« Chanteloup-les-Vignes, Conflans-Sainte-Honorine, Les Mureaux, Mantes-la-Jolie, Vernouillet, Carrières-sous-Poissy et Achères depuis septembre. » Sur les 14 permanences vaccinales gratuites recensées dans les Yvelines, il s’agit de la liste communiquée le 7 octobre par l’Agence régionale de santé (ARS), en charge de leur gestion, de celles présentes en vallée de Seine. Bien qu’accessibles à tous, tant aux enfants à partir de deux ans, pour le rattrapage des premières vaccinations, qu’aux adultes, les permanences vaccinales sont particulièrement dédiées aux « publics précaires et vulnérables dont l’accès au soin est difficile ».
« Tous les gens peuvent venir […]. Là, spécifiquement, pour le Covid, on fait prendre des rendez-vous pour éviter qu’il y ait du monde mais on prend quand même les gens », expliquait le 2 septembre, lors de l’ouverture de la permanence vaccinale à la maison de quartier Jules Verne, à Achères, le médecin généraliste et hospitalier responsable du département de santé publique et du service de vaccination dans les Yvelines, situé au centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm), Benoît Coudert, avant d’ajouter : « Notre premier choix [pour s’implanter] c’est la pertinence du lieu où il y a plus de gens qui ont des difficultés ou qui n’ont pas accès aux soins. »
Sa déclaration se confirme le 9 septembre, lors d’une permanence vaccinale au centre médico-social Frédéric Chopin, à Mantes-la-Jolie. Ce jour-là, devant la vingtaine de personnes venues se faire vacciner, dont certains n’avaient pas pris de rendez-vous, les consultations hebdomadaires s’enchaînent au-delà des horaires habituels d’ouverture de la permanence mantaise, de 13 h 30 à 15 h, pour le docteur Fiona Gauthier, nouvellement arrivée au Chimm. « Il y en a qui n’ont pas de médecins traitants, il y en a qui n’ont pas de couverture sociale », résumait-elle, à l’issue des consultations, du profil majoritaire de ces patients. Parmi eux, deux jeunes mineurs de 16 et 17 ans venus d’Afrique et résidant à Mantes-la-Jolie depuis quelques mois, sont présents. « C’est La croix rouge qui nous a dit de venir, affirmaient-ils. On n’a pas de médecin traitant. »
La forte affluence à la permanence de Mantes-la-Jolie ne semble pas étonner l’ARS qui affirme qu’il s’agit d’une des permanences vaccinales les plus anciennes du département. Revenant sur la déclaration de Benoît Coudert, elle précise également que les lieux des permanences vaccinales ne sont effectivement pas définis aléatoirement. Ainsi, en plus du « critère de la disponibilité médicale » et de « la volonté des acteurs locaux, en termes de mise à disposition des locaux, d’appui administratif et de promotion du dispositif », elle s’appuie également sur les études « de la population du bassin et prioritairement en territoire QPV (Quartiers prioritaires de la politique de la Ville, ndlr) » pour décider ou non de l’implantation d’une permanence vaccinale dans une commune.
Bien que l’édile de Chanteloup-les-Vignes et ancienne médecin, Catherine Arenou (DVD) affirme que tout le monde peut prétendre à venir se faire vacciner durant les permanences vaccinales, elle tempère néanmoins son propos par la suite. « Ce qu’il faut c’est proposer une vaccination à des gens qui sont éloignés de la prévention vaccinale et pas [seulement] à ceux pour qui ce serait plus simple, qui ont un médecin traitant et qui, en passant voient de la lumière et se disent « tiens, je vais me faire vacciner ». Non, ce n’est pas cela qu’on veut », lâche-t-elle en précisant toutefois que la vaccination ne dépend pas du fait d’avoir ou non un médecin traitant.
Pourtant, aux Mureaux, l’adjoint en charge du sport et de la santé, Damien Vignier, pense que la permanence vaccinale, organisée dans sa commune à la maison médicale de garde les deuxièmes et quatrièmes mercredis de chaque mois, de 13 h 30 à 15 h 30, réunit un plus large public. « Nous on a tendance à avoir une population assez large, explique-t-il. Quand on fait une campagne vaccinale, on touche aussi les villes qui sont limitrophes. »
Cette situation ne semble néanmoins pas propre à la ville des Mureaux. Lors de l’ouverture de la permanence à Achères, Mariem, une Andrésienne de 31 ans est ainsi venue se faire vacciner uniquement en raison de la présence du docteur Coudert. « J’ai été malade, il s’est bien occupé de moi donc, du coup, je continue de le voir […], commente-t-elle. J’ai un médecin traitant mais je souhaite traiter avec lui. C’est parce qu’il est là que je suis là. »
Au-delà des « personnes éloignées de la prévention », la présence d’un public diversifié au sein des permanences vaccinales n’étonne cependant pas Catherine Arenou. « Vous avez vu les centres Covid, à partir du moment où vous les installez, les gens viennent, déclare-t-elle. Là, on est dans l’urgence mais quand on n’y est pas, à partir du moment où vous créez la journée de vaccination, eh bien du coup, les parents regardent les carnets de vaccination de leurs gamins, se disent « moi je ne sais pas où est mon carnet de vaccination » et cela suscite l’envie d’aller se faire vacciner. »
Malgré tout, selon Benoît Coudert, cet enthousiasme est toutefois à modérer puisque certaines permanences vaccinales peuvent fermer leurs portes. « Lorsque les centres ne fonctionnent pas, qu’il y a peu de monde sans qu’on ait forcément les explications, il peut arriver de fermer », explique-t-il. Ce propos est confirmé par l’ARS qui ajoute que la permanence vaccinale de Maurepas a ainsi fermé ses portes il y a quelques années en raison d’un manque de médecins et de faibles vaccinations pratiquées. « Tout bêtement, c’est le nombre de gens qui viennent [qui peut décider de la fermeture ou non d’une permanence] », poursuit Benoît Coudert.
Quoi qu’il en soit, selon Damien Vignier, en permettant à tous de se faire vacciner, les permanences vaccinales représentent un véritable enjeu de santé publique. « Il faut vraiment se dire qu’un vaccin, cela sauve des vies […], lâche-t-il. Il y a des maladies qui ont disparu grâce aux vaccins ! C’est donc important que les gens soient vaccinés et qu’ils continuent à le faire. » Le docteur Fiona Gauthier nuance néanmoins le propos de l’élu muriautin. « En France, ce sont des maladies dont on n’entend pas trop parler parce que justement la vaccination est systématique mais ce sont des maladies qui existent clairement, qui sont encore actives », précise-t-elle.
À l’heure où la recherche d’un vaccin contre le coronavirus revient régulièrement dans les sujets d’actualité, Damien Vignier espère que la médiatisation de la vaccination trouvera un « écho » auprès de la population de la vallée de Seine pour inciter les habitants à se faire vacciner. Alors qu’une baisse de fréquentation de la permanence muriautine a été enregistrée au printemps en raison du confinement, l’élu s’attend même à « un rebond » des vaccinations durant la période automnale en raison de l’épidémie de grippe. « On a tout intérêt que les personnes se fassent vacciner contre la grippe […], conclut-il. Si elles avaient un doute à aller se faire vacciner ou pas, je pense que cette année, il faut vraiment qu’elles le fassent. »
D’après les soignants présents à Achères, de telles vaccinations seront tout à fait possibles durant les permanences vaccinales. « Si les gens viennent avec leur vaccin contre la grippe, on peut les vacciner », explique-t-ils. Selon l’adjointe en charge de l’action sociale, de la santé et des seniors à Conflans-Sainte-Honorine, Joëlle Devos, le vaccin contre la grippe pourra également être réalisé en pharmacie avec des pharmaciens volontaires. Quoi qu’il en soit, au total, tout vaccin confondu, l’ARS indique que, dans les Yvelines, en 2019, « 2 418 personnes ont été vaccinées » par le biais du « centre de vaccination départemental porté par le Département de Santé publique du Chimm ». Parmi elles, « 521 » personnes ont consulté la permanence vaccinale à Mantes-la-Jolie.
La distraction des enfants pendant la vaccination, un véritable enjeu
Des diplômes de courage. Voici ce qu’ont reçu, le 2 septembre, les jeunes enfants venus se faire vacciner lors de l’ouverture de la permanence vaccinale à Achères. Au-delà de les récompenser pour être restés sages malgré parfois quelques pleurs, ce diplôme est avant tout conçu, selon les soignants présents ce jour-là, pour les détendre. Pour cela, des bulles étaient également diffusées dans la salle.
« Pour les enfants, on essaye de faire le soin sous la forme de jeux. On essaye de s’évader un peu dans l’imaginaire de l’enfant ou en tout cas d’essayer de le détendre. Plus il est détendu, moins il aura mal car le muscle sera détendu », explique-t-on.
Mais-au-delà du fait de limiter la douleur, l’enjeu est également de véhiculer l’image la plus positive possible de la vaccination à l’enfant. « Il aura un bon souvenir, poursuit-on. Du coup, entre ses six et ses 11 ans, il ne dira pas à ses parents « non, je ne veux pas me faire vacciner » et les parents vont, par la suite, oublier » de le faire.