Ambitions et inquiétudes entourent la rentrée du nouveau collège

Alors que les travaux du nouveau collège se poursuivent pour une ouverture en septembre prochain, les enseignants des collèges mutés, Chénier et Cézanne, déplorent un manque de préparation.

La semaine qui vient de s’écouler a ouvert un peu plus les portes du futur collège du quartier du Val Fourré. D’une capacité de 600 élèves, il accueillera, en septembre prochain, les élèves qui sont actuellement scolarisés dans les collèges André Chénier et Paul Cézanne. Construit avec l’objectif d’être un établissement « innovant », tant dans sa conception qu’avec la pédagogie associée, les enseignants craignent une adaptation difficile à cette nouvelle jauge d’élèves et regrettent une ­préparation trop maigre.

Jeudi 14 janvier, sur le site du chantier lancé fin 2019, il est désormais possible de se projeter. Cour de récréation, salles de classes, amphithéâtre, à moins de six mois de la livraison, l’établissement de 13 000 m² dévoile des volumes importants. « Le gros œuvre est désormais terminé, on passe à ce que l’on appelle le second œuvre », indique Sofien Kaabi, l’architecte du projet devant l’entrée du collège. Construit en forme de U, l’accueil du public se fera à l’angle des rues Marcel Doret et Marie Laurencin.

Ce nouveau collège est entièrement porté par le Département avec une enveloppe de 31 millions d’euros. « L’enjeu c’est vraiment d’ouvrir le collège sur le quartier, c’est pour ça qu’il est conçu avec des espaces aérés, végétalisés, empreint de lumière », décrit Romary Boutout, le directeur des grands projets du conseil départemental.

Du côtés des enseignants des collèges André Chénier et Paul Cézanne, qui s’installeront dans ces nouveaux locaux, on a déjà la nostalgie des petits effectifs. « C’était quand même beaucoup mieux de rester à taille humaine pour des REP + [réseau d’éducation prioritaire], regrette un professeur du collège Chénier. Là on va être plus nombreux dans un établissement plus petit. » Avec environ 270 élèves au collège Chénier et environ 300 au collège Paul Cézanne, le Département justifie ce regroupement par le fait que les deux établissements « sont aujourd’hui occupés à 30 % ».

Dans un courrier adressé au personnel des deux collèges, en date du 4 janvier, que s’est procuré La Gazette, la direction académique annonçait la supression de six postes parmi le personnel administratif et d’encadrement. « Ces suppressions ne sont pas faites pour faire des économies mais pour répondre aux doublons créés par la jonction des deux établissements », assure-t-on du côté de l’académie de Versailles. Les enseignants, eux, déplorent une « gestion hasardeuse de l’humain » et des moyens « à la baisse » pour la rentrée.

Ce nouveau collège est entièrement porté par le Département avec une enveloppe de 31 millions d’euros.

« Même si on a un bon cadre de travail, on s’attend à une rentrée difficile, ajoute, dépitée, une autre prof de Chénier. Notre autre grosse inquiétude c’est aussi qu’on rassemble les deux établissements les plus difficiles du Val Fourré et on y met directement 550 élèves. Il n’y a aucune remise en question de la carte scolaire pour permettre d’intégrer une forme de mixité et rendre viables les choses. »

Durant la visite du chantier, on souligne pourtant que le bâtiment a été réfléchi en ce sens. « Notre objectif est de réinsuffler aux élèves le désir d’apprendre grâce à un établissement lumineux avec une ouverture sur la verdure », explique Fabrice Bulteau, membre du groupe Play Bac qui est missionné par le Département pour travailler sur le projet pédagogique. « J’ai du mal à croire qu’un très beau bâtiment puisse apaiser un climat scolaire », rétorque Bastien Dupré, représentant syndical du SNES-FSU, pour les deux établissements.

Vendredi 15 janvier, enseignants, inspecteurs académiques, Département ainsi que la société Play Bac étaient réunis pour la première fois lors d’une la réunion consacrée à la préparation de la rentrée et à la construction du projet pédagogique. Car ces deux derniers portent pour ce nouveau collège un projet pédagogique « innovant » organisé autour de « maisons référentes à la manière d’Harry Potter », sourit Romary Boutout. Elles accueilleront chacune 150 élèves et visent à dépasser la notion un peu classique de classe, comme on l’entend actuellement dans les collèges ». Des salles de 60 m² permettront ainsi aux élèves de conduire leurs projets de groupes.

« Le projet pédagogique c’est nous qui allons le créer on ne va pas nous l’imposer », lance de son côté Bastien Dupré. Une autre professeure présente ­vendredi soir le rejoint : « On a l’impression que le Département dépasse ces compétences, nous le relais qu’on a de notre direction c’est que ce collège n’a pas vocation à être expérimental ou être innovant, en aucun cas nous ne souhaitons tester des dispositifs sur les élèves ».

Chez les profs, les inquiétudes se tournent désormais vers la préparation de cette rentrée avec les quelques mois qu’il reste. « Ce qui est ressenti par les équipes c’est qu’on a l’impression que c’est encore flou, vendredi on en était encore à suggérer des idées donc rien ne semble prêt, juge le représentant syndical. On n’a pas encore la dotation horaire, ni combien de professeurs, alors qu’on ouvre en ­septembre. »

Chénier vers une démolition partielle, Cézanne conservé

La rentrée dans le nouveau collège du Val Fourré en septembre 2021 actera par la même occasion la fermeture des collèges André Chénier et Paul Cézanne. Si le devenir des deux sites tend à se préciser, plusieurs pistes de reconversion sont encore étudiées de part et d’autre par le Département.

Concernant le collège Chénier, qui accueille déjà dans sa demi-pension une légumerie d’insertion, le Département souhaite « pérenniser » ce dispositif. « Le reste va être démoli pour un projet ultérieur qui se définira en lien avec la Ville » indique Romary Boutout, le directeur des grands projets du conseil départemental.

Du côté du collège Paul Cézanne, situé rue Paul Gauguin dans le prolongement de son successeur « le bâti va être préservé », assure Romary Boutout. Il précise ensuite : « Il y a un projet en cours de définition, l’idée c’est de le dédier autour des thématiques de la jeunesse et de l’apprentissage, il est à proximité immédiate du futur collège donc l’idée ce n’est pas de le changer en terme de destination globale ».