L’écoquartier Molière fait figure d’exemple

Ces dernières semaines plusieurs communes sont venues visiter et s’inspirer de l’écoquartier muriautin. Si la Ville en dresse un bilan positif, son élu à l’environnement, lui, souhaite pousser la démarche encore plus loin.

« Il y a plein de choses sur lesquelles on peut s’inspirer », relève Line Magne (PS), la maire de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), repartie des idées plein la tête après sa visite, ce vendredi 11 septembre, de ­l’écoquartier Molière des ­Mureaux.

En vue de ses propres projets d’urbanisme, l’édile de cette commune de 18 000 habitants a exprimé sa volonté de venir découvrir l’écoquartier muriautin qui a obtenu, fin 2018, la « phase 4 Ecoquartier vécu et confirmé », la plus haute distinction pour un aménagement urbain respectueux de l’environnement. Et elle n’est pas la seule puisque la Ville de Valenciennes (Nord) lui a succédé sept jours plus tard, et celles de Grigny (Essonne) et Trappes sont attendues dans les prochaines semaines.

Élus, services de la Ville, et représentants de l’aménageur public, ce vendredi, c’est une délégation d’une dizaine de personnes qui a été reçue symboliquement au pôle Molière, véritable colonne vertébrale de ce projet vieux de presque 20 ans. Au programme : bilan, visite des différentes installations, mais surtout un retour d’expérience présenté par Michel Carrière, adjoint à l’environnement, dont le regard est désormais tourné vers « la cinquième phase » de l’écoquartier.

L’écoquartier Molière, est un vaste projet de renouvellement urbain, subventionné à hauteur de 100 millions d’euros par l’Anru (Association nationale de renouvellement urbain), afin de réhabiliter et proposer une nouvelle offre de logements et d’équipements publics. Au total, 400 millions d’euros ont été investis pour métamorphoser six quartiers situés au sud de la commune, sur 70 hectares, où vivent 15 000 habitants.

« Il y a pleins de problématiques et de réflexion qui croisent les nôtres », relève Line Magne (PS), la maire de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), constatant des photos qui illustrent la transformation du quartier de la Vigne blanche.

« L’objectif était de travailler conjointement sur l’environnement, l’énergie, la mobilité et l’urbanisme bien sûr », rappelle Michel Carrière qui pilote le projet depuis son premier mandat en 2001. « Il y a plein de problématiques et de réflexions qui croisent les nôtres », relève Line Magne constatant des photos qui illustrent la transformation du quartier de la Vigne blanche. « On est en train de construire notre écoquartier et on va démolir notre quartier en Anru donc vos aménagements urbains nous ­intéressent beaucoup », poursuit-elle.

Dans un exposé très technique, Michel Carrière est alors longuement revenu sur ce qui a été mis en place pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, pour économiser l’eau ou encore pour favoriser les mobilités douces. La rencontre s’est ensuite poursuivie dans les rues de l’écoquartier avec deux techniciens de la Ville pour aborder les choses de façon plus concrète. Une approche qui semblait davantage piquer la curiosité des élus de Moissy-Cramayel.

« Toutes ces problématiques, aujourd’hui au niveau des élus, on est de plus en plus à se poser des questions, confie Line Magne devant les noues de la rue Jean Jacques Rousseau, la réponse écologique des Mureaux sur le sujet de l’écoulement des eaux pluviales. On a un écoquartier, mais on peut mieux faire, donc on est très avides de rencontrer des villes où on a l’impression que ces sujets-là sont très complets. » Depuis 2001, le quartier muriautin a été primé à de multiples reprises.

« Ce qui me fait plaisir, c’est qu’on a réussi à faire quelque chose de beau dans un endroit qui n’était pas considéré », sourit Michel Carrière vantant les mérites de ses infrastructures. Cela dit, pour l’élu muriautin « il y a encore beaucoup de choses perfectibles ». Et notamment sur le nouveau parc de logement social où 1 100 d’entre eux ont été démolis et 1 600 réhabilités. « Le retour qu’on a, c’est que les gens semblent satisfaits, mais je suis un peu triste quant à l’utilisation, ajoute l’adjoint à l’environnement. Aujourd’hui pour une famille en logement social, le sèche-linge n’est pas une priorité donc ce qui se passe, c’est qu’on remet le linge à sécher dans des appartements ­performants… »

Pour répondre à ces pertes énergétiques, l’élu s’interroge sur une éventuelle utilisation des toits d’immeubles et également sur la sensibilisation de la population pour former des « écocitoyens ». « Si on retrouve les mêmes problèmes que quand on a déconstruit, on n’aura pas gagné », prévient Michel Carrière.

Interrogés par les élus de Seine-et-Marne sur la participation des habitants dans le projet, Michel Carrière détaille la politique de la Ville en ce sens : « Ils ont été concertés, on leur a demandé leur avis, maintenant c’est comment vont-ils participer à la vie et aussi à l’entretien. » Selon l’élu, « c’est aujourd’hui plus que jamais » le temps d’associer les riverains, puisque comme il le martèle régulièrement : « L’écoquartier n’est pas fini ! »

La municipalité s’est d’ailleurs positionnée pour engager, à l’image des distinctions du ministère de la cohésion des territoires, la « phase 5 » de l’écoquartier Molière, une invention de Michel Carrière lui-même. Le maire, François Garay (DVG) semblait d’ailleurs découvrir cette nuance lors d’un échange avec son adjoint durant le conseil municipal du 29 janvier dernier.

Ce soir-là, Michel Carrière regrettait que les engagements écologiques de la Ville ne soient pas inscrits dans un nouvel avenant à la convention « Action Cœur de Ville ». Grâce à ce dispositif du ministère de la cohésion des territoires, la municipalité envisage de mettre, à leur tour, la ville historique et la gare sur la voie d’une rénovation écologique.

« Chaque fois j’ai des frustrations quand on parle de Coeur de ville, souffle l’adjoint avec la délibération dans les mains. Sur l’écoquartier pas un mot, sur l’adaptation au changement climatique rien […], sur la question de l’énergie, que dalle… On a des gens qui vont signer cela et on ne réaffirme pas ces principes. » À cela François Garay l’assure : « On a dit que ce serait un écoquartier […] je ne vais pas le rappeler toutes les cinq minutes ! D’autant plus que l’on a retenu l’écoquartier niveau 5 ».

« Cela, on l’invente. Cela n’existe pas », répond Michel Carrière. Pour lui, cette cinquième étape aura pour objectif d’assurer, au fur et à mesure, « la pérennité du projet et non venir faire un relooking dans 20 ans ».