il avait promis de ne pas s’exprimer sur sa position en public, mais selon un acteur associatif, le maire de Verneuil-sur-Seine serait lui aussi opposé au projet de déviation.
De leur démarche, les trois maires insistent, parlant d’un engagement de campagne. « C’est l’occasion pour nous en ce début de mandat d’ancrer une des promesses que nous avions faites, poursuit Fabien Aufrechter. Cela fait [plusieurs décennies] qu’on parle de ce tracé de la RD 154, c’est un débat important dans nos communes, […] et c’est un engagement que nous avions pris pour pouvoir trancher une fois pour toutes sur le sujet en quelques semaines. »
Afin d’informer la population sur la démarche, les enjeux et les arguments de chaque camp, un document de quatre pages sera distribué aux habitants des trois communes concernées. « Souvent quand il y a un projet public, on entend principalement les contres, souligne Pascal Collado. Il est normal que les réticences, les oppositions s’expriment, mais potentiellement sur un projet tel que la RD 154, il y a aussi des avantages pour certaines populations et il est important qu’on puisse aussi apporter une objectivité. »
En tête des personnalités et institutions favorables au projet se trouve son porteur, le Département des Yvelines (qui n’a pas souhaité évoquer le sujet de la consultation, Ndlr), dont on retrouve les arguments sur le site internet. Il met notamment en avant la réduction du trafic en centre-ville « notamment dans le centre de Vernouillet, qui atteint actuellement jusqu’à 13 900 véhicules par jour », une baisse des accidents car « le nouvel aménagement offrira aux automobilistes et aux cyclistes un itinéraire mieux sécurisé et des conditions de circulation apaisées dans la zone agglomérée », ainsi que la création de « dessertes » pour les piétons et cyclistes.
Dans le camp du contre, le président de l’association Bien vivre à Vernouillet ne cache pas sa joie. « Les maires ont été très à l’écoute des arguments des associations, ils ont bien compris le pourquoi du comment des contre-arguments par rapport aux documents officiels que l’on avait », se satisfait-il, notamment sur la question de la préservation de la biodiversité et « la baisse naturelle du trafic voiture en Île-de-France ». Lui juge la démarche « encourageante, d’un point de vue citoyen ».
Que chacun puisse faire entendre sa voix, tel sera l’enjeu de cette consultation citoyenne. « Il y a eu des manifestations [contre le projet], […] pour autant, je crois que la plus grande manifestation c’est 300-350 personnes, nuance Pascal Collado. Est-ce que pour autant ces 350 personnes sont le porte-parole de plus de 25 000 personnes ? »
Du côté des différentes oppositions municipales, on regrette de n’avoir pas été associé à l’élaboration de cette consultation. À Vernouillet, la position est assumée par Pascal Collado de « dépolitiser » le débat. Il reproche également à sa prédécesseure, désormais cheffe de file de l’opposition Marie-Hélène Lopez-Jollivet (SE) de s’être positionnée durant son mandat pour le projet.
L’intéressée, elle, fait bien le distinguo. « À l’époque c’était le fruit d’une négociation entre le maire de Vernouillet de l’époque et le maire de de Verneuil de l’époque, explique-t-elle de son positionnement favorable. On revenait d’une négociation […] qui allait imposer 2×2 voies à Vernouillet en plein milieu de la plaine. Mon prédécesseur avait négocié pour revenir à 2×1 voie et à changer le tracé qui permettait de laisser plus de place aux agriculteurs. […] Les politiques se grandissent en évoluant avec leur temps. »
À Verneuil-sur-Seine, ce sont des problèmes d’agenda (voir notre édition du 26 août) qui ont rendu difficile la discussion entre opposition et majorité. « On le vit comme une vraie sanction », assène Fabienne Huard, cheffe du groupe Alternative citoyenne pour Verneuil, à la sortie de la conférence de presse du 3 septembre. À ses côtés, Jean-Marie Moreau (DVD), membre du groupe Verneuil, l’avenir ensemble complète : « On est dans une continuité d’un manque de transparence. »
Quant à la question posée, pouvant laisser entrevoir la possibilité d’un tracé alternatif, Fabien Aufrechter se montre clair : « Quelle est la garantie pour chacun qu’on puisse changer les choses, accélérer le projet où l’arrêter ce sont des choses dont on n’a pas la main, puisqu’on n’a pas eu la consultation, c’est un peu tôt pour répondre. […] On ne présentera pas de nouveau tracé lors de cette consultation. »
Jean-Pierre Grenier se montre également plutôt confiant. « Un tracé alternatif, on ne voit pas trop où il existerait de toute façon, détaille le président de Bien vivre à Vernouillet. Je dis toujours la déviation par la base de loisirs existe, il suffit de mieux l’afficher. » Mais pour Marie-Hélène Lopez-Jollivet, le doute plane : « La question ne nous semble pas satisfaisante […]. S’il y avait eu co-construction on aurait évoqué ce point et on aurait vite su s’il y avait quelque chose qui se cachait derrière, si c’était une maladresse ou une intention. »
Mise à jour du 9 septembre 2020 : L’horaire de la réunion publique du 25 septembre a été modifié.