Éviter la fermeture des collèges mais ne pas accueillir tous les élèves simultanément. L’équation est difficile. Elle est pourtant revendiquée par des professeurs grévistes et parents d’élèves de plusieurs établissements. S’inspirant des récentes grèves lycéennes ayant obtenu gain de cause, certains demandent une réduction de la moitié des effectifs en classe pour mieux respecter le protocole sanitaire mis en place pour lutter contre la propagation du Covid-19.
« [L’idéal] ce serait de faire des demi-groupes au sein des classes pour qu’on soit au maximum 14 ou 15 élèves pour avoir une réelle distanciation physique », déclare, le 10 novembre, l’enseignante en mathématiques du collège Galilée à Limay et déléguée syndicale du SNES-FSU, Hélène Delaunay, en insistant sur le fait qu’ils sont actuellement entre 28 et 30 élèves par classe. Ce jour-là, le collège recensant environ 550 élèves comptabilisait « 76,6 % des enseignants grévistes » et l’absence de la totalité des assistants d’éducation (AED).
« Il faudrait peut-être garder les emplois du temps des élèves : les lundis et jeudis, cela pourrait être les groupes un qui sont en classe, les mardis et vendredis tous les groupes deux et la semaine d’après on inverserait pour qu’on garde l’emploi du temps », poursuit-elle de sa réflexion.
Cette solution semble convenir à Christine Boutry, la déléguée FCPE des parents d’élèves au collège limayen Albert Thierry ayant participé la semaine dernière à l’opération « collège vide » visant à soutenir le mouvement enseignant en désertant l’établissement de ses élèves. La présidente de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (Peep), Cécile Ribet Retel est, elle, plus réservée. « On nous dit que si c’est du 50/50 cela n’aura pas d’incidence sur les programmes, c’est-à-dire qu’ils verront quand même tout le programme […], explique-t-elle en se basant sur le cas de son fils aîné en terminale. J’ai une bonne partie des parents avec lesquels je discute qui souhaitent conserver au maximum le présentiel. »
Bien que Cécile Ribet-Retel soutienne les enseignants, son attention se concentre davantage sur la nécessité de renforcer la désinfection des locaux et notamment des tables de cantine. « Dans certains établissements, le personnel qui assure le nettoyage des tables de la cantine entre chaque service n’est pas assez nombreux, précise-t-elle. Il faut que ce soit du personnel de collège, de l’éducation nationale qui vienne en aide et qui, du coup, ne sont pas sur leur mission de surveillance des élèves. Là, cela pose un souci. » Sur ce point, elle est rejointe par Christine Boutry. « Les élèves ne sont pas à un mètre de distance à la cantine, il n’y a pas de bouteilles d’eau et ils se passent tous les brocs d’eau », témoigne-t-elle.
Si la question de la cantine ne semble pas alarmer les professeurs du collège Galilée, plusieurs d’entre eux dont Hélène Delaunay insistent néanmoins sur le manque d’aération dans les salles de cours. « Au niveau de l’aération, on a des fenêtres de sécurité donc on peut juste les entrebâiller de dix centimètres. Ce n’est pas du tout une aération suffisante », détaille cette dernière en ajoutant que selon les salles, le matériel informatique n’est pas adapté. Contactée le 13 novembre, l’académie de Versailles n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet.
Le respect du protocole sanitaire n’est cependant pas la seule préoccupation des professeurs en grève. Hélène Delaunay regrette effectivement que, depuis septembre, le conseil départemental se soit déchargé de l’achat des gels hydroalcooliques. « Cela vient peser sur le budget des établissements », regrette-t-elle.
Contacté, le Département affirme qu’il a effectivement « délégué aux établissements la question de l’approvisionnement en gel » pour permettre aux collèges d’être « plus rapides et efficaces » dans la gestion de leur stock. Il réfute cependant la question du financement. « Le Département finance intégralement toutes les dépenses des collèges à travers des dotations de fonctionnement », indique-t-on.
« Le conseil départemental offre des masques logotés [à l’effigie du Département] aux élèves mais ne fournit plus de gel hydroalcoolique : c’est de l’enfumage ! », lâche Christine Boutry en référence à l’annonce du Conseil départemental du 9 novembre d’un nouveau don de deux masques pour un coût de 386 131 euros TTC.