Le plan d’urgence pour les lycées, terrain privilégié de la bataille des bilans

Dans l’hémicycle de la Région, l’investissement de 900 millions d’euros supplémentaires au plan pluriannuel d’investissement des lycées, a nourri le bras de fer entre gauche et majorité.

Confronté à une importante hausse démographique dans les lycées franciliens ainsi qu’à une vétusté certaine de son patrimoine scolaire, le conseil régional a acté, lors de la séance plénière du jeudi 4 février, une rallonge de 900 millions d’euros au plan pluriannuel d’investissement (PPI) pour les lycées, adopté en 2017. Durant la présentation de cette révision, l’exécutif s’est félicité des opérations engagées depuis deux ans « au vu de la situation laissée par l’ancienne majorité ». De leurs côtés, les élus de l’opposition dénoncent « une manœuvre électoraliste » qui arrive trop tard. En mars 2017, la Région avait inscrit un investissement de 5,1 milliards d’euros pour la période 2017-2027. Ces crédits sont destinés à créer 21 600 places supplémentaires et engager 333 opérations de nouveaux lycées, d’extensions, de rénovations ou de maintenances. En doublant le montant du PPI précédent, la Région indiquait à l’époque devoir répondre à une double problématique. Selon elle, 10 % des lycées franciliens sont en sureffectif et un lycée sur trois était identifié comme vétuste en 2016, à l’image des établissements François Villon aux Mureaux et Simone-Weill à Conflans-Sainte-à-Honorine.

Quatre ans après le lancement de son PPI, une revoyure portant l’investissement à six milliards d’euros, a donc été présentée aux conseillers régionaux. « Il y a des mouvements de populations qui conduisent les familles à quitter Paris pour s’installer en petite et grande couronne, ainsi les besoins scolaires dans ces zones ne cessent d’augmenter », explique la présidente de Région, Valérie Pécresse (Libres) de l’origine de cette rallonge.

Cette dernière prévoit notamment de créer 9 000 places nouvelles supplémentaires dans des secteurs identifiés en tension « comme à Poissy (voir ci-dessus) » et de lancer 20 nouvelles opérations de rénovation en plus de celles déjà engagées depuis 2017. « Ce n’est que du plus, insiste Valérie Pécresse qui a très sévèrement critiqué le bilan de ses prédécesseurs. C’était très très difficile en 2011-2014 de penser que les lycéens nés en 2000-2003, pendant le baby-boom, auraient 15 ans en 2015-2018, c’est malheureusement arrivé. Il a donc fallu que nous nous mettions à construire des places neuves en urgence. » Selon la Région, 5 161 places nouvelles ont été créées depuis 2016 et 3 000 supplémentaires devraient être livrées pour la rentrée 2021.

« Vous vendez la lune mais vous accouchez d’une souris », répond Bénédicte Monville De Cecco (EELV), du groupe d’opposition Alternative écologiste et sociale suggérant que l’argent effectivement dépensé par la majorité pour les lycées est systématiquement en deçà du budget annoncé. Elle poursuit : « À bien regarder, les investissements et leurs exécutions, on remarque que les lycées, achevés pendant votre mandature, sont entrepris sous l’ancienne majorité. » Bénédicte Monville De Cecco est largement rejointe par Céline Malaisé (PCF) du groupe Front de gauche. « Il est bien plus aisé de poser de fausses premières pierres de nouveaux lycées durant une campagne électorale, que d’inaugurer des lycées que son propre exécutif a lui-même initié », assène la conseillère communiste.

Des attaques qui ont fait sortir de ses gonds la vice-président déléguée aux lycées, Marie-Carole Ciuntu. « On ne parle pas de lycée du XXIe siècle quand nos agents vivaient dans des conditions infâmes et quand on avait des toilettes à la turque voire même parfois pas de toilettes dans certains établissements », explose-t-elle. Un plan d’urgence pour la rénovation des sanitaires de 125 lycées franciliens avait été lancé en 2019, neuf établissements de vallée de Seine devraient profiter de ces chantiers de rénovation en 2021.

Crédits photo : CAPTURE D’ÉCRAN / SÉANCE PLÉNIÈRE DU CONSEIL RÉGIONAL