M’Hamed Rabiti, ancien imam et « pilier » de la communauté musulmane, est décédé

Il était notamment à l’origine de la création de l’association cultuelle Othmane Ibn Affane en octobre 1982.

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 janvier, aux environs de 3 h du matin, l’ancien imam M’Hamed Rabiti est décédé au Maroc, son pays natal. Figure de la communauté musulmane du Mantois, l’annonce de son décès a bouleversé les fidèles, regrettant la perte d’un « pilier », voire d’un « pionnier de l’Islam de Mantes ».

L’ancien résident de la rue Ambroise Paré, dans le quartier des Peintres-Médecins au Val Fourré, est en effet à l’origine de la naissance de l’association cultuelle Othmane Ibn Affane, en octobre 1982 « chargée de la gestion d’une petite mosquée et de l’éducation religieuse des enfants de la cité », se souvient un habitant du quartier, ayant suivi ses cours. Dans les sous-sols des bâtiments de cette même rue « le bailleur IRP HLM, accorde l’autorisation d’aménager, en salles de prière, les caves des 1 à 5 […] et les 7 à 11 pour la salle de prière principale », où il officiera plus de 30 ans.

Il se rappelle d’un homme qui « avait aussi un rire caractéristique, communicatif, faisant ­apparaître un visage lumineux, quasi solaire […] sous ses airs de sévérité assumée, il y avait un homme qui s’accomplissait de voir ses frères et sœurs élèves accomplis eux-mêmes. » M’Hamed Rabiti sera aussi à l’origine du transfert de cette seconde mosquée, à quelques mètres de la rue où il vivait, après que la municipalité mantaise vende à l’association cultuelle une surface de 880 m² du centre social Fragonard.

« C’est la personne qui a sorti les prières des caves vers le grand jour, se souvient auprès du Parisien un élu qui l’a fréquenté. Il fait partie de toute une génération d’anciens qui ont apporté un peu de dignité aux musulmans des quartiers. […] Lui, et sa poignée de fidèles, a réussi à se faire entendre des autorités. Ils sont les premiers à avoir compris leur importance. »

Président de l’association Othmane Ibn Affane jusqu’en mai 2016, M’Hamed Rabiti s’était depuis mis en retrait de la vie publique, à la suite de tensions internes et liées à la gestion du chantier de l’actuelle mosquée Othmane, portées devant la justice (et pour lesquelles les charges qui pesaient sur lui ont été ­abandonnées en mars 2019, Ndlr).

Discret dans les médias, il avait toutefois pris la parole pour condamner l’attentat ayant coûté la vie de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider à Magnanville. « Ma présence aujourd’hui est évidente, assurait-il à La Gazette lors de la marche hommage organisée le 18 juin 2016. Ce qui s’est passé n’est pas l’acte d’un musulman. Je ne vois même pas pourquoi ils sont appelés islamistes, ce sont des terroristes. On a tous été touchés dans notre chair. Ce sont des garants de la paix qui ont été touchés et ­personne ne veut ça. »

Par communiqué de presse, le président du Département et ex député-maire de Mantes-la-Jolie Pierre Bédier (LR), a décrit « un homme exceptionnel de gentillesse et de dévouement, d’énergie et d’engagement. En permettant l’édification de la mosquée Othmane Ibn Affane, il a laissé une trace ineffaçable à la hauteur de sa piété ».