Benjamin Franklin à Epône ou Arthur Rimbaud à Aubergenville, dans quel collège les 34 élèves de CM2 de l’école Louis Pasteur feront-ils leur rentrée en sixième ? L’émergence de cette question, à la fin du mois de décembre, a suscité de nombreuses réactions dans le quartier d’Elisabethville où les parents d’élèves s’opposent farouchement à ce changement de secteur. S’il assure que rien n’est encore acté, le Département, gestionnaire des collèges, justifie cette mesure d’un sur-effectif dans le collège épônois. Les parents impactés dénoncent de leur côté une modification trop rapide.
Mardi 22 décembre, une délégation d’une cinquantaine de parents d’élèves s’est rassemblée en fin de journée devant la mairie pour exprimer son mécontentement. Ces habitants du quartier d’Elisabethville ont appris, depuis peu, que le collège de secteur de leurs enfants scolarisés à l’école Louis Pasteur, pourrait être amené à changer dès septembre. Les élèves du quartier ne seraient donc plus affectés au collège Benjamin Franklin comme à l’accoutumée, mais vers le collège Arthur Rimbaud situé dans la commune voisine d’Aubergenville.
« La problématique c’est d’être mis devant le fait accompli, déplore Arnaud Serpin, porte parole du collectif de parents. Ça nous laisse à peine six mois pour s’organiser. » Ce dernier craint que ce changement ne soit trop brutal pour son fils : « Ils vont être déracinés de leurs copains, c’est aussi pour ça qu’on est venu ici, les écoles sont familiales et quand ils vont au collège, ils ont leurs habitudes. »
Pourtant, « la décision n’est pas prise encore, assure Cécile Dumoulin (LR), vice-présidente du Département, déléguée aux collèges. On est dans un processus où les parents ont réagi avant même d’avoir la réunion avec toutes les explications. » La réunion entre tous les interlocuteurs est prévue ce lundi 4 janvier.
Selon l’élue, ce changement de secteur vient répondre à « une saturation » du collège épônois. Le collège Benjamin Franklin, conçu pour recevoir 600 élèves, en accueille déjà 647 cette année. « À la rentrée prochaine, les prévisions donnent entre 675 et 700 élèves puis, si l’on ne fait rien entre 710 et 740 en 2023, explique la vice-présidente. Le problème c’est surtout l’accueil au niveau du réfectoire encore plus avec le Covid… » D’après les études du Département, le déménagement des élèves d’Elisabethville permettrait ainsi, « au bout de quatre ans », de retrouver une jauge « entre 585 et 630 ».
Pour Elsa Serrano, présidente de l’association des parents d’élèves, cette situation résulte d’un « manque d’anticipation » du Département sur la question d’un second collège dans la commune. « Je trouve que ce n’est pas juste que ce so[i]t les enfants du quartier d’Elisabethville qui payent les pots cassés », juge-t-elle.
Sur ce point, le Département indique que les enfants d’Elisabethville sont les plus proches du collège Rimbaud. « Mais en terme de bus, ils vont devoir le prendre à la gare ce n’est pas très sécurisé », s’inquiète Arnaud Serpin. D’après Cécile Dumoulin, un circuit scolaire spécial devrait être affrété pour répondre à cette problématique. De même, une négociation avec l’éducation nationale devrait également être engagée pour délivrer, aux parents qui le souhaitent, une dérogation afin de réunir les fratries au collège aubergenvillois.
« Quel est le mieux pour nos enfants demain ? lance de son côté Guy Muller (LR), le maire d’Epône, laissant entendre que le changement serait bel et bien acté. Est-ce que c’est de mettre 700 enfants dans un collège de 600 avec tout ce que ça peut comporter comme problèmes, ou est-ce qu’on les met dans des conditions qui sont meilleures même si géographiquement on est un petit peu déplacé ? »
« On attend vraiment que chacun puisse s’exprimer et aussi trouver des alternatives tous ensemble », espérait Elsa Serrano quelques jours avant une visioconférence avec le Département, en imaginant déjà la possibilité d’installer des classes modulaires pour continuer de recevoir les élèves de l’école Pasteur.
Cependant Cécile Dumoulin rappelle que quatre salles de ce type ont déjà été installées pour accueillir les 50 élèves de plus. « Et puis ça veut dire qu’à terme le problème de capacité ne change pas », fait-elle remarquer.
La seule solution pour permettre que ce changement de secteur ne soit que temporaire, serait donc que le collège d’Epône fasse partie du futur plan départemental, visant à la réhabilitation d’une quinzaine de collèges, dont les noms seront dévoilés vers le mois de février. « Avec Guy Muller, on va peser de tout notre poids pour qu’il en fasse partie avec une dimension qui permette d’accueillir tout le monde », clame Cécile Dumoulin. Si tel est le cas, seules cinq ou six promotions de CM2 seraient amenées à changer de secteur, le temps des travaux.