78-92 : Comment améliorer la résilience des deux départements ?

Le Conseil de développement durable interdépartemental des Yvelines et des Hauts-de-Seine a présenté ses préconisations pour mieux faire face aux conséquences de la crise en cours.

Quels enseignements tirer de la crise sanitaire et comment améliorer la résilience des territoires, face aux crises à venir ? Ce sont les questions auxquelles l’Établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine (EPI 78/92), qui mutualise certaines compétences des deux conseils départementaux, a tenté de répondre. En saisissant son Conseil de développement durable interdépartemental (C2DI). Ce dernier a présenté son rapport, composé de nombreuses préconisations, le 26 janvier à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Plusieurs réunions ont ainsi été menées de juillet 2020 à ce mois de janvier, avec des acteurs de tous horizons. L’objectif était de « dresser un panorama de la situation – de la crise sanitaire, mais aussi de ses effets dominos (crises économique et sociale) -, ainsi que d’autres risques qui s’y ajoutent (changement ­climatique, cyber-­attaques, terrorisme) », avec la période d’incertitude qui en découle, indique l’EPI 78/92 dans un communiqué. « Cette incertitude a au moins deux caractéristiques : les menaces sont globales tout en ayant des impacts locaux. [Et] une crise a des impacts en cascade, explique François Leblond, président du C2DI, face aux élus. Cela rend la crise et ses impacts d’autant plus difficiles à traiter. La complexité actuelle du monde a conduit à l’émergence de méthodes qui vont au-delà de la gestion de crise, telle la résilience. »

Le terme « résilience », central dans le rapport, désigne la capacité de faire face à une situation inédite. « Ce concept n’est pas nouveau, mais il y a un grand intérêt dans la situation actuelle, confirme François Leblond. [La résilience] nous ouvre des possibilités d’actions nouvelles, d’innovations. La résilience paraît très intéressante pour l’action publique car elle nous positionne d’emblée dans une approche systémique où on s’intéresse à toutes les politiques publiques et aux impacts en cascade. » Pour améliorer la résilience des deux départements, les concertations du C2DI ont abouti à un grand nombre de préconisations, réunies en huit thèmes couvrant en partie le champ des grandes politiques départementales. Pour chacun, les deux rapporteurs de la saisine, Agnès Bauche et Gilles de Wavrechin, ont mis en exergue les difficultés rencontrées par les différents acteurs mobilisés depuis le début de la crise sanitaire et ­plusieurs propositions concrètes.

Concernant la santé, « la ressource humaine était au cœur des préoccupations exprimées lors des séances de travail », avec de nombreuses structures où « l’épuisement se cumule à la pénurie de candidats pour renforcer l’effectif », note Agnès Bauche. Le C2DI préconise donc de « soigner ceux qui soignent en leur garantissant matériels, formations, circuits d’information, partenaires, possibilités d’innover, et aussi pour certains des logements à loyer modéré ». L’instance propose aussi que les eaux usées soient analysées « en vue de détecter la présence de virus ou de bactéries, avant même l’apparition de symptômes », par exemple « à proximité des Ehpad et des collèges ».Sur le volet social, le C2DI rappelle qu’il « faut agir vite pour aider les plus précaires et ceux qui sont sur le point de basculer dans la précarité », notamment les étudiants. Le rapport propose ainsi de « développer le vivier de jeunes bénévoles, constitué pendant le premier confinement » ou encore de « créer des réseaux de voisinage afin de soutenir dans les moments de crises les personnes fragiles identifiées ».

Du côté de l’éducation, « l’investissement des deux Départements, notamment en matière d’équipements numériques et d’accompagnement, a été salué », rappelle Gilles de Wavrechin. Il propose notamment, « afin de fédérer largement les acteurs de la jeunesse dans les situations d’urgence », de créer « une instance locale spécifique de gestion de crise, mise en place et animée par les ­Départements ». Concernant l’enjeu environnemental, l’instance interdépartementale a « souhaité que les crises actuelles n’occultent pas des crises plus sournoises comme le réchauffement climatique, susceptible de provoquer vagues de chaleur, inondations, incendies, etc., explique Agnès Bauche, avançant que des solutions existent déjà localement, mais restent encore peu pratiquées. Notre préconisation est donc de faire des deux départements, des démonstrateurs à grande échelle des solutions et savoir-faire en matière de gestion de la nature ».

Sur le volet économique, l’enjeu est de « préserver les entreprises existantes, ce à quoi les Départements se sont employés autant que l’État le leur permettait, et ouvrir les perspectives de développement sur le long terme », souligne Gilles de Wavrechin. Sa préconisation est de « renforcer le tissu économique local par des actions structurantes et notamment : le soutien au commerce, l’élaboration d’une feuille de route « économie circulaire », le développement des circuits courts ­d’alimentation ». Le rapport comprend, par ailleurs, nombre d’autres préconisations sur la culture, le sport, du tourisme, l’urbanisme, les transports, etc. Sa synthèse est à retrouver sur epi78-92.fr. François Leblond a, en tout cas, loué le « rôle fondamental joué dans cette crise sanitaire » par les Départements, et assurer qu’ils « peuvent beaucoup sur leurs territoires : ils sont des acteurs structurants de l’aménagement et du développement de la résilience naturelle, à travers la commande publique, les projets qu’ils soutiennent et ­financent. »

« Vos préconisations pour démultiplier les forces et les actions, pour faire face à l’aggravation des difficultés et à l’apparition de nouvelles précarités à cause du Covid, sont pertinentes et seront reprises pour améliorer nos dispositifs […], a adressé au C2DI Georges Siffredi (LR), président de l’EPI 78/92 ainsi que du Département des Hauts-de-Seine. Mais au-delà de l’action sociale, vos travaux montrent que la diversité des domaines d’actions départementales apporte une vraie plus-value et permet de conjuguer solidarité et attractivité au service de la qualité de vie des habitants. »

Son homologue yvelinois, Pierre Bédier (LR), estime qu’il est « trop tôt » pour dire ce qui sera mis en œuvre ou pas dans ce rapport, et prévoit qu’il sera « débattu » dans chacune des deux assemblées départementales. « On ne retient jamais la totalité d’un rapport, mais il y a des choses vraiment pertinentes, d’ailleurs pour certaines, qu’on avait imaginées nous-même et qu’on s’apprêtait à mettre en œuvre », poursuit Pierre Bédier. L’occasion de vanter une nouvelle fois les mérites de l’alliance des Yvelines et des Hauts-de-Seine. Et surtout leur fusion souhaitée, toujours dans l’attente d’une réponse du ­gouvernement.