Un photographe accusé de viols par ses jeunes modèles

Arrêté mardi 9 février, un photographe de mode est accusé de viols, d'agressions sexuelles et de violences psychologiques par plusieurs jeunes femmes.

Derrière l’objectif, l’horreur. Un photographe de mode, installé à Mézy-sur-Seine, a été mis en examen jeudi 11 février pour des faits de viols et d’agressions sexuelles. L’homme de 36 ans est soupçonné d’avoir abusé ou malmené psychologiquement sept jeunes femmes, âgées de 18 à 25 ans, passées devant son appareil photo au cours des cinq dernières années. Interpellé par la police, mardi 9 février, lui nie les faits.

Les origines de cette affaire remontent au mois de novembre 2020, lorsque l’une des plaignantes pousse la porte du commissariat des Mureaux pour porter plainte contre le photographe. Devant les enquêteurs, la jeune femme explique que le trentenaire l’a manipulée et violée à l’issue de séances photos. Peu de temps après, ce qui semble être une première libération de la parole, d’autres victimes présumées abondent à leur tour vers le commissariat muriautin bien décidées à dénoncer les agissements de l’artiste pour qui elles ont posé.

« Très vite, cette jeune femme nous a expliqué qu’elle n’était pas la seule victime et que plusieurs autres jeunes filles s’étaient regroupées par le biais des réseaux sociaux, afin de faire un dépôt de plainte collectif », rapporte une source policière. Ce sont finalement sept plaintes différentes qui ont été déposées à l’encontre du photographe méziacois par des femmes originaires de toute l’Île-de-France. Deux d’entre elles l’accusent de viols, une autre affirme avoir été victime d’une agression sexuelle. D’autres modèles rapportent, elles, « des violences psychologiques et des humiliations ». « Chaque plainte apporte ses éléments, il y a des choses qui ont été établies », précise une source policière qui n’exclut pas la possibilité de recevoir d’autres plaintes prochainement.

Déjà, au cours du mois de novembre, le photographe avait été au cœur d’un bad-buzz sur le réseau social Instagram. Selon nos informations, une vidéo le mettant en scène « en train d’hurler » sur une jeune modèle, lors d’une séance photos, avait été massivement partagée dans la sphère du mannequinat. En publiant lui-même cette vidéo, l’artiste vantait sa façon d’entraîner celles qu’il aimait appeler « ses filles ». Pour autant, c’est cet emballement numérique, qui a permis aux victimes de se manifester, se rendant compte qu’elles n’étaient pas des cas isolés.

D’après les différents témoignages recueillis, le photographe recrutait ces modèles via les réseaux sociaux. « Il propose à des jeunes filles, qui caressent le rêve de devenir mannequins, de leur faire un book et de les mettre en lien avec ses contacts dans le milieu de la mode », explique une source proche du dossier. Une prestation que le Méziacois proposait gratuitement à des jeunes femmes « pour certaines assez fragiles ­psychologiquement ».

Mais si le photographe de mode semble jouir d’une certaine notoriété dans le milieu, cette dernière ne reposerait en réalité sur pas grand chose. « Malgré ce qu’il prétend, c’est quelqu’un qui n’est pas vraiment introduit dans les hautes sphères de la mode », assure une source policière. En plus des clichés qu’il réalisait en extérieur, l’homme était installé dans une grande maison de la commune. « On n’est pas dans le luxe, nuance une source proche du dossier, c’est une ancienne très belle maison qui n’est plus entretenue et qui appartient à l’une de ses connaissances. » C’est aux crochets du propriétaire que vit d’ailleurs le trentenaire.

Selon une source, qui a souhaité garder l’anonymat, l’homme maintenait une réelle emprise sur ses modèles, jusqu’à leur interdire d’échanger entre elles ou même d’avoir des relations amoureuses. Il est également accusé d’avoir contraint certaines jeunes filles à se déshabiller devant son objectif et d’avoir filmé ou photographié les actes sexuels qui lui sont reprochés. « Certaines affirment que le suspect les a menacées de diffuser ces images sur internet », rapporte une source policière.

Placé en garde à vue en début de semaine dernière, l’artiste a nié les accusations en bloc. « Lui en a une autre lecture, pour lui, c’est du consenti, rapporte une source policière. Il y a eu des confrontations, mais il reste sur sa version. » Pour la suite, l’enquête va être reprise par un juge d’instruction, qui tentera d’aller plus loin sur certains points de l’affaire, pour la porter devant la ­juridiction ­compétente.