Le syndicat intercommunal se fracture sur la mutualisation des polices municipales

Triel-sur-Seine a confirmé son souhait de quitter le Sivucop, syndicat intercommunal ayant en charge la gestion du commissariat de Vernouillet et la vidéosurveillance. Son président indique qu’une réflexion est en cours pour l’étendre à d’autres communes de la rive gauche.

Lors de son conseil municipal du 18 février dernier, le maire SE triellois, Cédric Aoun, a fait voter une délibération actant la sortie de la commune du syndicat intercommunal à vocation unique pour le commissariat de police du canton de Triel-sur-Seine (Sivucop), pour se concentrer sur sa propre politique de sécurité et pointant une vision différente avec ses homologues de Verneuil-sur-Seine et Vernouillet. Une décision qui ne surprend pas le président et adjoint à la sécurité vernolien Michel Debjay, qui, s’il reconnaît des insuffisances au syndicat, y voit surtout une manœuvre politique. Lui préfère se concentrer sur la mutualisation des polices ­municipales vernolienne et ­vernolitaine.

Depuis le mois de septembre dernier, le Sivucop a régulièrement fait l’objet de critiques, portant notamment sur les caméras de sécurité installées à Verneuil-sur-Seine et Triel-sur-Seine. « Ça fait des années qu’on investit dans un système de vidéosurveillance qui n’est pas opérationnel, fustige ce 18 février Cédric Aoun. […] On paye 80 000 euros pour une coquille vide qui sert juste à prendre des plaintes au final, et encore. » L’achat de nouvelles caméras de vidéosurveillance est « la première nécessité du départ du syndicat », assure l’édile.

Des propos que nuance Michel Debjay. « Les dysfonctionnements, ou plutôt les insuffisances du Sivucop constatées par tout le monde et là-dessus on est d’accord, tranche-t-il. […] Il a suscité des espérances […] c’est une organisation qui n’a pas été à la hauteur des espérances qui avaient été investies dedans, pour différentes raisons. » Selon le président du Sivucop, les tensions seraient ­apparues dès le soir de son élection au mois de septembre dernier, où il était opposé à un représentant triellois : « À partir du moment où vous êtes élu et on vous dit de toute façon on ne veut pas travailler avec vous, dans la minute qui suit votre élection… […]. Je travaille avec qui veut travailler avec moi, […] pas de soucis, au revoir. »

Une autre fracture apparaît entre la rive gauche et la rive droite de la Seine sur la mutualisation des polices municipales. « La politique suivie par les villes de Verneuil et Vernouillet est en totale opposition avec notre objectif municipal de renforcer la sécurité, poursuit Cédric Aoun. […] Nous sommes contre la mutualisation des polices car nous voulons être maître de notre sécurité, c’est une compétence qui reste dans la commune, j’y suis attaché. » Et d’évoquer notamment le nouveau poste de police municipale de 300 m², mis en service à l’automne dernier, comme l’indiquait Le Parisien.

À sa suite, l’adjoint à la sécurité Pascal Gilles explique qu’au 1er avril, la police municipale comptera « 12 agents » et l’élargissement de l’amplitude horaire jusqu’à 23 h sept jours sur sept. Des raisons de refuser la mutualisation, regrettée par ses opposants, Pascal Gilles poursuit : « Plus on a du terrain, plus le temps d’intervention est rallongé. On a pu, grâce à la volonté sécuritaire de monsieur le maire, recruter des policiers municipaux, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs, donc pour recruter il faut être ­attirant. »

De l’autre côté de la Seine, les deux polices municipales comptent effectivement quatre agents chacune, «  ce qui est très insuffisant, l’objectif c’est de multiplier ce chiffre rapidement par trois », reconnaît Michel Debjay, pour porter le nombre total d’agents à 12. Mais le président du Sivucop se montre confiant : « L’outil (le commissariat de Vernouillet, Ndlr) va être attractif puisqu’il s’agit d’un bâtiment conçu, utilisé par la police nationale. Il y aura un accueil commun, et la présence de la police nationale quatre demi-journées par semaine, le matin. »

La nécessité de la mutualisation s’explique selon lui par un changement de délinquance « qui devient plus violente, plus agressive et plus poreuse, c’est-à-dire que les délinquants circulent de commune à commune ». Pour autant, il admet que le franchissement de la Seine peut constituer une difficulté : « Je pense que sur le plan opérationnel c’est mieux comme ça, ils ont peut-être plus de problématiques de sécurité plus proches de communes environnantes et nous on est plus lié à des communes qui ont d’autres problématiques, d’autres topographies. » Une réflexion est d’ailleurs engagée pour élargir le périmètre d’action du Sivucop avec des communes environnantes, toujours sur la rive gauche.