Qui était à la tête de cet important trafic de stupéfiants installé dans la commune de Limay depuis plusieurs mois ? Quel rôle occupait réellement son ami et bras droit présumé ? Dealer et client ont-ils dit toute la vérité ? Autant de questions auxquelles les magistrats du tribunal correctionnel de Versailles ont tenté de répondre, ce vendredi 19 février. Ces derniers ont finalement prononcé, à l’encontre des quatre suspects, des peines allant de dix mois de prison avec sursis à deux ans assortis de six mois probatoires.
Cet après-midi-là, les quatre hommes, âgés de 21 à 37 ans, repassaient pour la seconde fois devant les juges. Le vendredi 22 janvier, leur audience avait été repoussée puisqu’ils avaient tous été identifiés comme cas contacts (voir édition du 27 janvier). En attendant, la tête de réseau présumée ainsi que son dealer, avaient été renvoyés à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy sur réquisition du parquet. Les deux autres, dont l’implication dans le trafic semblait encore floue, avaient été placés sous contrôle judiciaire.
C’est d’ailleurs à cela que s’est attaché le tribunal durant une bonne partie du procès : définir le rôle de chacun des suspects qui ont tous accepté de répondre aux questions. Ils avaient été arrêtés, le mardi 19 janvier, par les policiers du commissariat de Mantes-la-Jolie, qui surveillaient leurs faits et gestes depuis un moment déjà. Lors des perquisitions, cinq kilos de cannabis, 9 000 euros en liquide, un pistolet automatique et une centaine de munitions ont été découverts au domicile du principal suspect, un homme âgé de 25 ans, résidant avenue de la Résistance.
« Le trafic a été mis à jour suite à des surveillances physiques du point de deal », rappelle des faits le juge. Les dealers avaient installé leur boutique au fond de l’Allée Diderot. Une affaire rentable qui pouvait rapporter jusqu’à « 1 100 euros par soir », selon R., l’un des suspects. Âgé de 27 ans, ce dernier a pleinement reconnu son implication en tant que dealer.
Devant le tribunal, ce dernier explique avoir été embauché par A., son voisin dans le box des accusés, qui est également suspecté par la police d’être la tête du réseau. « Quand je n’avais plus rien à vendre, A., me rapportait une recharge », assure R.. A., avait d’ailleurs été reconnu par les enquêteurs lors des transactions qu’il avait lui-même menées. Son téléphone avait donc été mis sur écoute. Par message, ses clients lui réclamaient « des trucs balaises ». Devant le tribunal, il nuance cependant son implication.
« Dans le rapport de police, il est passé de simple dealer à l’organisateur en seulement quelques pages, fustige son avocat. Celui-ci s’est vu chargé du réapprovisionnement puisque quelqu’un d’autre se chargeait désormais de la vente. » Interrogé sur son approvisionnement en drogue, A., expliquera ensuite qu’il se fournissait par les réseaux sociaux via les livraisons « d’un grand du quartier ».
Pour ce qui est du troisième prévenu, E., identifié par la police comme le bras droit de A., il semble difficile de démêler le vrai du faux. « Lors d’une écoute téléphonique A., indique à son interlocuteur qu’il n’est pas disponible mais que « sinon il y a E., au quartier » », rapporte le juge des surveillances policières. Pour autant, alors que R., avait affirmé dans sa première déclaration à la police qu’il lui arrivait parfois de donner les recettes du soir à E., il s’est finalement rétracté sur ce point.
Ce troisième suspect, lui, se présente comme un très bon ami de la tête de réseau présumée, mais assure pour autant qu’il ne partageait pas son activité. Chez lui ont été découverts 23 grammes de résine ainsi que 14 boîtes de conditionnement identique à ceux retrouvés chez son ami. « C’est ma consommation personnelle, je ne jette pas les emballages », avance-t-il alors.
Après une longue délibération, les juges ont condamné A., à purger une peine de deux ans de prison assortie de six mois de sursis. R., le dealer, lui, a écopé de dix mois de prison ferme. Dix mois de prison, avec sursis cette fois, ont été prononcés à l’encontre de E., pour détention de produits stupéfiants. En ce qui concerne le quatrième et dernier suspect, âgé de 37 ans et originaire de la Sarthe, son étiquette de simple client n’a pas été remise en question. Il a été condamné à une peine probatoire d’un an.