Pour préserver la forêt de Saint-Germain-en-Laye, « il nous faut agir vite », expliquait tambour battant le maire de la commune, Arnaud Péricard (LR), au moment d’en lancer les États généraux en novembre 2017. Trois ans plus tard, les idées et financements des communes fondatrices comme celle d’Achères, pour lutter contre la pollution de ce massif forestier, commencent doucement à voir le jour. Malgré tout, en ce qui concerne la question des dépôts sauvages, il semble encore difficile d’apercevoir le bout du tunnel. Contactée, la mairie de Saint-Germain n’a pas répondu.
« Au départ, le point d’entrée c’était d’une part, le dépérissement de la forêt et d’autre part les dépôts sauvages sur lesquels on voulait intervenir », rappelle Annie Debray-Gyrard, adjointe à la mairie d’Achères et membre du comité de pilotage. Avec son importante lisière urbaine sur le domaine forestier, la commune ne pouvait que constater la dégradation écologique engagée depuis plusieurs années. Avec plus de trois millions de visiteurs par an, la forêt souffre en effet des incivilités récurrentes liées aux dépôts de déchets.
C’est pour cela qu’était organisée le 10 octobre dernier, l’opération « forêt propre ». Ce matin-là, dans la commune d’Achères, une trentaine de personnes ont arpenté les sentiers de la forêt pour ramasser plusieurs dizaines de sacs-poubelles remplis de déchets en tout genre. « Le but ce n’est pas tant le ramassage que la sensibilisation des personnes à leur environnement, confie l’élue achéroise. C’est une opération qui est menée sur toutes les villes signataires des États généraux de la forêt de façon concomitante pour que les gens se sentent associés à l’effort de tout le bassin. »
« Ça pallie l’incivilité de certains », souligne Arnaud l’un des participants. Sur une vingtaine de mètres, le père de famille de 49 ans doit s’abaisser à de nombreuses reprises pour récolter cannettes, bouteilles et bouts de plastique laissés dans les feuillages. Mais ce jogger habitué des lieux le sait bien, il ne s’agit là que de la partie immergée de l’iceberg. « Quand on rentre dans la forêt, plus loin après, ce sont les décharges sauvages, c’est surtout ça qui est révoltant, souffle Arnaud. On voit qu’il y a des gens qui sont capables de faire des centaines de mètres avec un camion pour aller déposer des gravats là ce n’est pas acceptable. »
En effet, la forêt est vulnérable de part son étendue. En étant accessible pour les promeneurs, elle l’est aussi pour les entreprises peu scrupuleuses. Pour l’Office national des forêts (ONF) et son directeur de l’agence Ile-de-France Ouest, Michel Béal, il s’agit là d’un fléau qui persiste. « C’est un problème qu’il faut prendre à bras-le-corps collectivement car ce n’est pas un problème que l’ONF peut porter, ce sont les communes qui ont cette compétence-là », explique-t-il.
À l’issue des États généraux, un plan d’action avec des opérations d’investissements a été posé sur la table, notamment pour résoudre ce problème. « Il y avait eu, pour la ville d’Achères, un budget d’investissement de 30 000 euros et de 20 000 euros sur trois ans pour le fonctionnement », dévoile Annie Debray-Gyrard.
Grâce à ces fonds, plusieurs voies d’accès où des dépôts sauvages qui avaient été recensés ont été enrochées. « Je ne sais pas si ces investissements étaient suffisants mais c’était mieux que rien, comme l’ONF n’a pas trop de moyens non plus, ça venait abonder les choses », note l’élue achéroise. La Région Île-de-France a également débloqué des fonds pour financer des caméras de verbalisation itinérantes qui circulent sur tout le massif ainsi qu’une application appelée « AC déchets » permettant de géolocaliser les déchets. « Ça ne va pas loin, mais c’est dissuasif et au moins ça a le mérite d’exister », juge-t-elle.
L’ONF a également été aidé par le conseil régional de manière à installer des dispositifs bloquant le stationnement ou l’arrêt des camions. « On a mis des merlons de terre qui empêchent le stationnement, on a mis des portiques aux entrées des parkings laissant passer que les voitures avec un système de gabarit, pour faire en sorte que les camions ou les camionnettes ne peuvent pas passer ou se stationner », détaille le directeur de l’agence Île-de-France Ouest de l’ONF de ces installations préventives.
Pour Annie Debray-Gyrard, si le territoire veut se donner les moyens de ses ambitions, cela demandera une participation plus abondante des collectivités : « Il y a encore des choses qui restent à faire, mais l’entretien annuel est évalué à 44 000 euros quand même, et c’est en ça qu’on demande aux autres villes [limitrophes] de participer aux financements. »